(In The Red 2013)

2013 était censée être l’année où Ty Segall prendrait une pause, celle du repos mérité après une précédente intense (trois albums, tournée ininterrompue) marquée par le décès de son père qui l’avait très affecté. Relocalisé à Los Angeles – à la fois pour se rapprocher de sa sœur et pour fuir les loyers invraisemblables de San Francisco –, Segall s’est pourtant aussitôt lancé dans de nouveaux projets. “Sleeper” d’une part, album acoustique solitaire dans lequel il a exorcisé sa peine, et FUZZ d’autre part, un power trio en forme d’exutoire dans lequel il se défoule sur son instrument favori : la batterie.

Formé à l’origine avec ses vieux potes Charlie Mootheart (guitariste des Moonhearts et du Ty Segall Band) et de Roland Cosio (ex-Epsilons, à la basse), FUZZ est le groupe heavy vers lequel Segall tendait depuis Slaughterhouse et ses inflexions hawkwindiennes. Le premier album de ce groupe résolument heavy présente le temps de huit morceaux le lent décollage d’un vaisseau spatial lourd et monumental. Un disque hors du temps qui aurait pu sortir en 1971, fait de jams cosmiques et d’accélérations fulgurantes.

Ce faisant, Ty Segall s’affranchit du format pop dont il est pourtant friand. Certains s’en sont émus, à grands cris de “Où sont les chansons ???”. On serait tenté de répondre : “Nulle part, mais c’est le but”. L’an dernier, “Sleeper” était l’album à chansons de Segall, celui aux arrangements dépouillés permettant à Segall de mettre en avant sa voix et ses mélodies. FUZZ est tout l’inverse. La voix est noyée dans un torrent de décibels, la guitare de Charlie Moothart mène la danse et Segall frappe comme un forcené. Ici le groove est roi. Moothart tisse des riffs tortueux et lancinants que la section rythmique fait décoller lentement le long de jams psychédéliques.

Autant dire que l’amateur de space-rock en a pour son argent. Certains riffs entrent en tête dès la première écoute pour ne plus en sortir (“Sleigh Ride”, “Loose Sutures”) et quelques solos sont mémorables (mention spéciale à “What’s In My Head”). Le grand final “One” et sa montée progressive reste un des grands moments de bravoure de l’année écoulée. Une vraie réussite donc, validée par des concerts renversants, immortalisés eux aussi par un album Live At San Francisco sorti sur Castle Face qu’on recommande aussi chaudement.

 

 

Tracklisting :

1 Earthen Gate
2 Sleigh Ride
3 What’s In My Head?
4 Hazemaze

5 Loose Sutures
6 Preacher
7 Raise
8 One

  

Vidéos :

“Raise”

 
“One”
 
 
 

Vinyle :

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