(Bloodshot Records 2007)
Cet album des Detroit Cobras (leur quatrième LP) est un des disques que le comité rédactionnel de Planetgong attendait avec le plus d’impatience (en tout cas, c’était le cas pour la moitié de ce comité). Cette longue (et douloureuse) attente fut-elle récompensée par l’arrivée d’un nouveau grand disque de la part d’un des meilleurs groupes de ces dix dernières années ? Malheureusement, non : Tied & True ne parvient pas à se hisser à la hauteur de ses prédécesseurs.
L’album est pourtant un bon disque : les chansons sont soignées, la voix de Rachel Nagy est une nouvelle fois impressionnante, parfaitement maîtrisée et expressive. Les chœurs nombreux et bien placés, s’accordent parfaitement à l’ensemble (depuis le premier morceau, « As long as I have You » jusqu’au dernier, « Green Light »). Cependant, l’impression de maîtrise et l’enthousiasme communicatif qui faisaient la force des Detroit Cobras sur les albums précédents ont malheureusement laissé la place à ce qui ressemble plus à l’application d’une méthode bien rodée qu’à un vrai disque de rock’n’roll. Les chansons sont bonnes, mais le disque ne décolle jamais réellement : le tempo est plus modéré que sur les autres LP du groupe, et l’ensemble souffre de cette absence de prise de risques indispensable à un grand album.
Depuis le dernier album en date (Baby, en 2005), la composition du groupe a (encore) évolué : Greg Cartwright a remplacé Steve Nawara à la guitare, et Carol Schumacher a remplacé Joey Mazzola à la basse ; ces nouveaux changements n’ont malheureusement pas apporté grand-chose au groupe de Rachel Nagy et Mary Restrepo Ramirez. Malgré cela, Tied & True reste un album qui s’écoute avec plaisir et qui se place nettement au-dessus de la plupart des disques sortis cette année. Le début d’album est franchement excellent (avec des reprises* de « As long as I have you », « Nothing but a heartache », « If you don’t think » et « Leave my kitten alone ») : les guitares sont de sortie, précises et acérées. Les morceaux suivants sont de jolies ballades (« Try Love », « You’ll never change », etc.), mais le disque manque d’un second souffle qui l’aurait rendu plus dynamique : seuls les trois derniers morceaux « It’s my delight », « On a Monday » et « Green Light » sont jouées sur un rythme plus soutenu (même si la batterie de « Green Light » semble un peu répétitive et systématique), et l’impression générale est la même, et nous fait regretter que les Detroit Cobras n’aient pas sorti un vrai disque de rock (moins de ballades, plus de riffs de guitare).
Liste des chansons :
1. As long as I have you (Bob Elgin, N. Meade)
2. Nothing but a heartache (A. Bickerton, A. Washington)
3. If you don’t think (J. Brown)
4. Leave my kitten alone (W. E. John, J. McDougal, T. Turner)
5. (I Wanna know) What’s going on (S. David, M. Rebennack)
6. Try love (W. R. James)
7. You’ll never change (W. Schofield, R. West)
8. Puppet on a string (R. Davis)
9. Only to other people (G. Goffin, A. Cornfield, T. Wine)
10. The hurt’s all gone (R. Alfred, J. Ragovoy)
11. It’s my delight (R. Cogle, B. Dowe, J. McNaughton)
12. On a Monday (trad.)
13. Green Light (D. Gordon, I. Gordon, E. Grant)
* Rappelons tout de même que les Detroit Cobras, depuis la création du groupe par Steve Shaw et Jeff Meier, n’enregistrent que des reprises de chansons des années 1950-1960, et que l’écoute des premiers LP du groupe est vivement recommandée : Mink Rat or Rabbit, (1998) Life, Love and Leaving (2001) et Baby (2005), tout comme celle de leur EP réservé à l’Europe, Seven Easy Pieces (2003).