(Domino 2011)
Ce disque est-il aussi mauvais qu’il nous avait semblé à la première écoute ? La découverte de ce Blood Pressures avait laissé en nous l’impression désagréable d’une inanité sonore affectée, où les aspects irritants du groupe prenaient le dessus sur toutes les raisons qui nous avaient fait aimer Keep On Your Mean Side et No Wow. Une répartition des disques à chroniquer plus tard, ce disque se voit redonner une nouvelle chance, alors qu’il était parti aux oubliettes de l’histoire musicale de votre serviteur.
Après les escapades de VV (partie chanter des absences de chansons sur le premier puis le second Dead Weather), et les aventures matrimoniales de Hotel, le duo anglo-américain se retrouve pour un nouveau disque – son quatrième LP (et le premier en trois ans, depuis Midnight Boom). La dernière fois que nous avions évoqué The Kills, c’était pour l’inutile sortie de Black Balloon EP. Il semble aujourd’hui que le groupe n’ait pas réussi à redresser la barre : la direction est la même depuis maintenant cinq ans : les productions des Kills sont de plus en plus mauvaises.
« Album de la maturité », « changement de voie libérateur », « prise de risque créative et libératrice » ? On a lu et entendu sur ce disque plus d’âneries qu’il n’est permis d’en supporter sans ciller. La vérité est plus banale ; The Kills, un groupe plus prétentieux et poseur qu’un autre se fracasse contre les mêmes écueils. A son apparition, le discours arty est résolument indépendant de ce duo nous apportait quelque chose de nouveau ; il nous semble aujourd’hui une démonstration évidente du symptôme d’embourgeoisement habituellement consécutif à la vieillesse. Il reste au groupe une pose et un code pour s’assurer la bienveillance de la pseudo intelligentsia rock.
Malheureusement, il est très probable que le temps d’apprentissage des outils de studio a dépassé le temps consacré à l’écriture, la composition et l’enregistrement des morceaux. C’est avec une certaine tristesse que nous devons constater que ce qui est décrit ici ou là comme une réinvention ou un nouveau départ pour le groupe est une pure fumisterie. La pauvreté d’inspiration est, comme toujours, le principal des défauts : sur ce disque, quelques artifices sont utilisés pour cacher cette misère mélodique : des percussions bruitistes au milieu de « Heart Is A Beating Drum », des chœurs entourés d’écho, un jeu guitare saturée pour garantir à l’ensemble un aspect dangereux… Blood Pressures se permet même de présenter un morceau dont on avait d’abord pensé, lors de sa sortie quelques semaines avant l’album, qu’il était une mauvaise plaisanterie (le morceau de reggae synthétique de « Satellite »).
Quelle indigence, quel aveuglement (et quels produits probablement illicites) ont pu conduire ce groupe à sortir une piste comme « Nail In My Coffin » ? Le son est plus chargé que jamais pour le groupe : loin d’apporter en pertinence, cela a pour effet d’étouffer totalement les morceaux. Après Dead Weather, VV a dû s’habituer à chanter – et écrire – des pistes médiocres sur lesquelles le son était plus important que la mélodie ; cet album est à nouveau l’occasion pour elles de minauder sa pose bien rodée.
Côté positif, « Wild Charms », courte ballade qui doit beaucoup à Lennon, a le mérite de changer l’ambiance morose. En fin de disque, « Pots and Pans » apparaît presque comme une bonne surprise. La première partie de « DNA » sera peut-être suffisante pour consoler les auditeurs – il est toutefois parfaitement inutile d’aller trop loin dans l’écoute du morceau. La fin de l’album s’avère décidément aussi décevante que la première partie, et souffre des mêmes défauts : « Baby says » et « DNA » durent chacune deux minutes de trop, et le délire lyrique de « The Last Goodbye », tout en mièvrerie, est simplement inenvisageable.
Que l’on veuille bien excuser l’absence de démonstration du présent article ; je ne me sens nulle envie de croiser le fer avec quiconque au sujet de ce désolant album, que je vais m’efforcer d’oublier, comme de nombreux disques sortis récemment par des groupes qui me furent importants.
Liste des chansons :
- Future Starts Slow
- Satellite
- Heart is a beating drum
- Nail in my coffin
- Wild Charms
- DNA
- Baby Says
- The Last Goodbye
- Damned if she do
- You don’t own the road
- Pots and pans
L’album sur Deezer : www.deezer.com/fr/#music/the-kills/blood-pressures-930245
Vidéos :
“Satellite”