(Sub Pop 2009)
Face à une scène anglaise qui se cherche dans des voies étranges, les groupes indépendants américains de qualité semblent apparaître comme par magie. Si le réservoir de groupes aux USA est évidemment bien supérieur à celui d’Angleterre, il est fascinant de constater le nombre de groupes américains récents dont le premier LP est excellent. Avec I Blame you, des Obits (qui sont originaires de Brooklyn, mais pas réellement un groupe de débutants) ne contrevient pas à ce qui semble être devenu une règle, mais confirme l’extraordinaire bonne santé du rock US actuel…
Si le groupe réuni autour de Rick Froberg et Sohrab Habibion (les deux chanteurs/guitaristes) n’a rien d’une bande de débutants, leur premier album, mis au point avec une précision démente, fait montre d’une densité et d’une qualité impressionnantes. Puisant principalement leur inspiration du côté des groupes sixties/seventies anglais, les Obits enchaînent les morceaux freakbeat avec une facilité démente et un aspect méthodique presque effrayant.
Sur les premières notes de « Widow of my dreams » se dessine un pastiche assumé de Lucifer Sam du Pink Floyd de Syd Barrett : le rythme est plus rapide, mais la mélodie presque semblable. Le morceau est prodigieux, et lance l’album sur des bases énormes : la rythmique est d’une solidité exemplaire, la frappe de batterie est dynamique et précise, et la basse géniale. Le morceau s’envole réellement dans des suites psychédéliques, avant que la basse ne ramène tout le monde à bon port. Greg Simpson promène un jeu de basse génial sur la totalité du disque : le son est ample, et son style dynamique et précis (« Two-headed coin » et « Lillies in the streets » en sont les exemples les plus évident). A ses côtés, la batterie de Scott Gursky assure la seconde partie d’une base rythmique qui n’est jamais prise en défaut : frappe dynamique, changements de rythme : tout est assuré sans une hésitation.
Sur un socle aussi solide, les deux guitaristes peuvent construire des pistes ambitieuses et s’aventurer sans crainte dans des territoires inattendus. Les deux guitaristes ne s’en privent pas, et s’échangent des riffs tranchants d’un bout à l’autre de l’album : le groupe sait construire ses morceaux et ménager des moments plus calmes avant d’envoyer du rock enthousiasmant : « Pine On », « Run », « I Blame You » deviennent ainsi des classiques qui se bonifient à chaque nouvelle écoute. L’ensemble du disque est impressionnant : chaque morceau sembler convoquer de nombreuses références, plus ou moins anciennes, plus ou moins évidentes, et les fait évoluer dans de nouvelles directions, à l’image de Milk Cow Blues, interprété depuis sa création par des artistes aussi divers que Sleepy John Estes, Elvis Presley, les Kinks. Loin de refuser la comparaison, les Obits livrent une interprétation prodigieuse de ce classique.
Avec I Blame You, les Obits livrent un grand premier album, riche et varié, qui donne envie de suivre le groupe avec la plus grande attention… L’expérience de voir le groupe en concert apparaît comme une perspective pleine de promesses : le groupe a tout pour livrer des prestations live traumatisantes, tant il montre déjà des envolées psychédéliques réjouissantes sur ces douze morceaux.
Liste des chansons :
- Widow of my dreams *
- Pine On *
- Fake Kinkade
- Two-headed coin *
- Run *
- I blame you
- Talking to the dog *
- Light sweet crude *
- Lillies in the street *
- SUD *
- Milk Cow Blues *
- Back and Forth
Le MySpace du groupe : www.myspace.com/obitsband
Vidéos :
“Pine On”
“Two Headed Coin”
“Widow Of My Dreams”
Vinyle :
La pochette et l’insert sont dessinés par Rick Froberg.