BRIMSTONE HOWL – We Came In Peace

La voie à suivre

(Alive Records 2008)

Un an après la sortie de Guts of Steel, dont le rock prodigieux et survolté aux influences blues prédominantes avait été la grande révélation de l’année 2007, les quatre membres de Brimstone Howl sont de retour avec un album enregistré dans le studio de Jim Diamond, Ghetto Recorders. Basé à Detroit, le gros producteur a enregistré et/ou produit la plupart des disques de rock’n’roll de la ville pendant ces dix dernières années, ce qui le classe aisément dans le Top 10 des personnalités américaines les plus importantes de notre époque.

Avec ces quinze nouveaux morceaux, le groupe démontre qu’il est certainement la formation rock la plus passionnante en ce moment. Jim Diamond a fait évoluer le son de Brimstone Howl dans une direction qui est tout d’abord surprenante : la voix du chanteur est enveloppée d’un écho étonnant, et semble se détacher au-dessus de la musique. En réalité, le groupe dispose sur ce disque d’une base plus solide que sur leur premier album chez Alive Records : l’exercice de style blues-rock, réussi avec brio sur Guts of Steel, a fait place à des morceaux enregistrés par un groupe sûr de sa force, qui envoie des morceaux saturés sans une hésitation. L’assise rythmique est plus compacte (« Yr. Gonna walk », « Shangri-La »), et le jeu des guitaristes est hallucinant de précision : les deux guitares se répondent à merveille, et leurs solos sont efficaces et concis.

Pas de changement à ce niveau-là : sur les morceaux de Brimstone Howl, les guitares sont prodigieuses (« Summer of Pain » ; « Bye Bye »), énergiques jusqu’à l’extrême. Si le changement de son en surprendra sans doute plus d’un(e), il faut reconnaître à Diamond le mérite d’avoir fait évoluer le groupe dans un registre différent de celui de leur précédent disque. Ecouté à un volume suffisant (un volume « suffisant » est celui qui parvient à couvrir les cris de vos parents et/ou ceux de vos voisins), We Came In Peace révèle une incroyable richesse, où s’expriment parfois un clavier ou un harmonica qui achèvent l’auditeur déjà conquis.

La voix du chanteur John Ziegler est toujours aussi impressionnante, sur les morceaux les plus rapides comme sur les ballades blues : quelque part entre Johnny Walker (guitariste/chanteur des Soledad Brothers) et Jason Stollsteimer (chanteur des Von Bondies) tel qu’on le connaissait à la sortie de Lack of Communication. Le son du groupe peut être également situé dans les territoires blues de ces deux groupes, avec deux différences notables : Brimstone Howl possède davantage d’ampleur et de puissance que le premier, et semble plus inspiré que le second… Sur les quinze morceaux de ce We Came In Peace, comme sur les douze qui composaient Guts of Steel, aucun n’est à jeter. Le groupe enchaîne les morceaux jouissifs avec une facilité hallucinante ; le groupe est jeune, sûr de sa force et de son talent : en ce moment, il ne peut rien leur arriver. Ils se permettent tout, depuis les ballades blues au chant blasé de « The World will never know » jusqu’au brûlot garage de « USMC » (qui semble faire écho au génial « Tomahawk » de Guts of Steel).

Le groupe conserve en outre la capacité à propulser en quelques secondes ses auditeurs dans un état jubilatoire : ainsi les premières mesures de « Hero of Gold », quand les guitares rejoignent la voix qui scande « I’m going back / Back to the nuclear city », ou encore sur « The World will never know », à la structure implacable : la voix est accompagnée par un orgue Hammond, puis les guitares et la basse rejoignent l’ensemble, avant qu’un jeu de batterie martial ne fasse son apparition. En deux ans et autant d’albums, Brimstone Howl s’est imposé avec évidence comme le jeune groupe le plus excitant de la scène contemporaine, et fait preuve d’un talent à la limite de l’insolence, en enregistrant de grands morceaux rock mieux que personne aujourd’hui, et à un rythme qui est lui aussi sans équivalent.

 

 

Liste des chansons :

1. Hopeless Destroyer  *
2. A Million years *
3. Child of perdition
4. Easy to dream
5. Yr. Gonna talk  *
6. Shangri-La
7. Obliterator
8. Summer of Pain  *
9. Bye Bye
10. Hero of gold
11. The World will never know
12. Catamite Blues  *
13. USMC  *
14. Firewalk  *
15. Awake in the city

 

Vidéos :

“A Million Years”

 
“Summer Of Pain”
 

 

Vinyle :

Brimstone Howl - Guts Of Steel

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Vieux Con
Invité
Vieux Con
24 janvier 2009 7 h 16 min

Quelque part dans les soubassements de Détroit doit se trouver une source de radiation qui expliquerait qu’une telle authenticité ne cesse de suinter de la motor city.
Quiconque a vu les Dirtbombs en concert ou s’est procuré Raw Power des Stooges sait de quoi il est question ici. Le Rock’n’roll le “vrai”, celui qui ne s’embarasse pas de verbiage ou de prétention dans la presse confortable.
Un disque qui fait taire la fatigue ou la déprime ou l’ultime preuve que le rock’n’roll est passible de résurrection à chaque nouvelle génération.
Le riff de child of perdition devrait suffire à convaincre les sceptiques.

Tant que vous ferez la chronique de disques comme celui-ci…je serai des vôtres. 

nikkos
Invité
nikkos
24 janvier 2009 9 h 35 min

Amen!

teenagegraveman
Invité
teenagegraveman
27 juillet 2009 0 h 42 min

excitant, térassant, monstrueux, jouissif, bref génial…
je m’en remet toujours pas, et j’en suis qu’à ma troisième écoute !

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