(Island 2008)
Dans la foulée de récents albums lourds et très orientés seventies (Wolfmother, Raconteurs) les Fratellis de Glasgow reviennent avec une galette qui aurait pu sortir il y a 35 ans.
Produit par le groupe lui-même, ce Here We Stand au son épais à l’américaine est malheureusement un peu dénué de subtilité, moins charmant et accrocheur que le premier. Les mélodies à tiroir ont laissé place à des constructions de chanson tellement classiques qu’elles en sont inintéressantes – le sempiternel couplet / refrain / couplet / refrain / solo / couplet. L’exemple type demeure la chanson d’ouverture “My Friend John” qui ne ment pas sur la marchandise à venir. Vous voulez du gros refrain à reprendre à tue-tête dans les stades? En voila un servi sur un plateau… et d’autres arrivent comme ceux de “Shameless”, “Look Out Sunshine!” ou le laborieux “Jesus Stole My Baby”, taillés pour faire chanter les festivaliers imbibés de bière cet été.
Les influences T-Rex sont moins sensibles que sur Costello Music, les Fratellis se rapprochent des groupes pop-rock américains contemporains avec leur production lourde et surchargée. Au mieux, ça sonne pub-rock, comme sur la plaisante “A Heavy Tale”, où le piano de saloon donne un côté Faces intéressant. Il manque seulement la voix d’alcoolique de Rod Stewart pour faire vraiment décoller ce morceau. Dans le même registre, des morceaux tels que “Shameless” ou “Acid Jazz Singer” placent dans la lignée de groupes du début des seventies comme Slade. Pas forcément une faute de goût, mais un choix de vie. The Fratellis ne sont pas un groupe à minettes, ce sont des lads à l’ancienne. Il n’y a rien de haïssable à cela, mais ils préfèrent le rock quand il est gras.
Parmi les meilleurs moments, on trouve “Stagglers Moon”, qui montre que le groupe possède toujours un certain talent pour les ballades efficaces (avec un clin d’œil à ce mythe fondateur du rock qu’est “The Girl Can’t Help It”), et le single “Mistress Mabel”, dont le piano frénétique et la mélodie chaloupée parviennent à compenser quelques passages un peu beuglards. Seul “Tell A Lie” retrouve le côté imprévisible du premier album, sans pour autant en retrouver la fraîcheur.
Le credo des Fratellis qui consiste à allumer le feu sur chaque refrain en fait un groupe plutôt fatigant sur disque. “I’m no genius“, chante John Lawler (alias Jon Fratelli) dans “Acid Jazz Singer”. On ne lui reprochera pas son honnêteté. Malheureusement pour lui, cet album braillard au titre en forme d’affirmation (Here We Stand, soit “voilà où nous en sommes”) ne restera par comme un souvenir impérissable.
Tracklisting :
1. My Friend John
2. A Heady Tale *
3. Shameless
4. Look Out Sunshine!
5. Stragglers Moon *
6. Mistress Mabel *
7. Jesus Stole My Baby
8. Baby Doll
9. Tell Me a Lie
10. Acid Jazz Singer
11. Lupe Brown
12. Milk & Money