Si des noms comme Memphis ou Detroit sonnent tout auréolés de légende et de magie aux oreilles de l’amateur de rock’n’roll, il n’a en revanche échappé à l’attention de personne que, dans le même domaine, une contrée se signalerait par des apports beaucoup plus modestes : l’Alaska. Ce serait sans compter Harry Lee, le plus grand rockeur esquimau.
Ni amateuriste ni d’incompétent, « Kiss An Eskimo » ravira néanmoins par son charme ingénu les amateurs d’art brut à la Shaggs ou Blousons Noirs. Sur fond de basses grattées consciencieusement et de carillons aigres à la guitare, un chanteur saugrenu à la voix de canard enrhumé, épaulé par des chœurs bonhommes, s’interroge sur les mœurs amoureuses dans le grand Nord : « One thing about Alaska I would like to know / Is how to kiss an Eskimo / Some say just they just grap noses / I’m not sure it’s the best way / To kiss an Eskimo ».
Paru rien moins que sur Igloo Records, label d’Anchorage, ville natale du chanteur, ce titre ethnologiquement précieux n’est pas son seul exploit : on s’intéressera ainsi à un autre morceau de taille, plus enlevé mais tout aussi typique, « Rockin’ On A Reindeer » (« Ça secoue, le caribou »). Harry Lee s’en est vite retourné à ses affaires de taulier de bar et disc-jockey ; il n’en a pas moins mérité une place de choix au panthéon pittoresque des oubliés du rock’n’roll.
A écouter :
… Fort peu de choses ! Quatre ou cinq chansons en tout, trouvables sur les habituelles inénarrables compiles d’obscurités ahurissantes, Bison/Buffalo Bop entre autres. On dirait que le 45 tours a été réédité de-ci, de-là. Les millionnaires quêteront les originaux sur ebay ; pour les flemmards comme vous et moi, autant se référer aux liens ci-dessus.