(Dankers 1968)
Sur le site de Kiloutou.fr, on peut louer un détecteur de métaux pour 10,80€ la journée. À moi la gloire et l’argent, en creusant dans le jardin je vais trouver le trésor de Rackham le rouge ! Quand j’avais fait ça avec mes parents, on avait déterré du fil de fer, quelques vieux clous et on a failli tomber dans un puits dont on ignorait l’existence.
Sinon il y a eBay, et sur le tout premier disque que j’ai acheté sur le site en 2008 j’ai fait mouche – de mémoire j’ai du payer Meganique 12,99€ avec les frais d’envoi et je n’ai pas trouvé une meilleure pépite achetée “au pif” depuis. Je cherchais des galettes de Q65 qui étaient trop chères donc j’ai opté pour un disque dont le descriptif disait “comme Q65” (en Hollandais, que je parle couramment grâce à Google).
La première chose qu’on constate quand on écoute les Mega’s (Die Mega’s?, The Mega’s?) c’est que ça ne ressemble pas du tout à Q65. Ça n’en reste pas moins du beat Néerlandais des années soixante, avec une touche de psychédélisme, mais version Beatles. Fidèle à beaucoup de disques de l’époque, on y retrouve 6 reprises (The Bee Gees, The Association, The Byrds, The Zombies, The Ivy League ou encore The Lovin’ Spoonful), et surtout 6 originaux qui sont de loin les morceaux les plus intéressants.
Imaginez un morceau d’ouverture avec un son de piano de western, une voix au mégaphone et des choeurs à la Rubber Soul (“Laura”). On y reconnait les mélodies adolescentes qu’on aurait pu écrire à 15 ans, couplées de morceaux psyché avec – il faut le souligner – un solo de flute à bec sur un morceau qui ressemble vaguement à “Penny Lane” (“Play the Clown”, morceau de clôture). “The Running Mr. So and So” nous transporte en 1965 avec une guitare approximative probablement mixée trop forte mais qui colle à la peau.
Sur la pochette on voit le bassiste en moustache/mule/lunettes, le guitariste a l’air de s’ennuyer et le clavier Cees Stolk – qui a 15 ans et écrit tous leurs morceaux – est le seul à ne pas regarder l’objectif (plus tard il fera de la pop 80’s en Neerlandais pour les mariages et les Bar Mitzvah). Sorti en 1968 juste avant que le groupe ne cesse d’exister, c’est un disque anonyme, mais excellent, qui tourne plus sur ma platine que les Stones ou les Beatles.
Tracklisting :
1. Laura *
2. My Own Time
3. Never My Love
4. The Running Mr So And So *
5. It Won’t Be Wrong
6. Leicester University Sound
7. She’s Not There
8. Kind Words
9. Today’s Day
10. Funny How Love Can Be
11. You Didn’t Have To Be So Nice
12. Play The Clown *
Vidéos :
“Laura”
“The Running Mr So And So”
“Leicester’s University Sound”
“Play The Clown”
Interview
En cherchant sur le Net, j’ai pu retrouver Loek Das, crédité à la basse sur la pochette du disque… voici ce qu’il en dit :
Tu fais la basse sur le disque?
On me l’a souvent demandé mais en fait non – le graphiste s’est gouré et on a sorti le disque en inversant les rôles!
Tu peux nous dire comment vous avez commencé à jouer, pourquoi vous avez arrêté?
J’ai joué avec les Mega’s pendant à peu près deux ans en ’68 et ’69. Personnellement j’avais commencé à jouer de la guitare quand j’avais 12 ans. En ’66 je suis parti en Allemagne avec un groupe pour jouer dans tous les clubs underground du pays. Tout était histoire de sex, drugs and rock’n’roll. J’avais 19 ans et mes parents étaient désespérés. Deux ans plus tard je suis rentré à Rotterdam quand mon père est décédé. J’ai joué dans quelques groupes locaux et le manager des Mega’s m’a demandé si je voulais les rejoindre.
Ils étaient assez connus à Rotterdam et aux alentours, à faire des reprises des Kinks, des Beatles etc… Peu à peu ils ont été influencés par des groupes à “mélodies fermées” comme The Association, The Ivy League ou encore The Beach Boys. Le line-up changeait assez souvent, mais quand je les ai rejoints, ils jouaient sans guitare lead. Ils avaient déjà un contrat chez le plus gros disquaire de Rotterdam, Dankers, qui était aussi le lieu où les gosses trainaient le week-end. Du coup j’ai eu de la chance – ils m’avaient mâché le boulot et j’avais plus qu’à rajouter quelques solos et mettre ma tronche sur la pochette!
On a enregistré le LP au Studio GTB à Den Haag, un studio renommé avec des ingés son un peu sérieux qui avaient l’habitude d’enregistrer du classique. J’étais celui dans le groupe qui avait déjà de l’expérience en Studio – j’avais joué sur la version néerlandaise du Livre de la jungle! J’ai fait mes overdubs sur deux magnétos Telefunken.
Le LP est sorti à Rotterdam et a eu un petit succès local et quelques passages sur des radios nationales. Maintenant je le vois à 50 euros sur ebay et je me demande comment les gens en ont entendu parler. J’aurai préféré si on avait eu plus d’expérience en studio avant de sortir le disque. Parfois les voix sont fausses et le tempo traine un peu. Personnellement je trouve mes solos un peu trop rigides, trop clean. Le dernier morceau a été enregistré à la va vite sur une jazzmaster non amplifiée parce qu’on n’avait pas d’acoustique sous la main – on dirait une planche à repasser! Cees a même osé jouer de la flute à bec! Celles que je préfère sont “Kind Words” et “My own time”.
Tu peux m’en dire un peu plus sur la scène Néerlandaise de l’époque? Il y avait beaucoup de bons groupes de Nederbeat – tu as peut-être tes préférés?
La scène était très différente à l’époque. Partout en Hollande il y avait des nightclubs où des groupes jouaient de 21 heures jusque 3 heures, tous les soirs. La plupart faisaient des reprises, mais sous l’influence des groupes britanniques et américains, on étaient de plus en plus à écrire nos propres morceaux.
1967 était une année importante, avec les hippies et une grosse vague de rock psyché, et en Hollande on se chamaillait pour savoir quelle ville entre Amsterdam, Rotterdam et Den Haag était beat town number one. A Rotterdam, il y avait The Swinging Soul Machine et The Free, et à Den Haag, il y avait The Golden Earrings et The Motions.
Vous en êtes où maintenant? Vous avez continué la musique? Vous êtes toujours en contact?
Tout le monde est né à Rotterdam. Malheureusement, Herman Smink (batterie) et Cor Van der Geyn (basse) sont décédés. Cees Stolk (qui n’avait pas encore son bac à l’époque) a eu un bonne carrière musicale, travaillant dans les studios, pour la pub ou en tant qu’arrangeur. Pour ma part j’ai continué et j’ai notamment joué dans Mouth and McNeal qui étaient assez connus dans les années ‘70.