(B-Unique 2008)
Que les choses soient bien claires : Kaiser Chiefs n’ont jamais été le meilleur groupe du monde. On n’a jamais attendu d’eux qu’ils nous sortent un nouvel Abbey Road (ou même un Parklife), mais leur propension à écrire des mélodies évidentes et à les emballer dans un vernis britpop plaisant nous a toujours donné le sourire. Si le groupe ne revendique d’ailleurs aucun génie, Kaiser Chiefs n’ont jamais caché leur désir de devenir un groupe très populaire. A n’importe quel prix ?
Pour Off With Their Heads, leur troisième album, peu de chose ont changé, si ce n’est le producteur. Certains imputaient à Stephen Street une responsabilité dans les similarités entre le son de Blur et celui de Kaiser Chiefs. L’arrivée de Mark Ronson (le responsable des arrangements cuivrés d’Amy Winehouse) au poste de producteur, très médiatisée dans la presse anglo-saxonne, n’a strictement rien modifié à la formule rodée du groupe. Le changement dans la continuité en somme, comme chez Oasis.
Le sentiment général qui se dégage de Off With Their Heads après de nombreuses écoutes, c’est que les pastiches de The Great Escape que Kaiser Chiefs proposent tous les deux ans commencent à lasser. Les faux-pas sont trop nombreux, les fautes de goût difficiles à supporter dans cet album. A vouloir jouer la carte des gros refrains à chaque morceau, Kaiser Chiefs ont tendance à oublier la notion de finesse. Le groupe a avoué vouloir “reprendre d’assaut le dancefloor” avec cet album. Nul doute qu’il y parviendra avec des morceaux emballants aux mélodies accrocheuses comme “Never Miss A Beat” ou “Can’t Say What I Mean”, mais pour deux bons morceaux, que de passages laborieux à écouter… Au rayon des ratages, on peut citer l’ouverture “Spanish Metal”, la scie fatigante “You Want History”, la beuglarde “Half The Truth” (que le rappeur Sway DaSafo ne parvient pas à sauver avec ses rimes CM2), ainsi que les trois derniers morceaux de l’album qui rivalisent de niaiserie.
Kaiser Chiefs s’en sortent mieux lorsqu’ils s’appliquent à être simples. Pour cela, “Tomato In The Rain” demeure sans doute le meilleur morceau de l’album. La mélodie reste en tête, portée par des arrangements discrets et plutôt bien vus, le solo épuré apporte un peu d’oxygène. Dans un registre différent, la power pop de “Never Miss A Beat” réussit à convaincre, malgré des textes affligeants, censés dénoncer la bêtise des jeunes d’aujourd’hui mais qui tombent à plat (“What do you want for tea? / I want crisps“, pas du Dylan). Si on est de bonne humeur, “Like It Too Much” peut bien passer, avec son piano tournoyant, son riff répétitif et ses violons insistants. Surproduit, comme la plupart des morceaux ici, ce morceau s’en sort grâce à son refrain de stade de foot qui passe le test de la douche avec succès.
Au beau milieu de cet album contrasté, un morceau sème le trouble. Un morceau que le groupe risque de trainer comme un boulet pendant des années. Idiot et ensoleillé, “Good Days & Bad Days” a le potentiel pour être numéro 1 des charts dans plusieurs pays. Une mélodie sautillante, un rythme entraînant mi-disco mi-ska, un solo rigolard, un refrain débile (“there’s good days and bad days“), un côté pouet-pouet… tout est là pour inciter le quidam à se tortiller sur la piste de danse pendant une fête de mariage. Ce morceau indéfendable (quoique rigolo) répond à la question initiale : Kaiser Chiefs semblent prêts à beaucoup de choses pour se faire connaître du grand public. S’ils persistent dans cette voie, la suite se fera sans nous.
Tracklisting :
1. Spanish Metal
2. Never Miss a Beat *
3. Like It Too Much
4. You Want History
5. Can’t Say What I Mean
6. Good Days Bad Days
7. Tomato in the Rain *
8. Half the Truth
9. Always Happens Like That
10. Addicted to Drugs
11. Remember You’re a Girl
Pour écouter l’album : www.deezer.com/#music/album/224084
Vidéo :
“Never Miss A Beat” :