THE DIVINE COMEDY – Victory For The Comic Muse

Flonflons

(Virgin 2006)

On perçoit aujourd’hui Neil Hannon d’une façon un peu floue. Ce féru d’orchestrations riches et majestueuses qui prête sa voix – et son cerveau – à The Divine Comedy est une figure respectée mais aussi énigmatique de la pop anglaise, une sorte de Scott Walker des années 2000, un perdant magnifique. Ce qu’il avait toujours révé devenir, en fait. 

Après s’être longtemps caché derrière une étiquette kitsch, le leader irlandais de ce groupe britpop (dont il est l’unique membre permanent) a récemment fait tomber le masque dans une paire d’albums magnifiques. Dépouillé par Nigel Godrich, le bien nommé Regeneration réconciliait en 2001 le groupe avec la critique rock en dévoilant un artiste torturé qui, privé de ses artifices, parvenait à toucher l’auditeur en plein coeur. Trois ans plus tard, le baroque Absent Friends, voyait Hannon se séparer de son équipage et revenir à une production léchée tout en conservant l’ambiance nostalgique, mélancolique et sombre de Regeneration. Un chef d’oeuvre qui confirmait la place de The Divine Comedy parmi les plus grands groupes britanniques de sa génération. 

Sur Victory For The Comic Muse, on constate dès les premiers coups de trompette que Hannon a fait une rechute dans le symphonique. Sévère même. Que le chanteur ait réintégré certains anciens membres du groupe pour venir l’épauler n’est un hasard en rien : on assiste sur ces 11 pistes à un festival de grandiloquence pop et d’orchestrations soyeuses – parfois aux limites de l’indigestion. L’ombre du pouet-pouet kitsch de Fin De Siècle plane souvent sur ce disque qui jongle hardiment entre introspection émouvante et indigestion de chantilly. 

Victory For The Comic Muse est en fait une référence au titre du tout premier album de The Divine Comedy, Fanfare For The Music Muse, sorti en 1990 et jamais réédité. Hannon répète souvent qu’il considère Liberation (1993) comme son premier véritable disque, son prédécesseur ayant été enregistré avec des potes perdus de vue depuis (des amis absents?), dans une veine indie-rock assez éloignée de la pop symphonique qu’on associe au groupe. En reprenant ce titre évocateur, essaie-t-il de nous faire croire que cet album est un nouveau départ (sachant qu’il nous a déjà fait le coup en 2001 avec Regeneration)?   

Si quelques pistes parviennent à atteindre la profondeur et la beauté du meilleur de The Divine Comedy (on pense à la poignante ballade épique “Lady Of A Certain Age” notamment, à la magnifique “The Plough”, au banjo de “Mother Dear” ou à la sautillante “Party Fears Part Two” qui sonne comme un générique de série des années 80), la muse comique du groupe se prend plusieurs fois les pieds dans le tapis. Trop d’instruments étouffent le son, la guimauve dégouline un peu trop à notre goût. Le single “Diva Lady” est un peu pataud, l’instrumental “Threesome” bien que sympathique, doit beaucoup à Yann Tiersen, sans parler du refrain de “The Light Of Day”, tout simplement insupportable. Par ailleurs, même quand les morceaux sont bons, Hannon dépasse les limites du mauvais goût. Un morceau comme “To Die A Virgin” n’est sauvé que par son humour mordant. On retombe dans les travers des premiers albums du groupe.

Oh, évidemment, il y en a qui aimeront ça et qui trouveront l’album en tous points admirables. Ceux qui aiment le clavecin, les trompettes, les violons, les carillons, les synthés, les ambiances à la Mary Poppins, qui vénèrent Pet Sounds et n’ont pas les dents gâtées par trop de sucreries. On ne partage pas leur avis. Demi-échec, (ou demi-succès, c’est selon), cet album de The Divine Comedy est une relative déception de la part d’un groupe avec qui on est devenu exigeant.

 

 

Tracklisting :

  1. To Die A Virgin *
  2. Mother Dear *
  3. Diva Lady
  4. A Lady Of A Certain Age *
  5. The Light Of Day
  6. Threesome
  7. Party Fears Two
  8. Arthur C. Clarke’s Mysterious World
  9. The Plough *
  10. Count Grassi’s Passage Over Piedmont
  11. Snowball In Negative

http://www.thedivinecomedy.com/

 
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