Les Wampas. Dionysos. Marcel et son orchestre. Live

Saint-Etienne, Palais des Spectacles - 09/12/2006

A l’heure où on essaye – difficilement – de croire à l’éclosion d’une nouvelle scène rock française, trois groupes “établis” se partagent l’affiche dans la plus grande salle de Saint-Etienne, le Palais des Spectacles (4000 places). 

              * Marcel et son orchestre *

(20h15) Des trois groupes présents ce soir, ce sont les nordistes de “Marcel et son orchestre” qui sont chargés d’ouvrir la soirée. Le combo ska-rock (avec trompette et trombone) livre un show pêchu, joyeux… Exemple d’intro de chanson: “Ceci est une chanson sur les agents de sécurité : et de commencer à chanter “con comme un balai / comme un balai en moins poilu et plus épais…” Le public en redemande… Quelques chansons ont quelques bons gros riffs bien accrocheurs, et le tout est plutôt sympathique, même si les morceaux ska sont tout de même bien gonflants, tout comme le sont les (premiers) commentaires sur l’équipe de foot locale des Verts, blablabla ici on nous a dit que c’était super chaud etc. Le groupe réussit son concert: le public chante, danse, crie, ce qui n’est pas toujours le cas pour les premières parties.

              * Dionysos *

(21h30) Avant même que son groupe ne commence à jouer, le chanteur annonce: “c’est le dernier concert de la tournée ‘Monsters in Love’, alors on veut que ça soit vraiment exceptionnel”; a priori, tout le monde est d’accord… Le concert livré par Dionysos nous laisse un peu sur notre faim: beaucoup trop de parlote, du style “ici c’est le chaudron alors on veut une ambiance de chaudron vert”, “je veux une ovation pour le guitariste”, “blablabla Michel Platini”, “je vous demande une ovation de folie pour toute notre équipe technique qui nous a suivi blablablabla”… Le rythme du concert est ralenti par ce verbiage, et ce qui est vraiment dommage car le groupe a quelques très bons morceaux rock, capables de faire bouger toute la salle. Quelques morceaux de bravoure du chanteur tout de même: il fait monter une fille sur scène (“ah c’est ton anniversaire, eh bien monte sur scène”), lui fait traverser la scène sur son fondement en la traînant par un pied, parvient (péniblement) à la porter sur son dos, et se met à crier “elle pèse six cents kilos!”. Un peu plus tard, il se jette dans la foule, traverse la salle et chante a capela sans micro, finit le concert en slip, après avoir jeté cravate, chemise, bottes, et pantalon dans la foule… Dionysos est un groupe qui est par moments réellement inventif (intro à l’ukulele, scie musicale, violon dont sortent des sons plus qu’étranges), et par moments, hum, nettement plus limite… Apparemment, le chanteur a suivi des cours de prononciation dans la même école d’anglais que B. Burgalat, “ouène aïl ouoze euh tchaïlde aïl ouoze euh djédaïl”. Quand la violoniste se charge des choeurs, tout va bien, quand elle chante un couplet, aïe-aïe-aïe: la tournée a dû être longue, les voix sont éraillées et fatiguées (on n’est pas loin du “Ta gueule le chat, ta gueule le chat”)…

              * Les Wampas *

 (23h30) Depuis un petit quart d’heure, les acharnés s’époumonent et scandent leur chant de ralliement “Didier Wampas est le roi”… Ils sont (enfin) récompensés de leurs enthousiasme par l’arrivée du groupe, quand tous feux éteints on entend le chanteur annoncer: “Bonsoir les enfants, ce soir… Ce soir, c’est Noël!”. Tenu de gala oblige, Didier Wampas porte un pantalon blanc, un cache-coeur noir et une veste rose à paillettes: la grande classe (il gardera finalement la veste pour trois chansons, son haut noir pour une de plus, puis continuera torse nu – avec l’habituel boa rose autour du cou). “Ce soir ce soir c’est Noël, merci pour toutes ces merveilles…” Grosse ambiance, le groupe enchaîne les morceaux de punk-rock efficaces avec “Yeah Yeah”, “Rimini” et le désormais indispensable “Chirac en prison” (une des grandes réussites de la soirée). Un peu plus tard Didier Wampas réclame le silence et annonce: “A présent, tel Moïse qui a fait s’ouvrir les eaux de la Mer Rouge, je vais vous demander de vous écarter devant moi et de me laisser passer… Laissez passer l’envoyé du Très-Haut” Il se rend ensuite au mileu de la salle et entame (assis sur un bidon, ce qui ne semble choquer personne) “Vie, mort et résurrection d’un papillon”. Pour ceux qui ne connaissent pas le morceau, il s’agit d’une ballade, sur laquelle le chanteur nous fait découvrir des notes innommables et jusque-là inconnues… Didier Wampas, chanteur rock improbable et magnifique, qui retourne sur scène porté par la foule (en chantant/hurlant: “Que les hauts de la Mer Rouge se referment… Pour l’éternité”). Le concert se poursuit de façon impeccable, le groupe est plus que rodé, et le chanteur en fait des tonnes: il cogne son micro contre le bidon, puis met son micro dans son pantalon pour livrer un solo de percussions en se tapotant l’entre-jambes – un rôle dont va bientôt se charger une jeune fille des premiers rangs, montée sur scène pour l’occasion, puis il donne une chaise au public avant d’aller se percher dessus et de continuer le concert… Le tout ferait presque oublier la musique, qui est toujours la même que ce que jouent les Wampas depuis leurs débuts: du Rock’n’Roll. “Manu Chao”, premier grand succès populaire du groupe, est exécuté en à peine plus de deux minutes de joie et de défoulement libérateur. Plus tard, les lumières s’éteignent à nouveau, Didier Wampas hurle “kiss” pendant trois minutes, puis le groupe joue “Où sont les femmes?” de Juvet, puis leur “Petite fille”: la scène s’illumine, et se trouve occupée par autant de filles qui peuvent s’y trouver… Sur scène, tout le monde danse plutôt gentiment, mais cela ne semble pas suffire au chanteur: il lance un pogo sur scène, et se retrouve vite au sol, recouvert par une bonne trentaine de jeunes filles qui s’en donnent à coeur joie… La chanson reprend (“Petite fille/je voudrais/passer ma vie/avec toi…”) Une dernière fois, tout le monde reprend en choeur “Didier Wampas est le roi”…
Ce soir encore, c’était le cas.

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Thom
Invité
7 avril 2007 9 h 36 min

J’ai le bonheur d’avoir cotoyé les Wampas a de nombreuses reprises, et je ne manque jamais une bonne occasion de dire : c’est sans conteste l’un des meilleurs groupes live non pas de France, mais du monde. Bah voilà, ici aussi.

Dionysos, je les ai vus sur scène un paquet de fois à leurs débuts, les prestations étaient incendiaires à chaque fois, et pourtant je n’aimais pas leur disques. Bizarrement, depuis le dernier album et la dernière tournée, c’est l’inverse. Je ne suis pas capable d’expliquer pourquoi…

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