Cette troisième partie du dossier PlanetGong consacré à la scène Rock de Detroit s’attache à présenter les groupes ayant sorti un ou plusieurs excellent(s) album(s), mais qui, pour des raisons diverses, ont malheureusement fini par se séparer après seulement quelques années d’activité. Bien que les disques présentés ci-dessous soient relativement récents, il n’en sont pas moins, pour la plupart, absolument impossibles / très difficiles à se procurer ; à moins de connaître un disquaire spécialisé et compétent (et dans ce cas, merci de nous envoyer son adresse), il serait probablement plus rapide de commander les disques qui vous intéressent par l’intermédiaire des sites Internet des maisons de disques.
Ce groupe, qui était emmené par la chanteuse et bassiste Ko Shih, n’a sorti qu’un seul LP (en 2002, dont le titre a dû être long et difficile à trouver : Ko & The Knockouts). Le guitariste qui a co-écrit quelques morceaux avec Ko Shih n’était autre qu’Eddie Baranek, le chanteur des Sights, et la batterie était tenue par Jeff Klein, qui assurait au groupe une solide base Rock’n’Roll. La musique enregistrée par le groupe est efficace et entraînante, assez proche de celle des Detroit Cobras : simple, passionnante, implacable. Sur le disque sont d’ailleurs crédités Jeff Meier et Steve Nawara (tous deux membres des Cobras), Jason Stolsteimer (chanteur des Von Bondies), ainsi que l’inévitable Jim Diamond, qui pose sur ce disque des lignes d’orgue Hammond mémorables. Malheureusement, peu de temps après l’enregistrement du disque, le groupe s’est séparé : Eddie est retourné à son projet principal, les Sights, et Ko est devenue bassiste des Dirtbombs pour pallier le départ de Jim Diamond.
Disque recommandé (le seul du groupe) :
Ce groupe a été fondé en 1998 par le batteur Ben Swank (Benjamin Smith) et le chanteur/guitariste Johnny Walker (Johnny Wirick), qui ont été rejoints par Oliver Henry (à l’orgue, au piano et au saxo). La musique jouée par les Soledad Brothers est fortement éinfluencée par le blues. Jack White (qui produit le premier album des Soledad Brothers) reconnaît avoir découvert de nombreux bluesmen grâce à Johnny Walker, qu’il invite à jouer sur le premier des albums des White Stripes. La musique écrite et jouée par les Soledad Brothers était sans équivalent vis-à-vis de son époque : un duo (puis un trio) qui joue des ballades blues et des chansons rhythm’n’blues ou rock, qui a sorti des albums tous différents et excellents. Les Soledad Brothers étaient aussi un groupe dont les performances en concert sont restées dans les mémoires. Pour leur dernière (et unique ?) tournée en France, en 2004, la première partie des concerts était assurée par un artiste bordelais, Decheman, qui a finalement joué avec les Soledad Brothers sur leur dernier disque, The Hardest Walk , le meilleur album du groupe, avant leur séparation, rendue officielle au milieu de l’année 2006.
Disques recommandés indispensables (ne faites pas vos rapiats, chacun de ces disques mérite l’achat) :
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Soledad Brothers (Estrus, 2000)
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Steal Your Soul and Dare Your Spirit to Move (Estrus, 2002)
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Voice of Treason (Loog, 2003)
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The Hardest Walk (Monster Records, 2006)
Nb : Les Soledad Brothers sont également présents sur les fantastiques albums du guitariste et chanteur anglais Mr. David Viner, Mr. David Viner (Dim Mak 2003) et This Boy Don’t Care (Polydor 2004).
Bantam Rooster
Bantam Rooster est un duo emmené par Tom Potter, qui chante et joue pour ce groupe de la guitare électrique. Pendant la durée d’existence du groupe, Tom Potter a « épuisé » trois batteurs : Eric Cook, Mick Alonso, Nick Lloyd (ce dernier a également joué dans The Buzzards et The Dirtys). Un duo guitare-batterie originaire de Detroit, qui joue un garage – rock minimaliste, aux influences blues évidentes… Le parallèle avec les White Stripes est inévitable : la nature des morceaux des Bantam Rooster est pourtant très différente de celle du groupe de Jack White : la plupart du temps, les morceaux écrits par Tom Potter sont joués sur un tempo plus rapide, et, bien que les compos soient (évidemment !) moins riches et moins immédiates, elles possèdent cependant une force et une intensités incroyables. Bantam Rooster était un grand groupe de garage, qui n’a jamais rien vendu, mais dont les excellents albums caractérisent bien la scène musicale de Detroit : un son de guitare ample et agressif, des riffs efficaces, le tout joué avec un engouement communicatif. L’habillage à l’orgue Hammond, assuré par l’inévitable Jim Diamond (qui produit aussi les albums de Bantam Rooster) est présent sur bon nombre des chansons, notamment sur celles du LP The Cross & The Switchblade (sorti en 1998), qui est sans doute l’album le plus solide du groupe. Après un passage dans les Dirtbombs (comme à peu près la moitié des musiciens de la ville à un moment ou à un autre), Tom Potter a officiellement mis fin à l’expérience Bantam Rooster en 2003, pour fonder le groupe funk-rock The Detroit City Council.
Disques recommandés :
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Deal Me In (Crypt, 1997)
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Fuck All Y’All (Sympathy For The Records Industry, 2000)
Disque indispensable :
- The Cross & The Switchblade (Crypt, 1998)
Clone Defects
Ce groupe fut fondé autour du guitariste et chanteur Tim Lampinen, aussi connu sous le délicat sobriquet de Timmy Vulgar, l’un des artistes les plus fascinants de la scène musicale contemporaine. Sans prendre trop de risques, on peut supposer qu’il a écouté Raw Power plus d’une fois, et qu’il a bien retenu la leçon… Entouré de Fast Eddie (à la batterie), Wild Mid Wes (à la guitare) et de Chuck Fogg (à la basse), Timmy Vulgar a composé avec les Clone Defects quelques-unes des meilleures chansons de punk-rock de la scène de Detroit, en particulier « Whiskey’n’Women », « Low Fashion Lovers » et « Procrastination Babys ». Au son habituel de Detroit (leur second album, Shapes of Venus, a été enregistré et produit à Ghetto Recorders), les Clone Defects ajoutent des éléments issus du punk rock des années 1970, ainsi que différents thèmes de science-fiction, auxquels viennent s’ajouter une éthique anti-commerciale sans compromission et une énergie démente. Au mois d’octobre 2004, Timmy Vulgar a annoncé la séparation du groupe ; il se consacre depuis cette date à son nouveau projet nommé Human Eye (qui a sorti un extraordinaire premier album en 2006, et dont la musique a été décrite par Vulgar comme de l’« alien-punk »).
Disques indispensables :
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Blood on Jupiter (2002, Tom Perkins/Superior Sounds)
PS : Le groupe viendrait de se reformer alors que Human Eye commence à vendre des disques et entame une tournée marathon de l’Europe de l’Est. Etrange, mais bon, ne boudons pas notre plaisir.