(Polydor 1974)
On connait surtout les Hollies pour leur carrière de pionniers de la British Invasion dans les années soixante où, à l’instar des Zombies, ils produisirent de nombreux singles à la sensibilité pop proche de celle des Beatles, où leurs harmonies firent merveille. Entre 1963 et 1967, le groupe mené par Allan Clarke connut de nombreux succès dans les charts, tels que “I’m Alive”, “Carrie Anne” ou “King Midas In Reverse” avant le départ de Graham Nash parti mener une toute autre carrière aux USA. Dès lors, le groupe se spécialisa dans les ballades romantiques (souvent gluantes de mièvrerie, à l’image de leur énorme tube “I ain’t Heavy, He’s My Brother” en 1969).
En 1974, après plusieurs années d’infortunes, ringardisés par la génération Woodstock et l’émergence des étalons fringants du glam-rock, les Hollies parvinrent à sortir de l’oubli grâce à un dernier grand single. A l’origine une ballade acoustique composée par Mike Hazlewood et Albert Hammond (le père du guitariste des Strokes), et chantée par ce dernier, “The Air That I Breathe” a ensuite été reprise par les Everly Brothers, mais c’est bien les Hollies qui ont popularisé ce morceau avec un arrangement pop-rock : violons, cuivres, chœurs, solo de guitare larmoyant. Une belle chanson, qui a récemment connu une sorte de revival, grâce à Youtube qui permet l’exhumation de nombreux titres oubliés, et a permis de pointer du doigt un fait peu connu…
Quiconque ayant grandi dans les années 90 a connu le règne sans partage de Radiohead sur les charts anglais grâce à “Creep”, un tube planétaire que le groupe a refusé de jouer sur scène pendant les années 2000. La raison se situe peut-être dans le fait que ce morceau emprunte l’essentiel de sa structure mélodique et de son arrangement à “The Air That I Breathe” version Hollies. L’écoute des premiers accords du morceau ne laisse aucun doute, si bien qu’aujourd’hui “Creep” est crédité Yorke/Hazlewood/Hammond et que Radiohead partage les royalties de son morceau le plus connu avec les auteurs de “The Air That I Breathe”. Ce titre est ainsi devenu, à l’instar de “Tainted Love” de Gloria Jones, un morceau snob par excellence qui garantit invariablement les mêmes réactions d’incrédulité lorsqu’on le joue à une foule d’auditeurs non avertis.
Tracklisting :
Face A :”The Air That I Breathe”
Face B :”No More Riders”
Vidéo :
Vinyle :