THE HOLLOWAYS – So This Is Great Britain ?

A demi-convaincants

(TVT 2006)

Depuis la dissolution des Libertines, les groupes punk londoniens tentant de reprendre le flambeau se succèdent avec plus ou moins de succès. Si la première vague – The Others, The Unstrungs, Selfish Cunt, The Paddingtons –  fit long feu sans vraiment convaincre (à l’exception notable d’Art Brut, groupe surdoué qui s’est aliéné de cette scène à force de stances anti-Doherty), la deuxième génération est beaucoup plus intéressante et variée.

The Holloways sont aujourd’hui un des éléments moteurs du renouveau du punk dans la capitale britannique, le lien entre tous les groupes. De Babyshambles à Larrikin Love, des Dirty Pretty Things aux Mystery Jets en passant par Louie et The Horrors, tous ont un rapport privilégié avec ces jeunes gens très sociables. On ne compte plus aujourd’hui le nombre d’occasions où Rob Skipper le guitariste/violoniste des Holloways est apparu de façon impromptue au concert d’un de ses camarades pour un final festif.

Tout cela, ajouté et des performances scéniques emballantes a crée une jolie réputation au groupe du nord de Londres. Il est malheureux de constater que leur album ne se montre pas à la hauteur de celle-ci et s’essouffle au bout de quelques morceaux, dès qu’on se rend compte que le groupe s’appuie toujours sur la même formule. Le principe du groupe est simple : leur ska-rock dansant est chanté en duo par les guitaristes Alfie Jackson et Rob Skipper et se colorie de temps à autre d’une touche de violons, d’harmonica ou d’un passage punky. La plupart des morceaux fonctionnent sur ce mode, avec succès environ une fois sur deux. La piste d’ouverture “So This Is Great Britain” est à l’image de l’album contrasté : le début est un peu poussif et plutôt chiant avant que le groupe ne s’envole au bout de 2’19” au gré d’un solo de guitare rappelant le premier album The Coral.

Tel est le problème de ce disque bancal : certains morceaux sont laborieux et ne créent rien de spécial chez l’auditeur. “Dancefloor”,”Malcontented One” sans personnalité aucune, pourraient avoir été écrit par mille autres groupes de Camden, la ballade “Most Lonely Face” est plutôt convenue, “What’s The Difference” est d’une futilité à faire passer “Ob-La-Di Ob-La-Da” pour une ballade funèbre…

Là où les Holloways sont meilleurs, c’est lorsque leur ska dansant devient irrésistible grâce à une mélodie accrocheuse et à un enthousiasme non feint. Sur ce registre, “Fit For A Fortnight” et son harmonica fonctionnent très bien, tout comme l’excellente “Two Left Feet”, la superbe “Reinvent Myself” au refrain pub-rock, la ritournelle “Happiness And Penniless” et le tube de l’album “Generator” qui restera sans doute dans quelques années la raison pour laquelle on se souviendra de cet album. Le seul exemple de réussite en dehors de ce type de chanson demeure la ballade folk country “Diamonds And Pearls”, coincée en fin d’album juste avant l’ultime “Fuck Ups”, autre exemple de ska-punk réussi.

Si So This Is Great Britain est un demi-échec (ou une demi-réussite, c’est selon) en termes de chansons pures, on conseillera aux littéraires de ne pas se pencher de trop près sur les paroles, qui sont d’un ennui et d’une banalité rares au royaume de Pete Doherty et Alex Taylor. Entre la chronique sociale caricaturale “we’re all just a bunch of slaves” de “So This Is Great Britain”, le risible “I think that Mr. Blair is causing anarchy” de “Reinvent Myself” (soit les Sex Pistols en mou) et les thèmes habituels de fête et de filles, ce n’est pas dans ce secteur qu’on va trouver de quoi s’extasier.

Cet album léger, interprété par un groupe qui ne se prend pas au sérieux, pâtit de son irrégularité et de son inconsistance sur la longueur. Les meilleures chansons ici vous redonneront le moral lors d’un après-midi pluvieux, simplement, sans aller jusqu’à révolutionner votre vie. The Holloways ne proposent pas plus que cela, ce qui en soi est déjà beaucoup plus ce que le dernier Killers ou n’importe quelle merde de U2 procurent. Après une encourageante explosion de groupes fin 2005, la relève peine à confirmer à Londres.

 

 

Tracklisting :

1. So This Is Great Britain 
2. Generator    *
3. Dancefloor 
4. Fit For A Fortnight 
5. Two Left Feet    *
6. Reinvent Myself  * 
7. Most Lonely Face 
8. Malcontented One 
9. Happiness And Penniless 
10. What’s The Difference 
11. Diamonds And Pearls 
12. Nothing For The Kids 
13. Fuck Ups 

 

Vidéo :

“Generator”

 
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