CHARLOTTE GAINSBOURG – IRM

Galatée revisitée ?

(2009 ; Because Music)

La fin de l’année 2009 a vu la sortie d’un nouvel album de Charlotte Gainsbourg, une artiste au patronyme certes connu et apprécié, mais qui ne saurait totalement expliquer le statut unique qui est celui qu’elle a atteint depuis quelques années…

Après un début de carrière précoce, elle est devenue la plus grande actrice française de sa génération, et a repris sa carrière de chanteuse : elle avait enregistré en 2006 un album écrit par les membres d’AIR et Jarvis Cocker (5 : 55), la voici de retour avec un disque entièrement réalisé par Beck.

IRM propose quatorze chansons, donc une seule est une reprise : il s’agit de « Le Chat du café des artistes », une jolie chanson écrite par le québécois Jean-Pierre Ferland, à l’entame accrocheuse « Quand on est mort, c’est qu’on est mort » et à la mélodie efficace, et dont les trois accords de départ rappellent le thème de la B.O. du dernier James Bond, écrite par Jack White. Sur « Le Chat du café des artistes », comme sur l’ensemble de l’album, la production de Beck fait merveille, et montre qu’en 2009, l’artiste touche-à-tout est encore parfaitement capable de livrer de bonnes chansons, et de les enchaîner dans des styles différents. Inspiré par Charlotte Gainsbourg, il a écrit et arrangé pour elle un album agréable, et chante avec elle le premier single tiré du disque, « Heaven can wait ». Les sonorités sont proches du dernier album solo de Beck, Modern Guilt (XL ; 2008), avec toutefois quelques incartades de guitare acoustique, dont « Me and Jane Doe » ou « Time of the assassins », qui rappelle la (lointaine) période où AIR écrivait encore des chansons. 

Les pistes les plus pertinentes sur ce disque sont celles sur lesquelles on ne distingue qu’avec difficulté les capacités vocales de Charlotte Gainsbourg : peut-être Beck a-t-il été séduit par le fait qu’une chanteuse ne chante pas… En France, on en a l’habitude. Heureusement, et contrairement à une large majorité d’artistes de Chanson Française, Beck n’a pas oublié d’écrire de bons morceaux et a donc privilégié l’élocution spécifique (aka « ze cute and sexy french accent ») et le timbre de voix particulière de Charlotte Gainsbourg. L’ensemble formé par cet assemblage hétéroclite de chansons est plutôt convaincant : sans être le sommet de la carrière de Beck au niveau de l’inspiration, il contient de vrais bons morceaux, qui s’appuient sur des éléments divers et persistants : les riffs de guitare de « Trick Pony » ou de « Looking Glass Blues », les bidouillages sonores de « Greenwich Mean Time », le jungle beat qui sert de base à « Voyage », la mélodie en boucle de « La Collectionneuse » (ces deux dernières chansons sont chantées pour partie en français et pour partie en anglais, et mêlent des références littéraires diverses – Céline, Apollinaire).

Loin d’être le meilleur disque de l’année 2009, IRM est un disque agréable qui mérite mieux qu’une écoute polie. Beck a fait en sorte qu’on puisse parfois écouter la musique qui passe sur de grandes radios nationales en 2009 sans avoir l’impression d’avoir les oreilles sales cinq minutes plus tard. Grâce lui soit rendue.

 

 

Liste des chansons :

  1. Master’s Hands
  2. IRM
  3. Le Chat du café des artistes *
  4. In the end
  5. Heaven can wait *
  6. Me and Jane Doe *
  7. Vanities
  8. Time of the Assassins
  9. Trick Pony *
  10. Greenwich Mean Time
  11. Dandelion
  12. Voyage
  13. La Collectionneuse
  14. Looking Glass Blues

MySpace

 

Vidéo :

“Heaven Can Wait”

 
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3 Commentaires
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88
Invité
88
4 février 2010 7 h 42 min

àchier

teenagegraveman
Invité
teenagegraveman
8 février 2010 0 h 39 min

tiens, j’avoue avoir hésiter une écoute, je me la permettrais donc !

teenagegraveman
Invité
teenagegraveman
9 février 2010 9 h 27 min

j’en ai jamais pensé tant 😉

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