Et si Lemmy avait chanté pour un groupe psych-funk freak-glam-spatial-sex-bubblegum? Alors, à n’en pas douter, son organe rauque aurait émergé des cercles ophidiens d’une wah-wah claustrophobe. Un rythme deleuzien brosserait ses camaïeux viraux par-dessus le canevas noueux d’une basse organique (voire intestinale). Ce trip interlope se concluerait en non-tube fiévreux dans les profondeurs d’un hit-parade mao-spontex. C’est un comble: à la fois grouvy et résolument anti-psychiatrique, Schizo existe. Il fallait qu’il fût français.
Dans sa soixante-huitarde et folle jeunesse, l’allumé électronicien Richard Pinhas arborait une touffe afro hendrixéenne digne de notre plus grand respect. Entre deux baudrillarderies, il participait à un groupe de blues de fac aux côtés de la future voix de Magma, Klaus Blasquiz. Avant de sombrer sans rémission dans l’avant-garde, il a eu le temps de réunir quelques étudiants nanterrois tout aussi éminement soupçonnables que lui de gauchisme sonore, s’auto-proclamant SCHIZO, et de sortir un 45 tours auto-produit et anti-institutionnel qui atteint une forme de perfection dans le heavy-freak bien de chez nous.
Par la suite, il lira Norman Spinrad, fera des tas de choses passionnantes dans le domaine de la prospective électronicophile et du rhizomatique, plongeant quantités de visionnaires, dont M.G. Dantec, dans de longues extases ; autant de chapitres qui ne nous concernent guère. Nos petits corps-sans-organes s’ébroueront donc plus volontiers sur ces fleurons de contre-culture vicelarde que sont « Schizo… » et sa face B tout aussi fantastique pour la simple raison que c’est à peu près le même morceau, joliment et adéquatement titrée « Paraphrenia Praecox ».
Vidéos :
« Schizo And The Little Girl » :
A écouter :
Deux 45 tours culturels, introuvables et indispensables, « Schizo/ Paraphrenia Praecox » et « Le Voyageur ». Les aventuriers plus courageux et moins flemmards que votre rédacteur de PlanetGong se renseigneront avec profit sur Heldon, projet majeur et influent de Richard Pinhas.