FERGUS & GERONIMO – Funky Was The State Of Affairs

What the funk ?

(Hardly Art 2012)

Il est des disques dont on sait à première vue qu’ils vont nous plaire. Funky Is The State Of Affairs nous a attiré l’œil par sa pochette hideuse proche des atrocités commises au feutre et au crayon de couleur par Wesley Patrick Gonzalez sur celles de Let’s Wrestle. Mauvais goût assumé : on aime ce genre d’approche DIY foireuse qui cache souvent de bons albums.

Le nom du groupe – dont on ignorait tout – nous a ensuite amusé : Fergus & Geronimo. Deux prénoms improbables nettement plus sympathiques que n’importe quel duo pitchforkien calibré pour illustrer les scènes de virée en voiture dans les films indés américains (Peter, Bjorn & John, She & Him, ce genre de machins…). Ajoutez à cela un titre au jeu de mot foireux (qui joue sur les multiples sens du mot “funky”) et des titres de chansons alléchants (“Planet Earth Is Pregnant For The 5th Time” digne de Timmy Vulgar, “Roman Tick”, “Wiretapping Muzak II”), et l’envie de s’emparer de ce disque était impossible à réprimer. Le mieux dans tout cela – et le plus important vous en conviendrez –, c’est qu’une fois le disque tourne sur la platine, il ne déçoit pas.

Fergus & Geronimo, comme leur nom l’indique, est un duo formé de Jason Kelly et Andrew Savage (notez que le nom Jason & Andrew aurait eu moins de gueule). Originaires de Denton, Texas, ils semblent avoir pour saine éthique de vouloir mêler post-punk, funk, disco, esthétique DIY (on trouve de nombreux instruments-jouets et blips-blips en tous genres dans leur musique) et humour extra-terrestre. De nombreux passages barrés viennent ainsi s’intercaler entre les morceaux, la plupart étant faits de déclarations étranges accompagnées de sons d’outre-espace.

Planet Earth Is Pregnant For The 5th Time” annonce un astronaute en ouverture d’album, avant d’ajouter, “but this time, she’s keeping it“. Sur “Strange One Speaketh”, une jeune femme étrange passe une annonce amoureuse déjantée. “My Phone’s Been Taped Baby” narre un dialogue paranoïaque et conspirationniste. Tous ces passages bizarres servent de lien entre les morceaux et confèrent à l’album une unité autant qu’un aspect foutraque. La palme dans le genre revient à “Earthling Women”, morceau barré où un extra-terrestre (comprendre : une voix accélérée) raconte en spoken-word sa lassitude envers les femelles humaines, le tout sur fond d’easy-listening virant au free-jazz. Frank Zappa aurait adoré.

Bien sûr tout cela ne serait qu’une vaste blague potache sans réel intérêt musical (un peu comme MOM, l’improbable groupe d’écureuils sous LSD de Burger Records) si au milieu de tout ce tohu-bohu ne subsistaient des morceaux rock’n’roll de premier ordre, un formidable kaleidoscope d’influences diverses. On pense à Devo sur le post-punk dansant de “Drones” et “No Parties”, “Roman Tick” va chercher du côté des Buzzcocks d'”Orgasm Addict”, “Earthling Men” évoque le post-punk funky de Neils Children, on retrouve le genre de disco-punk pratiqué par The Rapture sur “Marky Move”.

Le titre de l’album laissait à croire qu’il s’agit ici d’un album de funk. On trouve cet élément dans le son de Fergus & Geronimo par l’apport d’un saxophone intermittent, notamment sur ce ce “Roman Numerals” au rythme tribal et au solo assez free (qui par ailleurs s’achève en un instrumental délicieusement muzak), et surtout sur les irrésistibles “Off The Map” et “Funky Was The State Of Affairs” qui closent l’album de façon dansante.   

Cela dit, pour l’essentiel, Funky Was The State Of Affairs est un album de rock aux rythmes complexes et à l’état d’esprit punk et gentiment anarchique. Un album débordant d’idées et d’énergie, sophistiqué et crétin à la fois, idéal pour danser (les pauses clope sont même incluses).Un choc des genres digne de White Denim, dont on sent l’influence ici (notamment sur ce “Spies” digne de “I Like To Run”). Au moment où ces derniers viennent de passer en quatuor et de s’orienter vers des horizons de plus en plus jazz et prog, Fergus & Geronimo prennent brillamment la relève dans la famille des doux-dingues aux idées ambitieuses.

 

 

Tracklisting : 

Face A

1. Planet Earth is Pregnant for the Fifth Time
2. No Parties *
3. The Strange One Speaketh
4. Roman Tick *
5. My Phone’s Been Tapped, Baby
6. Roman Numerals/Wiretapping Muzak I
7. Spies 
8. Earthling Men *

Face B

1 The Uncanny Valley
2. Earthling Women
3. Drones *
4. Wiretapping Muzak II
5. Off the Map *
6. The Roman Stuff is Where it’s At
7. Marky Move *
8. Funky Was the State of Affairs

 

Vidéos :

“No Parties”

 
“Roman Tick”
 

 

Vinyle :

Fergus & Geronimo

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2 Commentaires
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bambou
Invité
bambou
1 janvier 2013 1 h 30 min

le premier album est aussi d’une excellente qualité. il faut noter que andrew savage joue également dans le groupe Parquet Courts, qui est un poil plus rock voire punk. 

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