Avec quelques mois de retard… (ça commence à devenir une habitude) :
Depuis l’intermède Raconteurs en 2006, on avait laissé les White Stripes sur un album étrange, dénué de guitares, et la vision sur Youtube de prestations live où on voyait Jack White habillé en Zorro jouant sur un gigantesque marimba. Qu’allaient-ils nous réserver ce soir ? Après l’écoute du couillu single “Icky Thump” on espère revoir le groupe tel qu’on l’aime et qu’on l’a déjà vu : sec, nerveux, bluesy, lyrique par moments.
La famille White fait toujours bien les choses en matière de première partie. La dernière fois, en 2003, on avait pris une claque avec The GO et on avait frisé la rupture d’anévrisme avec Whirlwind Heat. Cette année, ils se sont adjoint les services du classieux Mr David Viner, un folkeux anglais auteur de deux albums brillants enregistrés avec la crème de Detroit (Soledad Brothers, Von Bondies) et qui possède dans son backing-band le meilleur batteur du monde, Ben Swank, des défunts frangins de Toledo.
La première partie à elle-seule valait le déplacement : Viner à la guitare, susurrant ses complaintes Dylaniennes, accompagné d’une violoniste, d’un contrebassiste à chapeau, et de l’inénarrable Swank, a fait passer un moment magique à un Zénith totalement sous l’emprise du songwriter londonien. Messages aux cols serrés qui vendent du Fatal Bazooka et du Superbus : ce mec cherche un label pour publier ses chefs d’œuvres… pas un contrat de millionnaire, juste de quoi faire profiter le monde de ses chansons.
Après ce moment de grâce, le set des White Stripes achève de rendre la soirée magique. Le duo est au meilleur de sa forme, Jack a laissé ses costumes de carnaval dans les cartons de son déménagement à Nashville, la communication avec le public est totale. On a eu peur à un moment que la salle (au ¾ remplie seulement) soit peuplée de blaireaux n’ayant fait le déplacement que pour entonner un po-polo-po-po-po-po de boîte de nuit. Evidemment cette chanson est arrivée à l’issue du rappel, évidemment elle a provoqué le pogo le plus secouant de la soirée. Le groupe s’est même arrêté de jouer pour contempler le public et le prendre en photo avec un polaroïd (cet appareil instantané primitif qui cerne les photos floues d’une imposante bande blanche).
On a été positivement surpris de la réponse du public aux morceaux du groupe ce soir. Ceux d’Elephant ont fait un tabac (notamment “Black Math”, “I Just Don’t Know What to Do with Myself” ou “Jolene”, non pas sur l’album mais visible sur le DVD de la tournée qui l’a suivi). On a apprécié la présence de nombreux morceaux des débuts (“When I Hear My Name”, “Cannon”, “Let’s Shake Hands”, “Do”), jetés ça et là dans le streaming of consciousness rock’n’roll que constitue un concert des White Stripes. Jack et Meg fonctionnent à l’instinct, rien n’est défini à l’avance, le duo joue ce qu’il aime avant de jouer ce qui vend – l’assurance d’un concert réussi. Pour preuve, seulement trois morceaux du nouvel album ont été joués ce soir, alors que les meilleurs de White Blood Cells ont été visités (“Hotel Yorba”, “Dead Leaves & The Dirty Ground”, “I Think I Smell A Rat” mais pas “Fell In Love With A Girl”), l’album Get Behind Me Satan! a pour sa part été complètement mis de côté. Seul regret Dylanophile, on aurait aimé entendre le groupe reprendre “Love Sick”… bon c’était histoire de râler parce que la soirée fut mémorable.”
Depuis ce concert, Meg a fait une dépression sévère et le groupe a annoncé qu’il arrêterait de tourner. On se demande si on aura encore la chance de voir les White Stripes sur scène. La prestation de ce 11 juin 2007 ne donnait en rien l’impression d’un groupe mal à l’aise ou en fin de course. En bref : ça fout les boules. Le monde vient de perdre un de ses meilleurs groupes de scène.
Photo : http://www.po-l.com