(Pye 1968)
Avant d’être un boogie-band caricatural aux nuques longues et catogans gominés, avant de pleurer sur toutes les FM du monde avec l’insupportable complainte “In The Army Now”, Status Quo était un bon groupe. Mieux, il a publié un des albums psychédéliques les plus marquants de l’année 1968, devenu un classique du genre.
Passons rapidement sur la pochette hideuse et le titre idiot qui ne furent conçus que pour capitaliser sur le succès du single “Pictures Of Matchstick Men” pour nous attarder sur l’essentiel : la musique. A l’époque de son premier album, Status Quo était un groupe de pop psychédélique au son de guitare singulier, qui possédait une approche bubblegum qui le démarque aujourd’hui de ses contemporains. Moins agressif que The Move, moins expérimental que Pink Floyd ou Tomorrow, Status Quo puisait son inspiration dans la pop psyché légère des Beatles, tout y apposant un son spécifique à base de claviers Farfisa et de guitares phasées.
On trouve ainsi sur l’album de nombreuses ballades aux couleurs victoriennes, avec chœurs et mélodies beat sautillantes, comme “Sheila”, “Gentleman Joe’s Sidewalk Café” ou les reprises “Spicks & Specks” (Bee Gees) et “My Green Tambourine” (Lemon Pipers). Dans cet exercice, la réussite de l’album s’intitule “When My Mind Is Not Alive”, avec sa surprenante intro au synthé, son pont primesautier et son solo de guitare aventureux.
Déjà à l’aise sur ces morceaux, Status Quo se révèlent encore meilleur quand ils partent dans un rock psychédélique sombre dans une veine proche des Pretty Things, avec la groovy “Sunny Cellophane Skies”, l’intrigante “Paradise Flat” et la mélodique “Ice In The Sun. Le chef d’œuvre ici demeure bien sûr l’immense “Pictures Of Matchstick Men” (que le groupe lui-même décline une paire de fois ici, avec “Black Veils Of Melancholy”). Ce riff et cette grille d’accords ont été maintes fois copiés, au point de faire du plagiat de ce morceau un véritable sport. D’Oasis à Kasabian, nombreux sont les groupes qui possèdent dans leur répertoire un ou plusieurs clones de ce morceau immortel, précurseur du shoegazing et du son de Manchester.
Grâce à cet album inspiré, Status Quo sont à classer aux côtés des Pretty Things, Tomorrow ou The Move au firmament des grands groupes psychédéliques anglais des années soixante. Quelle meilleure preuve de la perfection de ces années 60 britanniques, ou même le plus irritable des groupes pouvait sortir un album quasi-parfait ?
Tracklisting :
- Black Veils Of Melancholy
- When The Mind Is Not Live *
- Ice In The Sun (Wilde/Scott) *
- Elizabeth Dreams (Wilde/Scott)
- Gentleman Joe’s Sidewalk Cafe (Young) *
- Paradise Flat (Wilde/Scott) *
- Technicolor Dreams (King)
- Spicks And Specks (Gibb)
- Sheila (Roe)
- Sunny Cellophane Skies (Lancaster) *
- Green Tambourine (Leka/Pinz)
- Pictures Of Matchstick Men *
L’album est en écoute intégrale ici sur Deeer : www.deezer.com/#music/album/28923
Vidéos :
“Picture Of Matchstick Men”