THE PRETTY THINGS – Parachute

Un autre classique oublié

(EMI; Harvest – 1970)

Les Pretty Things, ou l’histoire de rendez-vous manqués… Au moment où sort cet album, cinq ans après leurs débuts discographiques – The Pretty Things, un premier album composé de reprises de Rhythm’n’Blues américain, le groupe de Phil May et de Dick Taylor avait déjà connu de nombreuses péripéties…

Depuis le troisième album, Emotions, surproduit et sorti sans l’accord du groupe jusqu’à l’enregistrement d’un disque de commande pour le compte d’un excentrique aristocrate français, Philippe de Barge, en passant par la réalisation de bandes-sons géniales pour des films de série Z sous un nom d’emprunt (The Electric Banana) et l’enregistrement d’un concept-album extraordinaire, S.F. Sorrow.

Enregistré à Abbey Road,et produit par Norman Smith (déjà producteur de S.F. Sorrow et, pour Pink Floyd, de The Piper At The Gates Of Dawn  et de A Saucerful of Secrets), Parachute est le cinquième disque officiel des Pretty Things. Le disque est extraordinaire, et son ouverture consiste en une suite prodigieuse de morceaux très variés, à placer parmi les meilleurs débuts d’albums de l’histoire.

La batterie énorme de « Scene One » et l’approche délibérément lyrique de cette chanson (chœurs, rythmique envoûtante, guitare cinglante, piano vaudeville en arrière-plan) lancent le disque sur des bases hallucinantes. Le contraste est saisissant avec « The Good Mr. Square », ballade où le  chant paraît à la limite de se briser… La basse est d’une ampleur prodigieuse, et le morceau progresse harmonieusement jusqu’au début de « She was tall, she was high », qui apparaît comme une explosion parfaitement maîtrisée. La démonstration du groupe est impressionnante : les Pretty Things alternent tempos et mélodies à merveille. Chaque instrument sonne parfaitement juste, et si les premières mesures de « In the Square », l’auditeur n’est pas encore à genoux en train de pleurer, c’est qu’il est sourd.

La mélodie, basée sur un arpège de guitare, est habillée par des arrangements précis, et le chant est une nouvelle fois assuré par plusieurs voix. « The Letter », au chant délicat et à la mélodie simple, est aussi marqué par une guitare électrique et une basse aux sons de plus en plus importants ; le morceau suivant, « Rain », marque un tournant dans la construction du disque, et montre pour la première fois un groupe de rock psychédélique résolument électrisé. La basse impose une ligne démente dès l’ouverture de « Rain », et la guitare se lance dans des suites d’accords acides, qui marqueront aussi bon nombre des pistes suivantes (« Miss Fay Regrets » ; « Cries for the Midnight Circus », etc.).

Le groupe est au sommet de son art, et a choisi de livrer les morceaux les plus immédiats avant de se lancer dans des pistes plus imposantes, à l’assise rock solide, et qui se rapprochent de ce que sera une partie du son rock des années soixante-dix. Influences boogie (« Miss Fay Regrets »)  et rythmique plus lourde sur lesquelles la basse devient omniprésente, longues suites lancinantes à l’orchestration impeccable et aux impromptus réjouissants (« Cries for the Midnight Circus »).

Les Pretty Things livrent un récital proche de la perfection, et un disque absolument indispensable. Après quatre minutes, la mélodie syncopée de « Sickle Clowns » s’arrête, laissant la place à une étonnante rythmique occuper, avant le retour du chant et des instruments : l’effet est saisissant, et la structure du morceau permet de poser un modèle de solo de guitare électrique. « She’s A Lover », aux chœurs magnifiques, montre une nouvelle fois la maîtrise du groupe dans des styles très divers : Phil May est souverain au chant, à l’image de chaque membre de la mouture des Pretty Things à l’époque (May/ Weller/ Alan/ Unitt).

Le disque s’achève sur la chanson éponyme, signé par Norman Smith et Phil May, qui commence par un chant délicat et s’achève sur un inquiétant bruit de sirène. Rétrospectivement, il est tentant d’imaginer le morceau comme un résumé de l’album, et de considérer que les Pretty Things ont écrit avec cet album l’épitaphe du rock psychédélique anglais. Sorti en juin 1970, Parachute apparaît aujourd’hui par de nombreux aspects (talent d’écriture, réalisation, variétés des morceaux, etc.) nettement au-dessus de ses concurrents : cet album est un indubitablement un disque majeur.

 

 

Liste des chansons :

  1. Scene One*
  2. The Good Mr. Square*
  3. She Was Tall, She Was High*
  4. In The Square*
  5. The Letter*
  6. Rain*
  7. Miss Fay Regrets*
  8. Cries For The Midnight Circus
  9. Grass
  10. Sickle Clowns
  11. She’s a lover*
  12. What’s The Use*
  13. Parachute*

 

 

Vidéos :

“Cries From The Midnight Circus”

“The Letter”

 

Vinyle :

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KMS
Invité
KMS
6 novembre 2009 9 h 33 min

Grand disque.
Méconnu malheureusement.

Abe
Invité
Abe
9 novembre 2009 1 h 32 min

Merci de parler de ce grand disque! Les Pretty Things sont malheureusement trop souvent oubliés au détriment des autres ténors de l’époque (idem pour les Hollies d’ailleurs).
Une petite remarque de nerd par contre: “Rain” n’est qu’une plage de quelques secondes où l’on entend pleuvoir. Le morceau décrit est donc le suivant “Miss Fay Regrets”. Et ne pas mettre une étoile
à cette pépite mélodique qu’est “Grass”, c’est cruel

Abe
Invité
Abe
9 novembre 2009 3 h 28 min

Bon j’ai un doute pour “Rain” du coup! Sur mon ipod le morceau fait 19 secondes mais étant complètement à la ramasse informatiquement parlant, il se peut que j’ai mal converti mon disque en mp3! Je
vérifie sur mon CD ce soir…

Abe
Invité
Abe
10 novembre 2009 9 h 50 min

J’ai vérifié sur mon CD (réédition Repertoire de 2002):”Rain” est bien une plage de quelques secondes. La partie qui commence avec une guitare acoustique et la grosse basse, avant les choeurs “in
the rain…”, est la suite de “The Letter” qui semble composé de deux mouvements du coup. Ca n’est pas une erreur de découpage du CD car le minutage est le même dans le livret.
Mais c’est vrai que ça me semble quand même bizarre. “The Letter” est contient deux parties vraiment différentes. Pas facile de s’y retrouvé avec un vinyle…

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