(Modular 2012)
Pas de répit pour la bande de fous furieux de Perth en fin d’année 2011. Tandis que Kevin Parker concevait le deuxième opus de Tame Impala, le batteur Jay Watson et bassiste Nick Allbrook sont retournés mettre le nez dans leur projet Pond, véhicule de tous leurs délires, exutoire kaléidoscopique où ces deux musiciens laissent leur imagination divaguer selon son libre cours. Ainsi, Pond sort son quatrième album en quatre an, toujours dans un esprit d’ouverture et d’expression libre.
Frond, le précédent opus était glam, festif et jubilatoire. Dans la foulée du succès de Tame Impala, il a valu au groupe un début de reconnaissance, de renommée même. Du coup Watson et Allbrook (personnage androgyne intrigant aussi connu sous le nom de Paisley Adams qui pourrait être un personnage de la famille du même nom) ont imaginé quelle serait la suite de leur carrière, un destin à la Crosby, Stills & Nash et tous ces groupes à succès des seventies. Après la gloire et la fortune viennent les femmes, les barbes, les jeans. Symboles d’une certaine décadence du rock, de l’avachissement des stars fatiguées qui font pousser des chèvres à la campagne, en bons hippies parvenus, une fois l’argent amassé dans les caisses et la volonté érodée par les drogues lysergiques. Ainsi s’imaginait Pond après le succès relatif de son précédent opus. Bien sûr, rien de cela n’est arrivé mais le titre de l’album est resté, les drogues aussi.
Produit par Parker – qui n’est jamais loin quand ses potes délirent, même s’il était censé faire avancer son propre projet – ce nouvel album de Pond surprend au début par sa proximité avec Tame Impala. On retrouve certains effets sonores qui étaient utilisées de façon marquée par Tame Impala sur Innerspeaker (notamment certains sons de guitares au flanger), et l’identité de Pond se fait alors confuse. Le groupe joyeusement glam de Frond perd un peu de son identité sur des titres tels que « When It Explodes » ou qui semblent sortis tout droit des sessions du projet de Parker. Beard,Wives,Denim est un album de rock planant, atmosphérique et un peu rêveur où le rythme lent et les douces envolées guitaristiques sont propices à une évasion. Un trip psychédélique léger qui rappelle par moments les Flaming Lips (“When It Explodes”, “Mystery”) ou le Pink Floyd d’A Saucerful Of Secrets (“Sorry I Was Under The Sky”).
Neanmoins, la personnalité excentrique de Pond persiste sur quelques pépites glammeuses tel “Elegant Design” ou un funk barré tel que “Moth Wings”. Quelques passages réveillent la personnalité pop du groupe, tel ce “Allergies” à l’efficacité indéniable sur lequel le groupe s’évade en fin de piste. Par certains aspects, cet album de Pond évoque le MGMT aventureux de Congratulations, bien que le groupe de Perth soit éminemment plus barré et dispersé. On lui souhaite néanmoins de connaître un succès aussi important que son pendant brooklynien. Pour cela il faudrait sans doute un tube à la hauteur de “Time To Pretend”. Pas de chance, les tubes pop de Pond étaient plutôt cachés sur l’album précédent (“Cloud City”, “Annie Orangetree”, “Sunlight Cardigan”). On doute que ce Beard, Wives, Denim permette au groupe de devenir millionnaire, mais ce voyage en vaut vraiment la peine.
Tracklisting :
- Fantastic Explosion of Time *
- When It Explodes
- Elegant Design *
- Sorry I Was Under the Sky
- Sun and Sea and You *
- Allergies
- You Broke My Cool
- Moth Wings *
- Leisure Pony
- Mystery
- Dig Brother *
- Eye Pattern Blindness
- Moreno’s Blend
L’album est en écoute intégrale via Soundcloud :
Vidéos :
“Fantastic Explosion Of Time”
“Allergies”