(Alive Records ; 2009)
Depuis plusieurs années, Brimstone Howl est le groupe le plus excitant de la planète.
Après des débuts confidentiels, ce quatuor avait bénéficié du concours de Dan Auerbach, puis de celui de Jim Diamond pour la production de deux albums prodigieux ; respectivement Guts of Steel (2007) et We Came In Peace (2008). A l’annonce d’un nouveau disque (le troisième en trois ans pour le label Alive Records), les attentes sont immenses au sein de la rédaction PlanetGong, ainsi que pour une bonne douzaine de personnes dans le monde.
Le titre est déroutant, la pochette (hum…) originale. Quant à la musique, elle est à la première écoute également très surprenante. Le premier élément frappant lorsque l’on connaît les albums précédents de Brimstone Howl concerne la production : le son apparaît en régression par rapport à ce qu’il était sur Guts of Steel et We Came In Peace. Le problème à résoudre était le suivant : que faire après avoir enregistré à Ghetto Recorders ? L’option la plus populaire, qui est d’intégrer les Dirtbombs, n’étant pas possible, les membres de Brimstone Howl ont choisi de confier la production de leurs nouvelles chansons à Mike McHugh, qui avait collaboré avec les Black Lips et Jon Spencer. Sur la plupart des morceaux de ce disque, la batterie de Calvin Retzlaff et la basse de Matt Shaughnessy forment un couple inextricable (la basse apparaît souvent « noyée » dans cette rythmique). La déferlante sonore qui s’abat sur l’auditeur dès l’ouverture de « Last Time » est d’une intensité rare, presque dérangeante, tant le groupe semble avoir décidé de rendre ses productions encore plus compactes. « M 60 » poursuit dans cette direction ; heureusement, cette production sensiblement différente et apparemment plus basique n’est pas synonyme de défaillance d’inspiration. Le talent d’écriture est intact, et les compositions de Brimstone Howl sont toujours excellentes (même si le groupe avait déjà sorti une première version de « M 60 » sur un 45 tours, en 2006).
D’approche plus difficile que Guts of Steel, ce disque montre le talent et l’inventivité d’un groupe sans équivalent aujourd’hui, qui poursuit sa progression avec la même fureur. Ziegler et Waggoner font une nouvelle fois preuve d’une aisance délirante dans les échanges entre leurs guitares, la pertinence d’un solo et l’utilisation du larsen. Quant à la voix de Ziegler, qui ne semble toujours pas vouloir choisir entre le chant et le hurlement (« Everybody Else is having fun »), elle est l’élément qui domine les débats sur la majorité des morceaux. Les racines blues sont une partie primordiale de Brimstone Howl, tout comme l’imagerie et les thèmes bibliques : « Easter at the Lewises’ » et « Elation » sont des chansons qui définissent encore davantage l’identité typiquement nord-américaine du groupe. L’arrivée d’un harmonica sur « Iota Man », le calme relatif de « Final Dispatch » ou la construction de « End of the Summer » : l’album regorge de grands moments, qui ne manqueront pas de satisfaire chaque auditeur qui accordera un peu d’attention à ce disque.
Peu importe ce que seront devenus les membres de Brimstone Howl dans cinq ou dix ans : il est tristement probable que le groupe est passé à côté du succès qu’il méritait, et qui aurait dû survenir à la sortie de Guts of Steel. Cependant, ils ont d’ores et déjà bâti une des discographies les plus impressionnantes de la décennie ; leur musique ne vieillira pas, et pourra servir d’inspiration à de nombreux autres groupes. Après Big Deal. What’s he done lately, Brimstone Howl reste plus que jamais un groupe indispensable.
Liste des chansons :
- Last Time *
- M 60 *
- Easter at the Lewises’
- Everybody Else is having fun *
- Suicide Blues *
- I’ll find you
- Final Despatch *
- Elation *
- Iota Man *
- End of the Summer
- Friend of Mine
- La Loba
Vidéo :
“M-60”, version 2006