(Geffen 1996)
L’apparition de Beck dans la psyché collective date de 1994. Kurt Cobain venait de se suicider et le monde du rock en deuil lui cherchait un successeur. Cheveux blonds et longs en pétard, dégaine grunge de banlieusard californien et textes auto-dépréciatifs : avec “Loser” et son clip culte, Beck se saisissait du sceptre du roi déchu et devenait la nouvelle icône MTV.
Inutile de dire que l’affaire paraissait louche au premier abord. On aurait juré le truc calculé, malhonnête tant ce branleur saisissait l’air du temps sans forcer. Mellow Gold, l’album folk-blues-rap foutraque qui succéda au succès planétaire du single permit de dissiper tout malentendu auprès des fans de rock. Ce n’est cependant qu’à partir de l’exubérant Odelay que le monde comprit que Beck était là pour durer. Bien sûr, l’album possédait avec “Where It’s At” un single au gimmick aussi efficace que “Loser”. Ce titre, qui figure les plus réclamés par les fans lors des concerts, témoignait de l’immense créativité de cet artiste sur cet album aux mille carambolages sonores compilés en 11 morceaux.
Parmi le foisonnement d’idées d’Odelay, “New Pollution” demeure un des titres les plus explosifs jamais sortis de l’esprit tordu de Beck et des Dust Brothers (le duo de sorciers derrière ses beats et samples). Un morceau à la rythmique démente empruntée à un morceau funk obscur des années 70 (“Hallelujah, Alright, Amen” de Gus Poole), guidé par une guitare slide envoûtante et qui s’achève sur un improbable solo de trompette (lui aussi samplé). Beck y apparaît comme un touche-à-tout de génie aux références innombrables, post-folk, post-psyché, post-rap. La superbe face B “Electric Music & The Summer People” confirme ce sentiment, avec sa vibe californienne, son sitar lumineux et ses chœurs pop. Un single parfait, qui représente sans doute le sommet de la carrière du guero.
Tracklisting :
Face A : The New Pollution **
Face B : Electric Music & The Summer People *
Vidéo :
“The New Pollution”
“Electric Music & The Summer People”
Vinyle :