BLACK LIPS – Underneath The Rainbow

Toujours verts

(Vice  2014)

Arabia Mountain, le dernier album des Black Lips avait fait l’objet d’une polémique un peu vaine. Certains puristes à la noix prétendaient que le groupe s’était perdu en enregistrant avec Mark Ronson (producteur notamment d’Amy Winehouse), occultant par là même qu’il y avait bien longtemps que le groupe d’Atlanta n’avait plus rien d’underground ni de lo-fi, oubliant surtout que l’album contenait une demi-douzaine de pépites garage superbes (“Modern Art”, “Go Out And Get It”, “Family Tree” parmi elles).

Quand les premiers morceaux d’Underneath The Rainbow ont été présentés au monde au compte gouttes, on a vu ressurgir le même genre de commentaires définitifs sur les réseaux sociaux. “Boys In The Wood”, avec son tempo lent, son rythme lancinant, ses cuivres (et accessoirement son clip vidéo délirant) n’avait pas plu aux gens qui n’aiment des Black lips que leurs morceaux les plus enlevés (sans doute plus adaptés aux invasions de scène pour lesquelles ces derniers se déplacent à leurs concerts).

 Honte à eux ! Car outre le fait d’être un des groupes les plus doués dans le registre du rock garage psychédélique d’inspiration sixties, les Black Lips sont de grands connaisseurs de la musique américaine. Depuis leurs débuts, ils n’ont cessé d’élargir leur horizons, abreuvant leur flower punk de country, de gospel, de surf music et de folk-rock byrdsien. Enregistré par Patrick Carney des Black Keys, Underneath The Rainbow témoigne encore de cet éclectisme, confirmant au passage que les Black Lips ne sont plus à proprement parler un groupe garage.

Bien sûr, on retrouve ici quelques pépites de 2 minutes 30 typiques du groupe , telles “Smiling” chantée par Jared Swiley’ ou “Dorner Party” par Cole Alexander, mais le groupe continue tranquillement à tenter de nouveaux trucs, comme ce blues déviant sur “Funny” ou ce “Dog Year” à la couleur glam. Dans un registre moins surprenant, “Drive-By Buddy”, le morceau d’ouverture de l’album, est un mélange subtil de “Last Train To Clarksville” des Monkees et de “Bye Bye Love” des Everly Brothers. Deux influences qu’on n’aurait pas forcément associé aux Black Lips jadis.

Une fois n’est pas coutume, l’album est plutôt court (douze morceaux contre les seize habituels) et ne contient pas de vrai tube immédiat. Malgré tout, ce Underneath The Rainbow est un album solide, où une fois de plus les Black Lips parviennent à surprendre et émerveiller. Après quinze ans de carrière, les sales gosses du rock américain sont toujours verts et prêts à en découdre. Surtout, ils prouvent – si besoin était – qu’ils sont bien un des plus grand groupes américains en activité.

 

 

Tracklisting :

1 Drive By Buddy *
2 Smiling  *
3 Make You Mine
4 Funny
5 Dorner Party *
6 Justice After All *
7 Boys in the Wood *
8 Waiting *
9 Do the Vibrate
10 I Don’t Wanna Go Home
11 Dandelion Dust
12 Dog Years *

 

Vidéos :

 “Boys In The Wood”

 

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3 Commentaires
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Macca-B avant-
Invité
Macca-B avant-
28 mars 2014 0 h 22 min

ah, voilà qui remet certaines pendules à l’heure et qui résume bien ce que je pense également,

santé !

Yves avant-
Invité
Yves avant-
28 mars 2014 1 h 15 min

Vous êtes sûrs que Dorner Party est chantée par Cole Alexander ?
J’ai plutôt l’impression que c’est Bradley (le batteur) qui la chante.

