(Odessa ; 2009)
Depuis l’année 2000 et la sortie de leur prodigieux premier album, ce groupe occupe une place singulière dans la scène indépendante nord-américaine. Le disque était apparu comme par miracle, et semblait à des années-lumière des productions des groupes contemporains.
Parfaitement intemporelle, la pop aux harmonies éthérées de Kingsbury Manx habitait chaque chanson de cet album exceptionnel, un des meilleurs qui soient sortis cette année-là. La sortie des trois albums suivants (dont le dernier, The Rise and Fall of the South, est sorti en 2005) a quelque peu tempéré l’enthousiasme qui était né autour du groupe, malgré quelques pistes bouleversantes à l’image de « Let you down », qui finissait le deuxième album, paru en 2001.
Après cette longue absence, on retrouve les membres de Kingsbury Manx avec le même plaisir que celui que l’on éprouve en retrouvant de vieux amis. Les tonalités délicates et mélancoliques des morceaux sont instantanément reconnaissables, tout comme les harmonies vocales, aussi splendides qu’à l’accoutumée. Les quatorze chansons qui composent cet album à l’étrange titre francophone sont non seulement un moyen pour le Kingsbury Manx d’affirmer son identité et sa pertinence, mais aussi celui d’élargir son éventail sonore, en s’aventurant avec succès vers des territoires nouveaux : omniprésence d’un synthétiseur sur « Over the œuvre », arrangements dissonants et voix chuchotante sur « Clean Break », mellotron sur « Black and Tan »…
Le groupe se rappelle au bon souvenir de ses connaisseurs, par certains morceaux emmenés par un arpège de guitare comme « Crest », « Shoulder stories », et surtout l’extraordinaire « These three things », qui ravive le souvenir traumatisant du premier album… La guitare électrique et ses différents effets ont un aspect primordial sur ce disque du Kingsbury Manx (c’est même la première fois depuis 2000 que c’est autant le cas). L’intérêt majeur du groupe a toujours consisté en sa capacité à évoquer, en contrepoint de ses délicates compositions, un univers mélancolique, parfois inquiétant, voire même violent. Contre mélodies chantées, arrivées de violons, de guitares ou de claviers… Le groupe ne manque pas de moyens pour laisser transparaître un monde complexe, derrière la surface lisse et ordonnée de leurs mélodies.
Ascenseur Ouvert ! est un excellent disque, qui devrait rappeler à tous l’intérêt évident de Kingsbury Manx, qui n’avait jamais sorti un album aussi bon, ni aussi dense, depuis le premier LP : en 2009, l’aventure se poursuit, et la qualité du groupe ne se dément pas.
Liste des chansons :
- Walk on water *
- Over the œuvre
- Black and tan
- Well whatever *
- If you’re on the mend I’m on the move *
- Crest
- These three things *
- Minos maze
- Galloping ghosts
- Clean Break
- Shoulder Stories *
- The Whip and the world
- Indian Isle
- George closing
Le MySpace du groupe : www.myspace.com/thekingsburymanx
Vidéos
“Walk On Water”
Vinyle :