(Third Man Records ; 2009)
En mars 2009, à Nashville, pour l’inauguration des nouveaux studios de Third Man Records (le label créé par Jack White), quelques 150 chanceux ont assisté au premier concert de ce groupe, composé d’Alison Mosshart (chanteuse de The Kills), de Dean Fertita (clavier de Queens of the Stone Age depuis 2007), de Jack Lawrence (bassiste des Greenhornes et des Raconteurs) et de Jack White, qui a choisi de tenir la batterie, ce qu’il fait parfaitement bien.
Que Jack White soit un bon batteur n’est pas surprenant : la batterie était son premier instrument, et ceux qui ont lu l’excellent livre d’Everett True « The White Stripes and the Sound of Mutant Blues » savaient déjà tout le bien que Ben Blackwell disait du jeu de batterie de son oncle. Ce qui est plus surprenant – et unique à notre connaissance -, c’est le fait de voir l’un des chanteurs/guitaristes les plus talentueux et prolifiques de sa génération fonder un nouveau groupe et se mettre volontairement en retrait, en ne jouant « que » de la batterie. Evidemment, il s’est chargé de la production du disque, coécrit quelques pistes, mais le fait n’en reste pas moins remarquable.
Après cette (longue) présentation, justifiée par le statut particulier du groupe, il convient de parler de musique, et de faire le triste constat suivant : ce disque ne peut qu’être considéré comme une déception… Les attentes étaient énormes, mais même en faisant abstraction de celles-ci, il faut admettre que ce disque n’est pas bon. Bien sûr, le groupe contrôle parfaitement sa production, à tous points de vue : le son est excellent, ciselé d’une main de maître, l’esthétique est travaillée… Dans son désir de contrôler chaque étape de la réalisation de son premier album, ce groupe semble avoir oublié l’étape principale, qui est d’écrire de bons morceaux. Ici, aucune piste n’est extraordinaire, et certains morceaux sont même franchement poussifs. La découverte du premier single (« Hang You From The Heavens », une des meilleures pistes ici) n’avait pas été un grand choc… Sur Horehound, le groupe échoue dans ses tentatives de déclencher la foudre ; le pire exemple est ainsi l’accélération ratée de « Treat me like your mother », à laquelle il faut ajouter le chant épelé à la façon d’un pré-pubère quasi-illettré (« M-A-N-I-P-U-late », répété ad lib.).
Si l’album possède des pistes largement acceptables, il laisse en revanche l’auditeur sur sa faim pour ce qui est de sa qualité globale, et dans l’expectative la plus totale pour ce qui est de certains textes, notamment ceux de « Treat me like your mother » (« am I too ? Am I late? Am I too late ? »), et l’énigmatique « You know I look like a woman but I cut like a buffalo » du morceau « I cut like a buffalo », un interminable reggae. La reprise de « New Pony » (de Bob Dylan) est sans aucun doute au niveau de la version originale, et peut-être même un peu meilleure ; ce qui ne veut pas dire grand-chose, tant cette piste (issue de Street Legal) est à peine audible dans sa version album. « Rocking Horse » est probablement le morceau le plus consistant du disque, et possède une parenté évidente avec les pistes des Raconteurs.
Il semble presque indubitable que l’expérience Dead Weather en concert mérite le déplacement – le savoir-faire et la présence scénique des membres du groupe semble être une garantie suffisante – mais il reste malheureusement non moins évident que ce premier album est loin d’être la réussite que l’on espérait.
Liste des chansons :
- 60 Feet Tall
- Hang You From The Heavens *
- I Cut Like A Buffalo
- So Far From Your Weapon
- Treat Me Like Your Mother
- Rocking Horse *
- New Pony
- Bone House
- 3 Birds
- No Hassle Night
- Will There Be Enough Water
Vidéos :
“Hang You From The Heavens”