PINK MEXICO – Fool

Never say never

(Big Tomato / Burger Records 2016)

Le label bordelais Big Tomato Records fait figure de curiosité dans le petit monde des indépendants français : toutes ses références sont nord-américaines et ne sont presque que des premiers albums. Des choix risqués, qui témoignent autant d’une véritable passion pour la musique que d’un désintérêt suicidaire pour l’aspect « business » de la chose. Heureusement, les employés du label ont le nez creux et parviennent à dénicher d’excellents groupes, offrant en sus une belle diversité de genres à leur catalogue (de la pop barrée pour Passenger Peru, du garage brut chez Kappa Chow, etc.). Tout ceci devrait leur assurer gloire et succès dans les mois à venir.

Au rang de leurs plus belles trouvailles figure Pink Mexico, projet solo de l’Américain Robert Preston. Fool est son deuxième album, qui survient après un très bon Pnik Mxeico déjà publié par Big Tomato il y a quelques mois. Pnik Mxeico avait accroché nos oreilles au moment de sa sortie ; la vie de rock critic (sex, drugs & siestes à 15h) laissant peu de temps pour se consacrer à la critique de disques, nous n’avions pas encore eu l’occasion d’en parler en ces pages. La sortie de Fool, qui s’avère encore meilleur que son prédécesseur, nous permet de corriger cet impair.

Il faut dans un premier temps prévenir l’honnête lectorat, Pink Mexico ne se distingue pas par une originalité criante. Preston rappelle beaucoup les musiciens de la scène de San Francisco alors qu’elle se formait : il enregistre seul des morceaux de garage/grunge/surf enfouis sous des tonnes de reverb et remarquables par leurs qualités mélodiques. L’influence de Ty Segall, et plus particulièrement de son petit chef d’oeuvre Melted, est ainsi évidente sur l’ensemble de Fool. Plus surprenant (et moins courant), on pense aussi très souvent aux débuts de Mikal Cronin : “Forgetting Everything”, “Concave Brain” et “Two Fucking” doivent beaucoup aux meilleurs morceaux de l’ancien chanteur des Moonhearts.

Pareille liste de comparaisons fera peut-être frémir certains amateurs de rock indépendant, devenus méfiants à force d’entendre la même musique partout depuis cinq ou six ans. Rassurons-les : l’énergie et la qualité d’écriture déployées ici assurent à Pink Mexico suffisamment d’atouts pour captiver. Preston, visiblement éprouvé par quelque tragique événement, semble avoir mis beaucoup de lui-même dans ses morceaux, leur conférant ainsi une profondeur touchante à maintes reprises : “Darkness In My Sherbert” ou “No More Movies”, par exemple, sont de très belles ballades. Même les titres plus tubesques et heavy ne respirent pas la joie de vivre (l’excellent single “Buzz Kill”, “Dumbfuck”, “Tribal Bats”). Pourtant, après deux écoutes du disque, la plupart des morceaux sont ancrés dans un coin du cerveau et on reprend avec Preston chacun des choeurs surf du disque. Un bel exploit étant donné la teneur de ce qu’il nous fait chantonner, et que plus grand monde ne réussit parmi les musiciens officiant dans ce registre. Fool est un très beau disque à conseiller à ceux qui pensent que tout a été dit en matière de garage-grunge des années 2010.

 

 

Tracklisting :

  1. Buzz Kill *
  2. Lime Tree, What’s Wrong With Me
  3. Dumbfuck
  4. Forgetting Everything *
  5. Concave Brain *
  6. Two Fucking *
  7. Unhinged Bones
  8. Darkness In My Sherbert *
  9. Rake
  10. Tribal Bats
  11. No More Movies * 

 

Vidéo :

“No More Movies”

 

Vinyle

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