THE COLLINS KIDS – Hop, Skip And Jump

Les as du rock'n'roll, épisode 8

 

On n’a pas attendu la génération Naast pour faire rocker les mômes. Au royaume des sauvageons, les Collins Kids représentèrent l’une des plus singulières attractions jamais vues : Lorrie, radieuse cariatide country pop, dès quatorze ans pleine d’assurance et à seize de magnétisme, et Larry, lutin sauteur de neuf-onze ans harnaché d’une Mosrite à double manche. Si leurs débuts à la télévision en 1953 (au Town Hall Party californien, ils obtiennent un rendez-vous régulier), alors que leurs voix n’ont pas encore muées, concernent d’abord un public enfantin (exemple: « The Cuckoo Rock » gentil, vite agaçant), très vite, dès 1956, le spectacle tourne à… autre chose :

Sans mentir : la naissance du teen punk trash. Larry le prodige a biberonné à la nitroglycérine pour bondir comme une sauterelle extasiée, touchant à peine terre entre deux duck walk élastiques. Élève de Joe Maphis, il a quasi inventé, on a pu l’écrire, le jeu surf music. Sa vélocité ne verse jamais dans la complaisance ; au contraire, sa nervosité sèche est mise toute au service du rythme. La voix de Lorrie fait plus que convaincre : souple et pleine, elle annonçait une star. En plein remue-ménage, ils ne plantaient pas même leurs chœurs. Au milieu de leurs tontons et copains Tex Ritter, Johnny Bond ou Eddie Cochran, les deux joviaux complices, candides et ravis, font les fous dans ce terrain de jeu idéal : 

 

Ainsi, ce « Blues Medley » contient nombre de moments remarquables : après un long jeu avec le public, la violence du sursaut à 2 :50, la hargne de Larry, la classe de Lorrie à 3:20, un final brillant : 

 

Le sens du spectacle, la mordante euphorie et la rythmique infernale de ces gamins apprendraient la vie à 99% des groupes du monde entier. Leur version d’« I Got Stung » d’Elvis surclasse l’originale ; moins virtuose, mais beaucoup plus enlevée : 

 

De quoi se croire en pleines compiles Teenage Shutdown. Dans « Chantilly Lace », Larry évoque un Hasil Adkins en culottes courtes : 

 

Les amateurs accordent grand prix à « Hop, Skip and Jump ». Quant au définitif, ultime et quintessentiel coffret Rockin’ Bones, il met à juste titre la fratrie Collins à l’honneur, grâce à deux pics de sauvagerie : Larry en fureur chante un incroyable « Whistle Bait », et c’est une Lorrie flamboyante qui assure « Mercy ». 

Aujourd’hui, une tripotée de vidéos témoigne de cette période bénie. Mais qui prenait ces enfants au sérieux ? Ni leur label, ni le public n’étaient prêts à l’éclosion teen-punk non plus qu’à la sensualité de Lorrie, rockeuse précoce, qui après avoir brisé le cœur de Ricky Nelson, se marie avec le manager de Johnny Cash, détesté par le reste de la famille : rideau. Aucun hit n’aura couronné la carrière brisée dans l’œuf des gamins magiques Collins, voués à demeurer l’une des légendes les plus secrètes du rock’n’roll. Quelques séances dans Shindig ! en 1965 les verront méconnaissables, ternes exécutants de pop fade. De retour sur scène ces dernières années, ils ont bien mérité leurs ovations.

« Hop, Skip And Jump »

 

A écouter : 

Collins-kids_LP03.jpgBear Family Records a assuré le travail archéologique et réédité le nécessaire. Citons The Collins Kids : The Rockin’est, ou plus anciens, les Introducing Larry And Lorry ou Rockin’ Rollin’ Collins Kids qui omet néanmoins le sidérant « Whistle Bait ». Il existe aussi un dvd des séances du Town Hall Party.

 

S’abonner
Notification pour
guest

2 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
-K-
Invité
-K-
15 juin 2012 3 h 25 min

Tout simplement sur le cul…

ZigZag
Invité
ZigZag
15 juillet 2012 1 h 42 min

J’ai les Rockin’ Bones, hein… mais j’avais… euh… « jamais remarqué »… Ah nondijou !…

mars 2024
L M M J V S D
 123
45678910
11121314151617
18192021222324
25262728293031

Archives

2
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x