KASABIAN – Empire

Deuxième acte

(RCA 2006) 

Cessons toute de suite la ridicule comparaison avec Oasis que la presse musicale nous ressort à tous les étages.

Kasabian ne partage avec le groupe de Manchester qu’une arrogance démesurée, un accent northern, une passion pour les parkas militaires et un mur de guitares comme les Gallagher aimaient en monter à leurs débuts. Au delà de ça, pas grand chose en commun : l’amplitude sonique que recherche Kasabian en empilant les guitares en arrière plan et en balançant de l’écho dans tous les sens demeure autant influencée par le krautrock de Neu! que par la scène baggy de Madchester et le freakbeat de The Creation. Peut on en dire autant d’Oasis?

Kasabian fait partie des groupes les plus ambitieux du moment. Le groupe a l’intention de sonner énorme et s’en donne les moyens. S’appuyant sur une guitare fuzz saturée, une batterie robotique et un synthétiseur omniprésent – qui évite les clichés Bontempi et confère une épaisseur presque étouffante au son du groupe -, la bande à Serge Pizzorno propose un un glam puissant, psychédélique,  électronique, traversé d’idées géniales.

“Empire”, morceau d’ouverture et premier single tiré de l’album en est l’illustration parfaite : le guitariste martèle un riff insistant durant toute la durée de la chanson tandis que le chanteur Tom Meighan place ses accents nordiques sur la mélodie. Lorsque le refrain explose, on se retrouve quelque part entre Midnight Express et une fanfare écossaise. Les effets sonores se multiplient, déroutent les sens, la maîtrise du groupe est totale.

Kasabian réussit à réitérer cet exploit plusieurs fois dans l’album. “Shoot The Runner”, dans le même registre, convainc tout autant avec sa rythmique boogie à la T-Rex et apporte même une touche de génie pendant quelques secondes suspendues à un fil électronique (à 2″00′ du début). Magnifique. “Last Trip (In Flight)”, portée par une ligne de basse inspirée et un synthé tournoyant, est une autre réussite éclatante de la qualité d’écriture et de production du groupe.

Si “Apnoea” est moins emballant malgré un jeu de batterie trippant, c’est sur “Sun/Rise/Light/Flies” qu’apparaît une des influences sous-jacentes du groupe. A l’écoute de ce morceau, on croirait entendre Noel Gallagher chanter sur “Let Forever Be” des Chemical Brothers. Ce morceau, qui était un pastiche en forme d’hommage à “Tomorrow Never Knows” des Beatles, était une des nombreuses collisions entre rock et musique electronique provoquées par les frangins. A entendre la richesse en effets électroniques de Empire, il ne fait aucun doute que Kasabian tente de se placer sur ce même créneau explosif. On retrouve même un morceau taillé pour les dancefloors que les brothers ne renieraient pas avec “Stuntman”. Etonnant.

A la différence du premier album, qui s’essoufflait après la première poignée de morceaux, Empire est un album qui tient la route sur la longueur. Cela tient au fait que le groupe a décidé de varier ses approches et de ne plus se contenter uniquement de ces chansons surpuissantes. A plusieurs occasions, Kasabian fait tomber son mur de guitare et se présente dans une forme plus dépouillée. “Me Plus One”, qui porte indiscutablement la marque du groupe mais ne s’appuie que sur une batterie, une guitare acoustique et un synthé discret, ne s’en porte que mieux. Lorsqu’explose un solo d’on-ne-sait-trop-quoi (violons? synthé? sans doute…) à la fin du morceau, l’effet créé est jubilatoire. Il en va de même pour “Seek & Destroy” (synthé et batterie seulement) ou la poignante ballade acoustique “British Legion”, chantée par Serge Pizzorno lui-même.

Avec cet album consistant, Kasabian s’affirme comme un des groupes les plus singuliers des années 2000, un groupe à la patte immédiatement reconnaissable et à l’attitude qui attise la controverse. Qu’on aime ou non Kasabian, une telle attitude est à encourager. On a toujours besoin de grandes gueules. Ces mecs ont de l’ambition, le clament fort et n’ont pas peur de tenter des expérimentations soniques et de se planter. Sur Empire, Kasabian se trompent rarement et, même s’ils n’ont pas pondu le chef d’oeuvre qu’ils annonçaient, parviennent à séduire. Méfiez-vous! Leur approche très premier degré cache en réalité un groupe subtil…

 

 

Tracklisting :

  1. Empire  *
  2. Shoot the runner  * 
  3. Last trip 
  4. Me plus one  *
  5. Sun rise light flies  * 
  6. Apnoea 
  7. By my side 
  8. Stuntman 
  9. Seek and destroy 
  10. British legion 
  11. The Doberman  *  

 

Vidéos :

“Empire”

 

“Shoot The Runner”

 

Vinyle :  

Le disque est un superbe double album 10 pouces.

Kasabian - Empire

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Lutin
Invité
19 novembre 2006 3 h 47 min

Beaucoup de choix aussi sur ton blog 😉

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