(Mute 2010)
Ce début d’automne est marqué par la sortie du deuxième album de Grinderman, qui est publié par Mute Records, comme son prédécesseur. Le premier album, sorti il y a (déjà) trois ans, contenait quelques pistes rock incroyables (« Get it on », « No Pussy Blues » ou encore « Honey Bee (let’s fly to Mars) »), mais souffrait cependant de quelques longueurs. Si le quatuor emmené par Nick Cave et le charismatique Warren Ellis a pris son temps pour enregistrer, il ne faut pas oublier la sortie de Dig, Lazarus, dig !!! par Nick Cave & the Bad Seeds. Ce nouveau disque semble vouloir s’affranchir un peu des contraintes formelles des chansons rock, sans toutefois cesser d’utiliser certains de ses artifices. Ce n’est une nouveauté pour personne : le groupe possède un savoir-faire dément, et tout ce que jouent les musiciens semble être exécuté froidement, sans sourciller. Même constat pour ce qui est des paroles : Cave est un songwriter sans unique en son genre, et ses couplets sont une nouvelle fois marquants et frappent juste (« Worm Tamer » ; « Kitchenette »).
Plus encore que sur le premier album, la matière sonore de l’ensemble paraît plus importante à Grinderman que chacun des produits finis qui composent l’album. Le disque ne possède aucun morceau qui soit aussi enthousiasmant et immédiat que « No Pussy Blues », et cela sera une faiblesse dans son aspect pop. Le premier single tiré de Grinderman 2, « Heathen Child » fait écho à la série de film (très) courts métrages mis en ligne pour annoncer la sortie de l’album[1] : « you think your husband will protect you : you are wrong » ; « you think your wife will protect you : you are wrong » ; « You think your little children will help you: you are wrong ». Après quelques chansons, l’ambiance change totalement le temps d’une chanson : un minimalisme de rigueur pour « What I know » qui apparaît comme un étrange interlude au milieu de cet album ; une sorte de ballade irréelle qui se développe sur un souffle insistant. « Evil » revient à des bases beaucoup plus rock, et l’on y trouve les types de solos bruitistes qui avaient fait l’excellence de Grinderman.
La fin d’album se compose de trois pistes relativement lentes : «Kitchenette », « Palaces of Montezuma » et «Bellringer Blues » détrompent ceux qui estimaient que Grinderman était le projet garage-rock de Nick Cave. Faut-il le rappeler ? Grinderman n’ont pas grand-chose en commun avec les Black Lips. « Palaces of Montezuma » est un excellent morceau, évoquant tantôt « Shake the Dope out » des Warlocks pour les chœurs, tantôt les Rolling Stones (des années soixante) pour la rythmique. L’album s’achève sur une longue piste qui démarre par une intro à la structure complexe et au rythme hypnotique, avant que le morceau ne se mette définitivement en place. Grinderman 2 est un bon disque, qui plaira aux habituels fans de Cave, mais qui ne devrait malheureusement pas permettre au groupe de dépasser le statut qui est déjà le sien.
Liste des chansons :
- Mickey Mouse and the goodbye man *
- Worm Tamer
- Heathen Child *
- When My baby comes
- What I know
- Evil
- Kitchenette
- Palaces of Montezuma
- Bellringer Blues
Vidéo :
“Heathen Child”
Vinyle :
La version vinyle de l’album contient un cd, un livret luxueux et un poster où le groupe arbore fièrement costume de gladiateur et barbe spartiate.
[1] Plusieurs types de films ont été réalisés pour annoncer l’album ; et sont plus ou moins réussis, anxiogènes, ou amusants : www.youtube.com/watch?v=lZcBlQeoQIE ; www.youtube.com/watch?v=iLrFjm2UQlAl …
Mention particulière pour celui-ci, qui clôt la série de façon brillante : www.youtube.com/watch?v=hrpqA4dexIM.