MOONHEARTS – Moonhearts

Dans le rouge

(Tic Tac Totally 2010)

On attendait Mikal Cronin au tournant depuis Reverse Shark Attack, sa collaboration avec Ty Segall qui restera sans doute comme les albums les plus marquants de cette année 2010. En manque d’informations sur ce musicien à l’époque de la sortie de ce mini chef d’oeuvre,  on avait creusé sa discographie. On alors découvert que Cronin avait fait d’autres collaborations avec Segall – publiées sur cassette ou singles 7″ – mais aussi qu’il chantait au sein d’un groupe nommé Charlie & The Moonhearts. Sous ce nom, le trio garage a publié une cassette nommée Thunderbeast en 2008, bien sur épuisée, mais dont la diffusion massive sur blogs mp3 et forums a permis au groupe de se faire une réputation assez enviable.

Après d’autres publications tout aussi limitées, c’est amputé d’une partie de son nom qu’est réapparu le groupe cet automne (mais toujours avec les mêmes musiciens Roland Cosio et Charlie Moonheart venus des Epsilons), et bien sûr Mikal Cronin aux manettes. Sans surprise, l’album est à classer dans le rayon “garage lo-fi” mais les Moonhearts officient dans un genre différent des autres têtes d’affiche de la scène de San Francisco. Moins psyché que les Oh Sees, plus violents que les Fresh & Onlys, les Moonhearts sont un groupe de garage-punk aussi basique qu’efficace, chez qui les riffs de guitare sont martelés jusqu’à ce qu’ils entrent en tête, un peu comme chez Bad Sports.

Au début on n’a pas trop aimé ce disque. On lui reprochait un manque de personnalité, et surtout on le trouvait beaucoup trop mal produit pour avoir une durée de vie supérieure à quelques écoutes. L’esthétique garage est louable, mais cet album est en permanence dans le rouge, ce qui rend son propos parfois confus, c’est à se demander si le groupe ne s’est pas enregistré live avec un magnétophone.

Heureusement, le talent d’écriture du groupe est tel qu’on finit par abdiquer devant la qualité pure des morceaux de Mikal Cronin. Derrière le souffle de la saturation, on distingue nettement quelques giffles punk d’une brutalité bienvenue (“I Hate You” et sa rythmique surf, “Eat My Shorts”, “Can’t Find My Way” qui ressemble à s’y méprendre à du Ty Segall) et quelques grands morceaux pop, comme ce “Shine” qui nous rappelle que Cronin est aussi co-auteur du fabuleux morceau “Reverse Shark Attack”.

Par de nombreux aspects, cet album rappelle les Hunches, groupe de l’Oregon à l’esthétique aussi extrême que les Moonhearts (si ce n’est plus, ces mecs ajoutaient un aspirateur sur leurs morceaux pour les faire sonner encore plus inaudibles) mais dont les albums étaient écrits et interprétés avec tellement de classe qu’on ne pouvait que les aimer sans retenue (ou les refuser en bloc, c’est selon). En prenant cette voie de garage, les Moonhearts se dirigent tout droit vers l’anonymat et le statut d’artistes cultes. A la différence de groupes tels que Davila 666 ou Cheap Time (pour ne citer que deux groupes emblématiques de la frange la plus lo-fi du garage actuel), les Moonhearts semblent posséder cette étincelle de génie qui faisait des Hunches un groupe à part. Espérons que leur destin sera moins funeste.

 

Tracklisting :

  1. I Hate Myself *
  2. I Said
  3. Shine *
  4. Can’t Find My Way *
  5. Never Lose Control
  6. Deathstar Pt. 1
  7. Deathstar Pt. 2
  8. Let Go *
  9. Eat My Shorts
  10. Love Is Gone
  11. I Can Go On

 

Moonhearts sur MySpace : www.myspace.com/charlieandthemoonhearts

 

Vidéos :

“I Said” (live)

 

“I Hate Myself” (live)

 

“Shine”

 

Vinyle :

Moonhearts - Moonhearts

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3 Commentaires
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mmarsupilami
Invité
7 décembre 2010 4 h 16 min

Tout-à-fait d’accord avec le rapprochement avec les Hunches pour l’incroyable puissance de ce mur du son.

Sauf qu’ici les fulgurances juvéniles, parfois quasiment pop dans la composition et à d’autres moments jouettes en clin d’oeil ( à la Ramones?) éloignent les Moonhearts du radicalisme des Hunches…

 

beat4less
Invité
beat4less
7 décembre 2010 0 h 21 min

Bonne chronique ! Encore des magnifiques loosers de San Francisco…

Urizen
Invité
Urizen
8 décembre 2010 1 h 19 min

Ah ah! il a suffit de citer le nom des Hunches pour que je sois bien décidé a me procurer ce disque dès que mon compte en banque me le permettra… Ca et le timmy’s organism. J’ai parfois la
sensation que ce blog veut ma ruine.

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