(In The Red 2009)
Parmi les groupes qui ont agité la scène rock garage en 2009, Thee Oh Sees de sont un de ceux qui ont le mieux tiré leur épingle du jeu.
Avec leur dernier album Help, ces vétérans de la scène californienne (le chanteur John Dwyer a officié au sein des Coachwhips au début des années 2000) ont raflé la mise dans la catégorie “meilleur album garage de l’année” dans de nombreux journaux et sites spécialisés. Si la question nous était posée, on aurait sans doute répondu autre chose – des Fresh & Onlys à Brimstone Howl, la concurrence était rude – mais il serait malhonnête de ne pas reconnaître l’excellence de cet album, remarquable en de nombreux points.
La force des Thee Oh Sees réside en leur son, épais, impénétrable parfois, qui s’appuie sur une saturation dégoulinante de fuzz et de voix emplies d’écho. Cette forte empreinte sonore frappe d’entrée sur “Enemy Destruct” qui charrie un gros riff de guitare dont l’amplitude fait saturer les basses. Le mur de son monté par le groupe pourrait être perçu comme shoegaze sur ce morceau qui remet le freakbeat au goût du jour avec brio. Dans la foulée, “Ruby Go Home”, se présente comme une cacophonie bruitiste portée par un riff qu’il est impossible à extraire de sa tête. Le morceau décolle après une minute lorsque la basse prend les choses en main et envoie le morceau dans un trip psychédélique à base de solos erratiques et d’un refrain en forme de mantra.
Placé en quatrième morceau de l’album, “A Flag In The Court” est le morceau clef de l’album. Après le chaos des trois premières pistes, la simplicité de ce morceau basé sur trois accords de clavier apporte une fraîcheur pop (façon Nuggets) qui dévoile un groupe aux multiples facettes. Après ce morceau, l’album change complètement de forme. Après le bien nommé interlude “The Turn Around”, le morceau “Can You See ?” voit le groupe tenter une approche planante façon Ladbroke Grove 1968 avant que les irrésistibles “Rainbow” et “Go Meet The Seed” ne l’emmènent dans une pop noisy légère aux refrains onomatopéiques. Ce dernier morceau s’achève sur une jam psychédélique qui marque la fin du deuxième acte de l’album.
Sur la fin du disque, le son du groupe est soudain moins lourd, plus mélodique, les chansons dépouillées se succèdent avec “I Can’t Get No” tourne sur un riff garage-punk insistant, puis “Soda St. #1” et “Destroyed Fortress Reappears” qui reviennent au son du début d’album. En dernière position, “Peanut Butter Oven” avance sereinement à la façon d’un morceau du Velvet Underground et vient achever l’album avec style. Un final réussi pour un album qui ne l’est pas moins. Sans être le chef d’œuvre de l’année passée, Help est une excellente collection de chansons étranges que tout amateur de rock garage se doit avoir écouté au moins une fois.
Tracklisting :
- Enemy Destruct *
- Ruby Go Home *
- Meat Step Lively
- A Flag in the Court *
- The Turn Around
- Can You See ?
- Rainbow
- Go Meet the Seed *
- I Can’t Get No *
- Soda St.#1
- Destroyed Fortress Reappers
- Peanut Butter Oven
Vidéo :
“Ruby Go Home”
Vinyle :