(ATO 2009)
Au moment où ses compères des Raconteurs Jack White et Jack Lawrence se lançaient dans le décevant projet Dead Weather, Brendan Benson a tranquillement repris son chemin, et a publié cette année son quatrième album solo.
Benson bénéficie d’un statut incroyable dans la presse d’Outre-Manche depuis la sortie de Lapalco en 2002, son album le plus célébré. Si on ne partage pas ici l’enthousiasme inconditionnel qui accompagne les disques de Benson, il est cependant indéniable que le chanteur/guitariste possède de sérieux atouts : une voix magnifique – qui ressemble parfois à s’y méprendre à celle de Paul McCartney –, un talent d’écriture certain, un goût pour les harmonies soignées, et une élégance naturelle nettement au-delà du raisonnable.
Une fois ces bases posées, il convient de le reconnaître (et de s’en réjouir) : cet album est excellent. Benson livre en onze pistes un modèle d’album de pop-rock intelligent : les orchestrations sont riches et parfaitement maîtrisées (piano, orgue, violons) et les styles très variés, depuis les ballades délicates jusqu’à des morceaux plus rock aux structures inventives (« Posed and Ready », « Don’t Wanna Talk »). Brendan Benson a depuis longtemps passé le stade des tentatives ; il est désormais sûr de son fait et le prouve. Ainsi « Garbage Day », qui commence par une envolée de violons appuyée par une basse énorme, laisse envisager le plus sirupeux des morceaux, mais, grâce à tout son talent, Benson s’en sort plus qu’honorablement. Bien sûr, l’aspect ‘explication de vie / réconfort d’adolescente dépressive’ dans lequel Benson semble parfois se complaire peut lasser… Sur « Gonowhere », la liste de conseils dépasse rarement le stade de l’anecdotique, mais si l’on laisse son cynisme de côté, le morceau reste excellent. Quelles que soient les préférences de l’auditeur, il est en présence d’un morceau agréable, dont les trouvailles dans les arrangements sont splendides (chœurs, contre-mélodies, etc.). Benson lâche à nouveau la bride à ses désirs de violons sur la ballade « You Make A Fool Out Of Me », où il démontre encore un savoir-faire certain, avec une aisance et une impression de facilité déconcertantes.
Le disque regorge de bons moments : « A Whole Lot Better » et « Eyes On The Horizon », les deux premiers morceaux, sont parfaits, la boucle de piano de « Feel like taking you home » et son rythme entêtant font immédiatement mouche. La structure de « Posied and Ready » est aussi simple qu’efficace, et la seconde partie du morceau montre une nouvelle fois la maîtrise de Benson dans la réalisation, tout comme « Misery », où les rythmes alternent à la perfection. L’ensemble est chaleureux et virtuose, et dégage une forte impression d’évidence : Benson touche juste, et livre avec My Old, Familiar Friend une incontestable réussite.
Liste des chansons :
- A Whole Lot Better *
- Eyes On The Horizon *
- Garbage Day
- Gonowhere
- Feel Like Taking You Home *
- You Make A Fool Out Of Me
- Posied And Ready *
- Don’t Wanna Talk
- Misery *
- Lesson Learned
- Borrow
Vidéo :
“A Whole Lot Better” (live acoustic)