(Certified PR 2013)
C’est l’histoire d’un énorme gâchis. D’un groupe fabuleux dont le leader, génie excentrique, n’aimait pas partir en tournée car il préférait rester auprès de sa femme et de ses enfants. Brimstone Howl n’a pas survécu à la sédentarité et à la foi religieuse de John Ziegler, chanteur charismatique, auteur de chansons aux textes fabuleusement déjantés, et père de famille dévot.
A une époque où les Black Lips n’avaient pas encore signé sur Vice, dans le chaos de l’après-White Stripes, Brimstone Howl furent un bref instant le groupe le plus passionnant de la scène garage américaine. Ces rejetons des Cramps, du Gun Club et des Ramones avaient trouvé la formule magique d’un rock garage bluesy à la fois lourd et puissant, porté par des mélodies immédiates et des riffs cinglants.
Ils la déployèrent avec brio sur quatre albums superbes (on recommande particulièrement Guts Of Steel et We Came In Peace) avant une séparation malheureuse en 2009, non sans avoir au préalable enregistré un dernier album chez le légendaire producteur Jim Diamond. Il a fallu attendre quatre ans avant que ces bandes sortent enfin en 2013 grâce au label Certified PR.
Evidemment, l’épitaphe de Brimstone Howl est a la hauteur des espérances. Magic Hour est un disque aussi beau que désespérant. La première écoute de “Kenny”, un de ces morceaux enlevés dont Brimstone Howl avait le secret et où la guitare virevoltante de Nick Waggoner fait merveille, a de quoi rendre fou. Quel gâchis incommensurable… Ce sentiment mêlé d’admiration et de désespoir nous suit durant tout l’album, d’autant que le groupe livre ici un de ses disques les plus aboutis.
En 2009, on aurait parlé des chansons “Nothing New Under The Sun”, “Teenager” ou cette version revisitée d'”Uptight” comme les fers de lance d’un retour en forme pour Brimstone Howl après un Big Deal, What’s He Done Lately un peu en deçà des espérances. Aujourd’hui, on se lamente de voir ce groupe horriblement méconnu, oublié presque. Magic Hour est un disque équilibré, adulte, empli de mélodies finement ciselées. C’est peut-être celui qui leur aurait permis de percer sur les réseaux nationaux. Malheureusement, Brimstone Howl est aujourd’hui à l’arrêt depuis une éternité, et un retour ne semble pas d’actualité.
Une certaine idée du rock’n’roll
De son vivant, Brimstone Howl incarnait a la perfection notre idée du rock’n’roll : quatre mecs aux idées géniales, aux chansons renversantes, aux textes malins et au son assez dérangeant pour déplaire à Francis Zegut. Soit la définition même du rock’n’roll. Rappelons-le, sniffer des saladiers de coke avec des top-models n’a rien de rock’n’roll, c’est même à la portée du premier candidat de Secret Story venu. Envoyer un album de la trempe de ce Magic Hour et ne jamais le publier de son vivant l’est nettement plus.
En 2009, comme en 2013 ou 2016 (et probablement 2025), Brimstone Howl était, est et restera un groupe essentiel pour quiconque a croisé son chemin. S’il y a peu de chances que le groupe ait un jour un semblant de popularité, il est primoridal qu’il ne tombe pas dans l’oubli. A défaut d’être populaire, Brimstone Howl restera, on l’espère, au moins une référence pour les connaisseurs, un groupe culte pour certains.
John Ziegler, par l’intermédiaire de Facebook et du bandcamp du groupe vient de mettre en mars 2016 le disque en téléchargement gratuit (ou non : “Name your price”) sur internet. L’occasion pour nous de reparler de ce disque et de soutenir le chanteur dans ses nouveaux projets, avant prochainement de revenir discuter de Brimstone Howl avec le mystérieux Blowhard Deluxe, autre album surgi de nulle part en fin d’année 2013…
Tracklisting
- Green Machine *
- Kenny *
- Sweet Nothings
- Nothing New Under The Sun
- Disruptor *
- Teenager *
- Life on Fire
- Uptight *
- Just For Anyone
- Houndog *
- Pretender *
L’album en écoute via Bandcamp
Vidéo
“Ferris Wheel”
“Just For Fire”
Vinyle