Sinon les Black Lips ont toujours donné dans cet éclectisme, d’ailleurs je trouve que leur côté country est parmis ce qu’ils ont de plus intéressant, un album totalement country ne m’aurait pas
déplu.
L’adjectif qui sied au clip de Boys in the Wood est ordurier, on peut aussi le définir comme racoleur, c’est tout à fait la caracitature de ce que sont les Black Lips pour les amateurs
de sensations fortes qui polluent l’assistance de leurs concerts.
Le bon vieux poncif de Sexe, drogue et rock’n roll (il faut le dire en anglais ça le fait plus), avec un clin d’oeil grossier à la fameuse scène de Délivrance, référence d’ailleurs
gâtée, évidente, galvaudée, mais laissons ces détails.
Le morceau en lui-même est pompeusement grotesque, effectivement, lorsqu’il constituait l’unique aperçu du disque, on pouvait s’attendre à quelque chose de révolutionnaire chez les Black Lips :
ainsi ils allaient faire un album merdique.
Heureusement on a vite été rassuré par le reste des morceaux ; il n’est que banal.
Je fais peut-être figure d’exception parmi la vile troupe blasphématrice qui ose parler de ce disque autrement qu’en termes laudatifs (sans être pour autant catégorique), mais ce n’est
certainement pas le fait qu’ils donnent dans l’éclectisme qui me dérange, ni le fait qu’ils soient devenus trop connus (ils l’étaient déjà à partir de Good Bad Not Evil et ils l’étaient
davantage à l’époque d’Arabia Mountain, albums réussis).
Ce n’est pas non plus une question de tempo (ils n’ont jamais joué que des morceaux rapides).
Laissons de côté les arguments débiles du genre « c’est plus du garage » ou « ils sont plus eunedeurgande » que je n’ai jamais eu la faiblesse et la bêtise d’invoquer (m’accuser de le faire
serait s’exposer à l’incohérence).
De fait, les morceaux que je préfère dans ce disque (Funny, Dog Years, Dandelion Dust ou I don’t Wanna Go Home) sont parmi les plus tordus du disque, les moins
garage-punk « classique » si l’on peut dire.
Il me semble qu’il y a dans ce disque quelque chose de 200 Million Thousand, dans le bizarre et dans le malsain, à la différence que dans ce disque-ci c’est Cole Alexander qui s’est
illustré à la composition, alors que c’était Joe Bradley qui avait la part belle dans l’autre.
À la différence également que c’est moins réussi, on n’y croit pas trop…
À part les compositions que j’ai citées, je trouve le reste assez plan-plan, celles de Bradley et Swilley (deux seulement, si je ne m’abuse, pour ce dernier) sont décevantes par rapport à ce
qu’ils avaient montré sur les précédents disques. Pas de véritable tube dans cet album, je le trouve dans l’ensemble médiocre, auto-complaisant et peu généreux en folie et en originalité.
Je ne dirais pas que je suis déçu parce que je m’attendais à pis.
Ils font ce qu’ils ont toujours ou déjà fait, moins la fraîcheur, qu’on tente de remplacer par une pose plus outrancière que jamais, c’est poussif, c’est grillé.
Disons-le, ils s’émoussent, ils s’empâtent, ils se vautrent un peu dans leurs vieux costumes de cirque qui deviennent à force un peu râpés.
Si ça se trouve ils en ont marre de jouer leur farce de clodos d’apparat pour amuser la galerie acnéïque.

Non ce n’est pas un mauvais disque, mais il ne mérite aucune louange, c’est un peu leur El Camino (en mieux, tout de même), il annonce la complète sénesence ou le départ à la retraite.
Ça reste du Black Lips de base, il n’y a rien de dégoûtant dans ce disque (à part Boys in the Wood), mais gare au suivant, c’est Cassandre qui vous le dit.

Bokacola
Invité
Bokacola
15 février 2015 17 h 11 min

En fait l’album est bon (je l’ai réécouté l’autre jour, il tourne rarement), mais l’exercice de Prod qu’a essayé de faire Patrick Carney a foiré : en voulant rendre l’album propret, d’un autre genre, en essayant d’apporter un son nouveau (surtout sur la batterie très boum-boum en arrière plan et les guitares qui ne laissent plus trainer l’accord), il a vidé tous les bons titres de leur moelle qui faisait la joie d’antan. Quand on écoute Justice After All ou Waiting, en les imaginant traitées à la sauce Arabia Mountain, ça pourrait être des super morceaux, idem pour la mélodie de Make You Mine. Seul Dog Years sort du lot en ayant ce petit truc non chalant qui fait que ça fait mouche. D’ailleurs j’avais vu Justice After All en live ça rendait vraiment bien.

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