Quand, entre 1956 et 1958, on grave sur le magnifique label Imperial une huitaine de morceaux aux titres aussi sonores qu’ambitieux, au style assez inédit, et que, remercié en bonne et due forme suite à un insuccès désolant, on déserte le monde musical après de discrètes ultimes tentatives d’écriture, il faut y mettre du sien pour ne pas se douter qu’à son insu on est devenu, quatre décennies plus tard, une petite légende.
Sincèrement sidéré, Lew Williams découvrit ainsi, par les rééditions de chez Bear Family, que les fondus de rockabilly vénéraient ses 45 tours en s’interrogeant entre deux swings sur les lacunes de sa biographie. Et incontinent l’intéressé, bon pied bon œil, d’exhumer guitare de son armoire pour écumer en toute magnificence les salles de la planète.
Le “Cab Calloway du rock’n’roll” était réputé pour la souplesse inusitée de son orchestration: son phrasé jazzy fait merveille sur “Something I Say” par exemple. Mais pour nous autres, crétins pathétiques ou dégénérés narcissiques début-de-millénaire, ce sont ses titres les plus cinglants, influencés par le jump blues à la Louis Jordan, qui comptent surtout. Les thématiques animalières des mieux venues et un goût marqué pour les simili-glossolalies concourent à notre joie: des prolixes “Bop Bop Ba Doo Bop” et “Abracadabra” au classique “Cat Talk” et à l’irrésistible “Gone Ape Man”, on sent la cohérence d’une inspiration philosophique, qui culmine sur la trépidation de “Centipède”, manifeste myriapodophile délirant ponctué par une guitare crépitante.
Vidéos :
“Centipede”
A écouter:
Autant se référer sans mégoter aux compilations dédiées à Imperial où le meilleur de Lew Williams se trouve en excellente compagnie. Récente édition en deux cédés au son rutilant dans la série Essential Rockabilly, volume The Imperial Story (One Day Music).
Le site officiel de l’artiste : www.lewwilliams.com