En ce début d’année 2010, l’équipe PlanetGong s’enrichit d’un envoyé spécial à Londres qui nous a gratifiés d’une interview avec l’immense Mr David Viner. Rencontre entre ce héros méconnu du folk anglais et Jordan, président de la branche anglaise du pôle interview du consortium PlanetGong Global Unlimited©.
La reconnaissance est-elle nécessaire à l’artiste ? C’est un peu la question que l’on se pose pour Mr David Viner. Auteur de trois albums blues qui sentent bon l’Amérique et le coton, Viner est un londonien pur sang, fier jusque dans la galère, quand le buzz se fait trop attendre et que les albums s’enchainent. Il est arrivé une heure en retard au rendez-vous, dans un pub au nord de Londres, bottines et veste de bûcheron. Au-dessus d’une London Pride, il a parlé deux heures durant de sa musique, de ses projets, de ses espoirs et surtout, de ses peines.
PlanetGong : Comment es-tu tombé dans le blues ?
Mr David Viner : Mon père et mon oncle possèdaient une grande collection de disques de blues. J’ai beaucoup écouté les cinq premiers albums de Dylan, et surtout Another Side Of Bob Dylan. Luke Jordan, Rev Gary Davis, Skip James ou Rahsaan Roland Kirk, ces chansons qui te brisent le cœur… Plus tard à 18 ans, j’ai commencé la guitare, je jouais des journées entières.
PlanetGong : Au travers de quoi trouves-tu ton inspiration ?
Mr David Viner : J’écoute peu de musique en fait. Du blues bien sûr, mais aussi des trucs plus garage comme The Remains. Je lis pas mal aussi, en ce moment Arthur Miller.
PlanetGong : Comment écris-tu, cela te prend-t-il du temps ?
Mr David Viner : Oui plutôt. Je choisis une chanson ou un riff que je joue jusqu’à ce que je tombe sur quelque chose d’intéressant. Après, je construis la chanson autour et j’ajoute les paroles. Je m’y prends toujours ainsi.
PlanetGong : Il y a beaucoup de différences entre les trois albums au niveau des arrangements, comment expliques-tu cela ?
Mr David Viner : Pour les arrangements, il s’agit surtout de faire avec les musiciens disponibles. S’il y a du violon sur Lavender par exemple, c’est simplement parce que je connaissais une violoniste, la femme du batteur. C’est donc surtout en fonction des possibilités qui me sont données.
PlanetGong : Vers quoi penses-tu te diriger aujourd’hui ?
Mr David Viner : Pour le prochain album, je voudrais que cela sonne plus folk pop, juste une batterie, une basse et une guitare ; quelque chose plus proche de ce que faisait Brian Wilson.
PlanetGong : Comment en es-tu venu à jouer avec les Soledad Brothers, les Von Bondies ou encore Ben Swank ? Travailles-tu encore avec eux ?
Mr David Viner : J’ai vendu le marchandising sur une tournée des Von Bondies, puis j’ai fait leur première partie. J’ai ensuite enregistré avec les Soledad Brothers, quand ils étaient encore ensemble. Je ne joue plus trop avec Ben Swank, il a rejoint Jack White pour l’aider sur un nouveau projet (au sein de Third Man Record – NdA).
PlanetGong : Quels sont tes projets, comptes-tu enregistrer quelque chose bientôt ?
Mr David Viner : J’enregistre dans cinq jours. J’ai loué un studio pour une journée. Je vais voir si Loose peut le produire. C’est une petite boîte sur laquelle est sorti le dernier album, ils ont leurs bureaux dans un parking. Si ça ne marche pas, je vendrais le disque cinq pounds au prochain concert. Je ne gagne pas beaucoup d’argent sur ce que j’écris. Je suis obligé d’avoir un autre job. Le seul deal qui m’ait rapporté un peu d’argent est celui du deuxième album.
PlanetGong : Dans tes concerts, tes paroles de chansons, sur le site MySpace, on ressent une rancœur, un cynisme, un « m’en foutisme », comment l’expliques-tu ?
Mr David Viner : Comme je t’ai dit, je ne vends pas beaucoup. Mais, d’un autre côté, je ne veux pas faire de la promotion ou courir après les gens. J’ai mes chansons, elles sont ce que j’ai à donner.
La conversation dérive ensuite, alors que les bières s’enchaînent. Il explique qu’il veut récupérer de vieux amplis à ampoules, les réparer, les faire un peu cracher et les revendre. Il parle de son boulot, du studio dans lequel il va enregistrer, des gens qui viennent à ses concerts. Le prochain aura lieu au Kings Cross Social Club, en février… Il doit déja partir, un peu dépité avant même d’avoir commencé, et pourtant déterminé à en découdre. Viner est un personnage attachant, complexe et malheureusement sous-estimé.
Vidéo :
“Bow Your Head”