(Woodsist 2008)
L’album commence sur une ligne de basse mélodique et intrigante. Le chant est très loin dans le mix, plongé dans un écho qui renforce l’ambiance éthérée du morceau ; les guitares sont cinglantes et saturées, le son délibérément sale. Le groupe dresse en onze morceaux le portrait sombre et oppressant d’une certaine Amérique : loin de la lumière, ce qui est présenté ici est fascinant. La voix est pleine de distance, et apparaît comme une entité indépendante survolant le disque, en offrant une harmonie inattendue à l’ensemble de l’album.
Ce disque, le premier album des Crystal Stilts, propose quelques grands morceaux de surf noise (où on entend le groupe introduire des rythmiques surf-rock dans son univers abstrait) comme sur “SinKing” ou “Departure”. La frappe de batterie, parfois minimaliste, est appuyée par la basse hypnotique, et semble comme contredite par les accords de guitare tranchants : les morceaux du groupe ne sont jamais faciles d’écoute, mais possèdent tous un élément fascinant. Alight of the Night est l’album sombre et habité que les Kings Of Leon – et tant d’autres groupes portés aux nues – ne sauront jamais faire.
Avec des groupes comme les Vivian Girls, A Place To Bury Strangers et les Crystal Stilts, la scène new-yorkaise actuelle semble s’enticher de surf-rock baigné dans l’écho. L’influence de The Jesus & Mary Chain est plus évidente que jamais ; cependant, contrairement aux Vivian Girls, ce disque n’est pas un disque de pure pop musique. Les compositions sont diversifiées, extrêmement travaillées et oppressantes. L’ombre du Velvet Underground, plane sur le disque : les deux groupes ont en commun – sur certains morceaux – la même recherche bruitiste, la même démarche minimaliste dans la rythmique, la même fascination morbide pour les interdits et la noirceur.
Les Crystal Stilts savent s’affranchir de leurs influences et livrer des morceaux impressionnants, qui éclatent et semblent ouvrir sur de grands espaces (comme “Graveyard Orbit”, par exemple)… Pourtant, ici, l’ouverture n’est pas synonyme de libération : cette ouverture se fait sur du vide, de l’inquiétant, du terrifiant. La musique est habitée, dépressive, désincarnée. Le parti pris noise semble parfois s’effectuer au détriment de certains morceaux qui auraient gagné à avoir un son moins étouffé. “Bright Night” est un morceau magnifique, d’essence punk, engoncé dans l’écrin noise du groupe, qui ne demande qu’à déployer ses ailes.
Personne ne sortira indemne de l’écoute de ce Alight of the night. A aucun moment, le groupe ne laisse l’auditeur respirer : au contraire, il l’entraîne sans cesse plus loin dans ce tourbillon sonore. L’avenir du groupe est incertain, mais cet album fera date.
Liste des chansons :
- The Dazzled *
- Crystal Stilts
- Graveyard Orbit *
- Prismatic Room
- SinKing *
- Departure *
- Shattered Shine
- Verdant Gaze
- Bright Night *
- Spiral Transit
- The City In the Sea
Le MySpace du groupe : www.myspace.com/crystalstilts
Vidéo :
“Departure”
Vinyle :
La pochette de l’album possède un aspect soyeux.