JAKE BUGG – Jake Bugg

Talkin’ to the kids

(Mercury 2012)

Depuis quelques mois, la rumeur s’est amplifiée, jusqu’à s’échapper des rives embrumées du pays qui l’avait vue naître pour parvenir aux côtes ensoleillées et aux vallées toujours vertes de votre intouchable Hexagone : l’Angleterre tiendrait-elle son nouveau prodige musical ?

Le premier album de Jake Bugg, un Northern lad de 18 ans, a tranquillement atteint le sommet des charts anglais, le tout en ayant enregistré quatorze pistes, et grâce à une combinaison de facteurs assez imparable. Dès les premières mesures de « Lightning Bolt», le ton est donné : riff de guitare assuré, rythmique entêtante et voix atypique, à mi-chemin entre la déclamation et le chant. Le tempo s’accélère sur le refrain, laisse place à un solo de guitare acéré mais tout en retenue : le disque commence sur une chanson imparable, qui devrait suffire à convaincre les plus dubitatifs.

Au-delà de ces éléments, Jake Bugg est avant tout un chanteur/compositeur de grand talent : difficile de ne pas être entraîné par les mélodies de ses chansons les plus immédiates : « Lightning Bolt », « Two Fingers», « Country Song», « TroubleTown»… Si sa voix quelque peu nasillarde n’a rien d’exceptionnel, il sait déjà en tirer le meilleur parti, et cette faiblesse toute relative (il ne s’agit pas d’art lyrique, mais de musique pop) devient une attachante marque de fabrique du « style » Jake Bugg. La parenté avec Bob Dylan est évidente ? Jake Bugg semble déjà s’en amuser, et l’assume sans se cacher en livrant une piste qui s’intitule tout simplement « Ballad of Mr.Jones », référence claire à «Ballad of a Thin Man » de Dylan sur Highway 61 Revisited.

Le disque présente des ballades acoustiques ou semi-acoustiques de grande classe : « Simple as This», dont le titre pourrait s’appliquer à l’ensemble de l’album tant l’impression d’évidence est continue, la délicate « Fire» qui clôt l’album et « Broken» dont un passage évoquera la fabuleuse « Caroline » de The GO à quelques-uns des névropathes fans de ce groupe qui fréquentent assidûment notre site.

Après un début d’album de très haute volée, au potentiel pop indéniable, la fin de disque est globalement moins convaincante (des morceaux comme «Note to Self » et « Some Place» ne nous paraissent pas indispensables). Livrons en effet quelques remarques, afin de tempérer ce portrait qui ne saurait être trop positif : bon nombre des chansons de ce premier album ont été coécrites (avec Ian Archer, qu’on avait déjà vu collaborer avec… Snow Patrol il y a quelques années) ; ce fait laisse dans l’ombre une bonne partie du « phénomène » Jake Bugg : où commence le travail du producteur et où s’arrête le talent de compositeur de Jake Bugg ? A noter également, un son de percussions (et une utilisation de violons) qui fera peut-être tiquer quelques-uns des plus indécrottables défenseurs d’une éventuelle chapelle de rock indie (ou garage, pour autant que l’on puisse utiliser ce terme pour un artiste anglais)… La production pop, très largement « grand public » est davantage préjudiciable lorsque les morceaux sont un peu moins bons, et à l’écoute de l’intégralité de l’album.

Cependant, il convient de rappeler qu’il s’agit là d’un point de détail : ce disque ne s’adresse pas aux puristes rocknroll, mais à une bien plus large population – avant tout britannique – pour laquelle la musique pop est une partie intégrante du patrimoine (et du quotidien). Dès son premier disque, Jake Bugg a réussi l’exploit de se concilier grand public et une large majorité de la presse musicale, et sera une des têtes d’affiche des grands festivals de l’été prochain (dont T in the park et le festival de l’Isle of Wight).

Jake Bugg peut devenir ce qui est arrivé de meilleur à la musique anglaise depuis très longtemps (depuis quand le Royaume-Uni ne nous avait-il pas livré un album de ce calibre ?) Une vague de nouveaux groupes va-t-elle suivre le passage ouvert par le succès de ce disque ? La question reste ouverte ; pour l’instant, PlanetGong invite ses honnêtes lecteurs à ne pas bouder leur plaisir et à profiter de cet excellent album.

 

 

Liste des chansons :

  1. Lightning Bolt*
  2. Two Fingers*
  3. Taste It
  4. Seen it all
  5. Simple as this*
  6. Country song* 
  7. Broken
  8. Trouble Town*
  9. Ballad of Mr Jones
  10. Slide
  11. Someone told me
  12. Note to self
  13. Some place
  14. Fire

 

Vidéos :

 “Trouble Town”

 
“Lightning Bolt”
 

 
“Two Fingers”
 

 
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6 Commentaires
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MC5 m'a tuer
Invité
MC5 m'a tuer
31 décembre 2012 7 h 45 min

Excellente chronique, encore ! Purée, c’est vraiment un plaisir de vous lire à nouveau !

julie
Invité
1 janvier 2013 7 h 34 min

coucou

sympas ce blog

bonne année

MC5 m'a tuer
Invité
MC5 m'a tuer
2 janvier 2013 9 h 43 min

En effet. J’aime ça. Merci.

Frank
Invité
2 janvier 2013 0 h 47 min

c’est malin du coup j’ai cliqué…

MC5 m'a tuer
Invité
MC5 m'a tuer
3 janvier 2013 2 h 13 min

Oh ben ça c’est pas de chance hein Franky!

N’empêche que ça me fait cogiter cette histoire.

Je crois que je vais créer un blog.

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