QUO VADIS. Zeppelin Party

French Freaks, épisode 2

French Freaks, épisode 2
Quo Vadis: “Zeppelin Party”

En France, en 1972, on faisait mieux que Led Zeppelin.

(Pas compliqué, rétorqueront les fidèles lecteurs dont nous partageons les goûts. Ayez cependant l’obligeance de ne pas désamorcer notre phrase d’accroche.)

« WWWwaaaaooOOUwwwaaaaoumMm LED ZEPPELIN !!! WOCKENWOLLE !!! »

On faisait mieux, parce que pour accompagner Led Zeppelin, on avait Serge Gainsbourg et les rimes riches de son phrasé au textualisme lysergique. (Et si ce n’étaient pas eux en personne, alors ce devaient être leurs frères.) Fantasme? Non, réalité: ça s’appelle « Zeppelin Party » et c’est un énorme tube de heavy-disco rimbaldien.

« Deux guitares… Une longue plainte… Une étreinte… Des coups par millards… Vous explosent au
coeur à grande dose…
»

Rares sont les hommages ou les pastiches qui surclassent les originaux. La compagnie à Jimmy Page a-t-elle jamais enregistré riffs aussi fougeux, rauques, serrés, et wah-wah si miaulantes; nous a-t-elle jamais emportés dans une telle tornade funky de hard rock calamistré?

 « Les accents du rock… La démence en hurlant… Déchaine la violence »

Défi, hénaurme gag, exercice de style? L’ambiguïté est reine, qui ne contribue pas peu à la réussite. Mais une part de mystère se dissipe vite, si l’on prend garde que derrière ce nom éphémère de Quo Vadis se dissimulent des individus qui sont tout sauf des béjaunes: Serge Doudou et Jean-Pierre Hipken, artisans quelques années plus tôt d’un des tout meilleurs (le meilleur?) groupe de beat français, les ex-Gyspys, auteurs du formidable «Prolétaire».

 « Un garçon voudrait s’éveiller… Et dire Non aux Réalités »

« Zeppelin Party » confère tout son sens au concept d’«exception française» et servira de bande-son idéale à tous les apprentis contestataires malodorants et poilus s’il en est encore, ou à tous ces galopins persuadés que l’existence est ailleurs, et avides de guincher tout en combattant l’aliénation idéologique de l’ordre bourgeois. Les yeux bien écarquillés sur des visions d’un autre monde, ils enroberont leur anarcho-samedi soir dans les virevoltes torrides d’un rock assonancé.

 « AU SECOURS J’AI BESOIN D’AMOUR »

 

 
 

A écouter:

Trois quarante-cinq tours sont à recenser entre 1970 et 1974. On aurait aimé chanter aussi fort leurs louanges, mais il faut bien convenir que rien chez Quo Vadis n’égale la fantaisie de «Zeppelin Party», simple face B du deuxième (comme souvent chez les Français, c’est là que se cachent les pépites). Les autres chansons sont d’agréable facture, les parties de guitares parfois très bonnes, mais les lignes de chants en français évoqueront sans doute trop la variété pour le rockeur impénitent.

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ferré
Invité
ferré
24 août 2016 6 h 09 min

Bonjour, je suis un ami de Ronnie Lazareth, je le côtoie depuis environ 17 ans, et je lui ai donné un interview que je viens de mettre en ligne. Cet interview, dont l’initiative prend son origine dans ce qui devait être un simple questionnaire sur les collectionneurs destiné à Jukebox Magazine, est riche en contenu de souvenirs et anecdotes, surtout avec un communicatif comme Alain. En effet il eût été dommage de ne faire qu’un questionnaire, quand il ne s’agit pas seulement d’un collectionneur mais d’ancien chanteur. Cet interview pourrait donc faire bien des heureux. Amitiés. Manuel Ferré.

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