(Sacred Bones 2010)
Sacred Bones est ce qu’on appelle une bonne adresse. Un label dont on suit les publications avec intérêt.
En 2011, cette maison de Chicago nous a mis la barre très haute et nous a offert un album de Human Eye, un d’Amen Dunes, un EP des Fresh & Onlys et un de Crystal Stilts. Il va donc sans dire qu’on essaie toujours d’écouter les nouveautés que propose le label, de quelque genre que ce soit. Et de Zola Jesus à The Men, si tout ne nous plaît pas toujours, le niveau reste globalement excellent.
Dernière addition au catalogue, les new-yorkais Psychic Ills, groupe jadis réputé pour son shoegaze noisy tendance space-rock (Dins, sorti en 2006) qui a décidé de se réinventer au début de la décennie. Adieu murs de guitares, drones et saturation, les nouveaux Psychic Ills se la jouent propre et tentent une approche mélodique.
“Midnight Moon” est en morceau tout en esquisses, plutôt dépouillé, où le chanteur marmonne devant une instrumentation légère (clavier discret, basse lointaine, guitare léthargique, rythme lent aux tablas) à laquelle une guimbarde vient apporter une touche exotique. Sur “Mind Daze”, le groupe évoque plus un croisement entre les Stone Roses et les Dandy Warhols des débuts : peu de mouvement, une ambiance vaporeuse, un chanteur sans voix, mais des morceaux planants qui restent en tête et s’avèrent idéaux pour les pauses narcotiques de fin de soirée.
Conçu selon ce modèle unique, le disque tourne parfois tellement au ralenti qu’on a l’impression que le groupe a enregistré en dormant. Parce qu’il faut bien l’avouer, le bien nommé Hazed Dream manque vraiment de nerf. A jouer tous leurs morceaux sur le même registre, Psychic Ills incitent à la léthargie et ne proposent aucun coup de fouet à même de réveiller l’auditeur. On défie quiconque d’écouter les 41 minutes de Hazed Dream sans sourciller, sans esquisser un début de bâillement.
Prises individuellement, sur un single, une compilation ou au milieu d’une playlist en mode shuffle, les chansons de Psychic Ills sont des vignettes parfaites : “Mexican Wedding”, “That’s Alright”, “Sungaze” offrent toutes trois minutes de contemplation hagarde où les guitares serpentent lentement, où le temps semble s’arrêter. Mises bout à bout, ces berceuses psychédéliques se muent en un lent océan d’ennui. L’écoute continue de l’album tient alors soit d’une volonté farouche d’en venir à bout, soit d’en faire le compagnon de moments d’intoxication prononcée.
C’est d’ailleurs exactement pour cela qu’on conseille grandement cet album sans rythme. Idéal pour les redescentes de fins de soirées et les dimanche après-midi comateux, Hazed Dreams est un album de léthargie qui ne se révèle pleinement que lorsque l’organisme tourne à la même vitesse que lui. Quand les yeux peinent à rester ouverts et ne perçoivent le monde extérieur qu’à travers un voile brumeux , quand le corps ne tolère plus que la position horizontale et que le rêve se mêle à la réalité.
Tracklisting :
1. midnight moon *
2. mind daze *
3. incense head
4. mexican wedding
5. that’s alright *
6. ring finger
7. travelin’ man
8. sungaze *
9. dream repetition
10. i’ll follow you through the floor
11. same old song
Vidéo :
“Mind Daze”