(Interscope 2007)
Cet E.P. marque le retour du trio new-yorkais qui a sorti un bon premier album (Fever to Tell, en 2001, dont la face A est réellement excellente), puis un album passable l’année dernière (Show Your Bones, 2006).
Les groupes qui laissent passer cinq ans entre leurs deux premiers albums sortent en général un deuxième disque décevant. Les Yeah Yeah Yeahs n’avaient pas dérogé à cette règle, et le groupe semblait devoir être promis à l’oubli. La sortie de cet E.P., seulement un an après l’album, est donc surprenante : la bande de Karen O. ne semblait pas capable d’enregistrer cinq chansons en moins d’un an… L’inspiration serait-elle revenue ? Malheureusement, à l’écoute de ces morceaux, on conseillera aux Yeah Yeah Yeahs d’arrêter le tir, et d’aller vivre au soleil (dans l’alcool et l’oubli) leur vie d’ex-star du rock, plutôt que de continuer à sortir des disques comme celui-ci.
« Rockers To Swallow », le premier morceau de ce cinq-titres, est à l’image du disque : inoffensif. Si on parvient à accepter le riff de guitare – pas mauvais, quoiqu’un peu gros cul sur le refrain, on n’arrive en revanche pas à encaisser le chant, baigné dans un écho digne des meilleures salles de bain. « Down Boy » est acceptable, jusqu’à son pont chiantissime et le retour de l’écho justement honni. Le morceau aurait pu être réussi, mais il est (beaucoup) trop long, et ce qui devrait être l’explosion finale fait l’effet d’un coup d’épée dans l’eau. « Kiss Kiss » reprend la recette des bons morceaux des Yeah Yeah Yeahs : riff de guitare entêtant, batterie dynamique et roborative : la chanson est plutôt réussie, jusqu’au solo de guitare, inutile et bénin, qui plombe le morceau.
Débute ensuite « Is Is », la chanson-titre… Ce morceau, qui commence de façon intéressante, est peut-être le pire du disque, en particulier pour le chant nimbé de l’écho cache-misère de service et de solos de guitares qu’on croyait définitivement réservés aux années 1980. Le groupe joue une chanson qui les place dans l’une des pires catégories du rock, celle des Killers et de Bloc Party, celle de tous les groupes qui ont mieux compris le concept d’économie de marché que celui de Rock’n’Roll. Le morceau, sans imagination, est facile à retenir, avec un refrain simple qui suit le riff de guitare. La dernière chanson, « 10 X 10 », est interminable. Le riff et le rythme de départ sont classiques mais agréables, le chant est plutôt bon ; le problème est que le morceau ne décolle jamais, et dure trop longtemps… Du Yeah Yeah Yeahs sans inspiration.
Liste des chansons :
2. Down Boy
3. Kiss Kiss
4. Isis
5. 10 X 10