JACK WHITE – Lazaretto

Gimmicks

(Third Man 2014)

Regardez le nouveau disque de Jack White, il est absolument génial !Le vinyle est révolutionnaire : disque dont le sillon commence à l’intérieur qui s’achève sur un lock groove à l’extérieur, chanson cachée dans le rond central en 78 et 45 tours, un autre lock-groove sur la face B, double-sillon pour l’introduction du premier morceau, et même un hologramme ! C’est complètement dingo.

Depuis quelques années, Jack White est le roi du vinyle étonnant. Avec son label Third Man, il multiplie les expériences en microsillon et s’amuse à créer des variations inédites sur le support. Vinyles minuscules (3 pouces) ou géants (13 pouces), emplis de liquide, multicolores… White s’amuse à renouveler son support préféré, pour mieux le défendre.

Pour son album solo, il était évident qu’il n’allait pas y aller avec le dos de la cuiller, et en a fait une boîte à gimmicks absolument étonnante. L’objet a attiré l’attention, au point que les collectionneurs du format s’y sont intéressés autant que les fans des White Stripes. Résultat des courses : Lazaretto est devenu l’album vinyle le plus vendu depuis une éternité (40.000 en première semaine, du jamais vu depuis l’ère du numérique) et s’est hissé au sommet des charts américains.

Chapeau bas. On s’incline devant tant de flair et de sens des affaires. Sauf que… s’il a bien construit son contenant, White a un peu oublié son contenu. Enfin, c’est plutôt le contraire. Les gimmicks du vinyle de Lazaretto sont un formidable cache-misère qui permettent d’oublier que la musique qui s’échappe du disque est un poil décevante.

Le disque en lui-même reprend les choses où White les avait laissées sur Blunderbuss, avec un mix de rock de blues et country dont on est désormais coutumier avec le guitariste. C’est de la musique américaine de tradition, produite avec beaucoup de soin et beaucoup de couches d’instruments (guitares, piano, orgue, choeurs,violons, parfois tous en même temps dans le même morceau). Le morceau d’ouverture “Three Women” en est l’illustration et témoigne de l’envie de White de sonner énorme. Il se passe beaucoup de choses dans chaque morceau, parfois jusqu’à l’écœurement.

Tout cela fonctionne lorsque le groove est bon (“Three Women”) mais ça peut s’avérer usant sur la durée, surtout quand les morceaux manquent de souffle. On a souvent l’impression que White répète des plans déjà utilisés précédemment (“Alone Im My Home”, “That Black Bat Licorice”) et surtout que les mélodies manquent à l’appel. L’album est plombé par des chansons qui manquent de finesse où White joue sur l’emphase et la puissance pour tenter d’emporter. Au mieux c’est braillard (“Would You Fight For My Love ?”), au pire ça sonne comme de la resucée de Led Zeppelin (“High Ball Stepper”), mais surtout l’ensemble manque d’énergie brute, de ce truc viscéral qui nous avait fait adorer les albums des White Stripes.

On aime quand White fait des chansons country douces (“Temporary Ground”) ou des chansons powerpop directes (“Just One Drink”) mais force est de constater qu’il n’y a pas ici de chanson immédiate, et encore moins de grand morceau. Lazaretto est ainsi un album terriblement générique à des années-lumière de ce qu’on a envie d’écouter ces jours-ci.

 

Tracklisting

  1. Three Women *
  2. Lazaretto
  3. Temporary Ground
  4. Would You Fight For My Love?
  5. High Ball Stepper *
  6. Just One Drink
  7. Alone in My Home
  8. .That Black Bat Licorice
  9. Entitlement
  10. I Think I Found the Culprit
  11. Want and Able

 

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Le délire, messieurs dames

“High Ball Stepper”

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