BLACK WIRE – Black Wire

Lumière noire

(48 Crash 2005)

2005 aura été l’année du grand retour des années 80 dans le paysage musical. Tous les courants musicaux de cette période, du mauvais U2 de The Bravery au punk new-wave de Bloc Party auront été représentés dans l’explosion d’une multitude de groupes à l’esthétique soignée et au son trop souvent identique.

Les choses sont claires : cette vague possède une identité britannique indéniable. Quand il s’agit de donner une couleur musicale à l’ennui adolescent dans les grisâtres cités urbaine, personne ne peut concurrencer les anglais du nord. Que les scènes de Sheffield, Leeds, Manchester se révèlent en est la preuve éclatante. Black Wire, de Leeds, réussissent à saisir cette frustration mieux que personne en Angleterre aujourd’hui.

Le groupe est malin. Pourquoi employer quelqu’un pour taper bêtement de façon robotique – cf. tous les groupes new-wave poum-tchi-poum-tchi aux batteurs sous-employés – quand une boite à rythme confère une froideur encore plus malsaine ? Evidemment l’improvisation en devient limitée en concert, mais ce quatrième membre virtuel demeure un élément essentiel du son agressif et écorché du groupe. L’autre force du trio, outre ses excellents musiciens, réside dans la personnalité et surtout la voix du chanteur Daniel Wilson, encore plus braillarde et éraillée que celle de Pete Doherty, atteignant des notes improbables, que le commun des mortels n’arrive à éructer que dans un état d’ébriété avancé.

Cette façon presque grossière de chanter et ce son glacial et incisif sont la marque de fabrique de Black Wire. Les pépites punk new-wave que le groupe produit sur ce disque font le grand écart entre la noirceur de Joy Division et le ska two-tone des Specials. Basse en avant, guitare minimaliste, voix étrange, Black Wire réussit le tour de force de créer une musique dansante et intègre, jamais planante ou faussement contemplative à la Bloc Party. L’écho et la surproduction sont proscrits, le groupe vit l’instant présent avec une urgence punk absente des groupes les plus populaires du revival new-wave. Du danger, enfin.

Chimère rockabilly malsaine

Le début d’album peut être perçu comme un idéal de perfection. “God Of Traffic” monte en puissance lentement avant d’exploser avec brio. La force du groupe se résume dans ce premier morceau véritablement représentatif du son du groupe. Ecoutez ce titre en magasin, téléchargez-le sur internet… s’il vous laisse insensible, vous êtes perdu pour le post-punk synthétique de Black Wire. La suite est encore plus emballante. “Attack Attack Attack”, morceau qui a fait connaître le groupe – single de la semaine dans le très influent NME –  propose une ligne de basse hypnotique contrebalancée par des descentes de guitare reptiliennes. Inquiétant et sombre.

“Smoke & Mirrors”, autre single, est une chimère rockabilly malsaine qui fait le lien avec la bande de cintrés des Eighties Matchbox B-Line Disaster. Le groupe frappe fort et enchaîne sur “Promote The Happy Hours” qui représente l’idée que se fait le groupe d’une chanson pop. On pense à la reprise d'”Hounds Of Love” par les Futureheads. Arrive ensuite “Hard To Love (Easy To Lay)”, un des meilleurs morceaux de l’album qui révèle en Simon McCabe un guitariste très créatif, peut-être le meilleur de la nouvelle génération anglaise. “800 Millions Heartbeat” et “Broken Back” sont des ska désossés braillés par un alcoolique tandis que “Both Your Houses” possède un côté dub lancinant  Le groupe possède des facettes surprenantes.

Pas vraiment formaté radio

Le fait d’épurer le son au maximum met inévitablement la basse en avant et donne un côté tribal dansant à la plupart des morceaux. La fin d’album est malheureusement moins terrassante que le début. “The Face” et “Very Gun” diffèrent du reste par leur production plus chargée et justifient ainsi leur position de chansons de fin d’album. Celui-ci est d’ailleurs très court (une grosse demi-heure) ce qui ne le rend que meilleur – autant que les moins bonnes chansons finissent en faces B. 

Ce premier album de Black Wire nous fait découvrir un groupe singulier et beaucoup plus fascinant que le plupart de ses concurrents. La presse, unanime dans les critiques de ce disque, semble pourtant peu prompte à donner au trio l’aura qu’il mérite. La faute en revient au son particulier de ces chansons dérangeantes, pas vraiment formaté radio. Il y a peu de chances que vous entendiez les pépites inclassables de Black Wire sur votre transistor, ce groupe sera bientôt culte.

 

Tracklisting :

  1. God of Traffic  *
  2. Attack! Attack! Attack!  *
  3. Smoke & Mirrors *
  4. Promote the Happy Hours
  5. Hard to Love Easy to Lay  *
  6. 800 Million Heart Beats
  7. Broken Back
  8. Both Your Houses
  9. The Face
  10. Very Gun

 

 

Vidéos :

“Attack Attack Attack”

 
“Hard To Love, Easy To Lay”
 

 
“Smoke & Mirrors”
 

 
“Hung Up”, morceau sorti en single peu après l’album, peu avant la dissolution du groupe.
 

 

Vinyle :

Un vinyle assez difficile à trouver. La pochette de l’album possède de nombreux flyers de concert.

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3 Commentaires
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Frank
Invité
5 mai 2010 8 h 53 min

Je découvre (avec bcp de retard) ce groupe vraiment curieux et tellement bon ! Bien meilleur que toute la production d’un Bloc Party par exemple…

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