PATSY CLINE – Patsy Cline

Disque primordial

(Decca ; 1957)

Aujourd’hui, ceux qui connaissent encore Patsy Cline ne se souviennent malheureusement trop souvent que du destin tragique qui fut le sien (elle est morte dans un accident d’avion en 1963, à l’âge de trente ans) et d’une ou deux de ses chansons enregistrées dans les dernières années de sa courte carrière (notamment « I fall to pieces » parue en 1961 et « Crazy » en 1962). Patsy Cline se voit ainsi perdue dans le lot des chanteuses country-pop du début des années soixante…

Cette triste situation a été favorisée par un demi-siècle de compilations pathétiques et bâclées. Ce déplorable raccourci a pour effet de passer sous silence la première partie de l’œuvre de Patsy Cline, celle qui l’a vue enregistrer ses premiers morceaux et son fantastique premier album, publié en 1957 par Decca. Originaire de Virginie, Patsy Cline eut une enfance et une adolescence assez commune, jusqu’au départ de son père, alors qu’elle avait 15 ans. Elle a quitté l’école pour commencer à faire des petits boulots, et a fait ses premiers tours de chants dans des bars et des petits clubs. En l’espace de quelques années, son succès est devenu très important, jusqu’à faire d’elle l’artiste symbole du Nashville sound. Elle était surtout une fantastique interprète, capable d’exceller dans les différents registres gravitant autour de la countrymusic.

La variété des compositeurs réunis sur ce disque pourrait produire un album assez hétéroclite ; cependant, le fait que chacun de ces artistes faisait partie du label Four Stars (avec lequel Patsy Cline avait à l’époque un contrat d’exclusivité) ainsi que la voix de la chanteuse, forte et caractéristique, suffisent amplement pour assurer à l’ensemble une cohérence. Mieux encore, la qualité de ce disque doit beaucoup à cette richesse : avoir recours à autant de compositeurs a eu pour effet d’assurer à cet album une qualité impressionnante : ce LP, dont l’enregistrement s’est étiré pendant près d’un an, possède plusieurs chansons prodigieuses. « Walking after midnight » est l’une d’entre elles ; c’est aussi la première qui a valu à Patsy Cline un succès national, après sa sortie en single.

Ce disque est capable de justifier les lamentations des nostalgiques plus ou moins primaires, tant il réunit un nombre important d’éléments exemplaires : en plus des compositions, le son et la production du premier album de Patsy Cline sont de pures merveilles. Des accents country de « Fingerprints » à la musique pop aux harmonies vocales de « That Wonderful Someone », en passant par le riff rockabilly parfait de l’introduction de « In Care of the blues » et les teintes jazzy de « Too Many secrets », la production qu’Owen Bradley a réalisée pour cet album est une véritable démonstration. Au-delà de la première chanson de l’album, qui reste comme un des morceaux les plus célèbres de Patsy Cline (« That Wonderful Someone »), l’accompagnement vocal est exemplaire sur l’ensemble du disque : « Ain’t no wheels on this ship », archétype de rock’n’roll 1950s, la ballade « I can’t forget » ou la touchante « Three cigarettes (in an ashtray) » mettent en scène des types de chœurs différents mais très justes et pertinents, et toujours parfaitement réalisés. 

Entourée d’un accompagnement d’aussi grande qualité, la voix de Patsy Cline se montre d’une richesse incroyable : capable de s’adapter à merveille aux styles des chansons, elle transcende les ballades comme « Fingerprints » ou « Three cigarettes in an ashtray » grâce à une expressivité remarquable. Ailleurs, dans un registre plus joyeux (« I don’t wanta ») ou délibérément explicite (« Hungry for love »), Patsy Cline se montre encore à son avantage : ce premier album suffit à faire d’elle une des grandes chanteuses populaires du XXe siècle.

  

 

Liste des chansons :

Face A:

  1. That Wonderful Someone * (Gertrude Berg)
  2. (Write Me) In Care of the Blues * (Eddie Miller, W.S. Stevenson)
  3. Hungry For Love (Eddie Miller, W.S. Stevenson)
  4. Too Many Secrets (Bobby Lile)
  5. Don’t Ever Leave Me Again (Virginia Hensley [Patsy Cline], Lillian Claiborne, James Crawford)
  6. Ain’t No Wheels On This Ship (Wayland Chandler, W.S. Stevenson)

Face B :

  1. I Can’t Forget (Carl Belew, W.S. Stevenson)
  2. I Don’t Wanta *(Durwood Haddock, Eddie Miller, W.S. Stevenson)
  3. Three Cigarettes (In An Ashtray) (Eddie Miller, W.S. Stevenson)
  4. Walkin’ After Midnight *(Don Hecht, Alan Block)
  5. Fingerprints*(Woodie O. Fleener, Don Hecht, W.S. Stevenson)
  6. Then You’ll Know (Bobby Lile)

 

Vidéos :

“Walkin’ After Midnight”

 
“I Don’t Wanta”

 

 

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3 Commentaires
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Frank
Invité
9 février 2012 9 h 57 min

Ah oui énorme disque ! Bel article.

Fred G.
Invité
Fred G.
9 février 2012 1 h 21 min

Bonjour, existe-t-il une bonne réédition en CD de cet album ?

John the Revelator
Invité
John the Revelator
21 février 2012 2 h 31 min

Ré-édité chez MCA en 1988, d’après ce site: http://www.patsified.com/albums.html

Encore une belle découverte m’sieurb Rémi, merci! 🙂

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