LOU REED – Transformer

Pop!

(novembre 1972, RCA)

Transformer est le deuxième album solo de Lou Reed. Le premier, intitulé sobrement Lou Reed, était sorti en juillet de cette même année (1972), et si quelques-unes des chansons confirmait la capacité de l’ancien leader du Velvet Underground à composer des morceaux somptueux, la production de l’album laissait à désirer. A deux exceptions près, toutes les  chansons avaient déjà été écrites – et même jouées – avec le Velvet (pour leurs versions originales, se reporter à l’extraordinaire V.U., sorti en 1985 ; et à Another View, sorti l’année  suivante –  nettement moins bon).

Pour Transformer, la production est assurée par David Bowie et Mick Ronson, qui, en ce début de décennie, transforment tout ce qu’ils touchent en or. Depuis le début de l’année 1970, Mick Ronson est le guitariste attitré de Bowie. Son style caractéristique, fait de riffs tranchants et efficaces, a défini le jeu de guitare Glam (au même titre que celui de Marc Bolan). De plus, le natif de Hull est l’auteur – et l’arrangeur – des parties de violon pour Hunky Dory (décembre 1971) et Ziggy Stardust (juin 1972), albums sur lesquels il joue aussi du piano.

Le travail de production et les arrangements effectués par Bowie et Ronson apportent à Lou Reed ce qui a manqué à son premier album solo; un son limpide qui met parfaitement en valeur les compositions. Le résultat: Transformer est un très bon album pop, presque un classique dès sa sortie (le disque se classe dans le top 30 en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, alors qu’aucun album du Velvet Underground n’avait pénétré dans les charts). “Vicious”, dont le jeu de guitare fait date, ouvre l’album de façon magistrale. Tout l’album est parsemé de chansons glam-rock, bien plus proches des deux derniers albums de Bowie que des albums du Velvet, qui forment l’armature glam-rock de Transformer. Pour chacune de ces chansons (“Vicious”, “Hangin’ ‘Round”, “Make Up”, “Wagon Wheel”, “I’m so free”), la guitare acérée de Mick Ronson fait le travail, avec un son aggressif et efficace.

La plupart des autres chansons sont des ballades où Lou Reed promène sa voix tranquille, posée (“Perfect Day”, “Walk on the wild side”, “Satellite of Love”). Les arrangements, toujours signés Bowie et Ronson, sont appliqués, précis, et laissent la part belle au chanteur et à ses textes. Avec Lou Reed, les textes, même ceux des chansons qui paraissent inoffensives, sont toujours d’une qualité indiscutable, truffés de doubles sens, comme sur “Perfect Day” (“Just a perfect day, you made me forget myself, I thought I was someone else, someone good ») ou sur “Andy’s Chest” (“Well you know what happens after dark / When rattlesnakes lose their skins and their hearts / And all the missionaries lose their bark… »). Pour “Walk on the wild side”, une histoire du voyage d’un travesti en auto-stop à travers les Etats-Unis, Lou Reed  met en scène divers personnages, croisés quelques années plus tôt dans la Factory d’Andy Warhol, sur une ligne de basse aussi répétitive qu’inusable…

Transformer est l’album qui place Lou Reed sur le devant de la scène Pop-Rock, une position qu’il quittera délibérément l’année suivante, avec le très intimiste Berlin (1973). Même s’il peut rebuter quelques fans du Velvet Underground – finie l’avant-garde rock expérimentale, place au glam et à la pop, Transformer est un excellent disque, la référence pop de la discographie de Lou Reed.

 

 

Tracklisting

  1. Vicious *
  2. Andy’s Chest *
  3. Perfect Day *
  4. Hangin’ ‘Round
  5. Walk On The Wild Side *
  6. Make Up
  7. Satellite Of Love *
  8. Wagon Wheel
  9. New York Telephone Conversation
 10. I’m So Free 
 11. Goodnight Ladies

L’album sur Deezer : www.deezer.com/fr/#music/lou-reed/transformer-108072

 

Vidéos :

“Walk On The Wild Side”

 

“Vicious”

 

Vinyle :

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5 Commentaires
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something to be
Invité
something to be
22 mars 2006 0 h 54 min

la meilleure version que j’ai entendu de " satellite of love" reste quand même celle de U2 sur le zooropa tour

enfin , c’est mon avis quoi…

Rémi
Invité
Rémi
25 mars 2006 1 h 59 min

 Après avoir lu ton commentaire, je fus pris d’un fou rire: excellente remarque, le second degré n’est donc pas mort, et ton approche pince-sans-rire m’a vraiment conquis. Le simple fait d’employer les mots "meilleure version", "satellite of love" et "U2" dans la même phrase me semblait impensable, tu y es parvenu, bravo. 

 Cependant, un doute me vint peu après; si ce commentaire n’avait aucun double sens, l’affaire devenait sérieuse. Je vais donc répondre, pour le cas -peu probable, mais possible – où ta remarque serait sérieuse.

 En effet, comparer Lou Reed avec la (pitoyable) bande à Bono, c’est tout simplement impossible. Quand l’irlandais bêlant aura fini de servir sa soupe FM démago et putassière, quand on comprendra que son groupe représente le côté obscur du pop-rock et quand on l’aura jeté aux oubliettes de l’histoire, alors on pourra parler d’artistes importants. Lou Reed ne fait pas semblant d’être un saint, il n’essaye pas d’être sympa, et s’il s’est fourvoyé (plus d’une fois), sa discographie relègue U2 au rang de groupe de rock gros cul qui n’aurait jamais du sortir de son pub.

 A bon entendeur, salut.

Eric (Planetgong)
Invité
Eric (Planetgong)
26 mars 2006 0 h 09 min

Bravo Rémi, je n’en attendais pas moins de toi! C’est vrai quoi, on va pas se laisser marcher sur les pieds non plus…

T’as oublié de dire aussi que sur le port de lunettes, Bono – malgré tous ses efforts – et ses lunettes jaunes à la Pascal Obispo ne parviennent pas rivaliser avec Loulou et ses shades noires (même quand on a sa vieille gueule en méga-gros-plan sur toutes les pochettes moches de ses LPs). C’est important – oh, et on ne parlera pas non plus de la mullet de Bono qui a inspiré des dizaines de joueurs de foot de deuxième division dans les années 80.

Par ailleurs, si tu veux mon avis, pas besoin de Lou Reed pour que U2 paraissent un groupe de rock gros cul…

 

Eric (PlanetGong)
Invité
Eric (PlanetGong)
30 mars 2006 1 h 49 min

J’ai – par souci de professionnalisme et aussi un peu par curiosite – ecoute la fameuse version live de U2 de "Satellite Of Love" qui est au coeur de cette controverse… ben y a pas de quoi fouetter un chat.

C’est lent, c’est mou, la melodie est ralentie au point qu’elle en devient meconnaissable et pleurnicharde (je passe sur le fait que Bono en fait des caisses dans le genre larmoyant).

A oublier

Isidore
Invité
29 juin 2007 4 h 03 min

quelques photos du concert 2007 à Paris

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