(Red Ink 2007)
Retour sur le dernier album de Black Rebel Motorcycle Club. On avait beaucoup aimé l’âpreté blues et folk de Howl après deux albums compétents mais pas transcendants. Le groupe au patronyme interminable (qu’on abrègera, comme tout le monde, BRMC parce que même si le copier/coller existe, on préfère encore les appeler comme ça) a gagné une vraie profondeur depuis qu’il a cessé de bêtement reproduire la formule gagnante de Jesus & Mary Chain.
Pour Baby 81, album très attendu, certaines choses ont changé : Nick Jago, le batteur instable est revenu, Robert Turner a arrêté de se planquer derrière un pseudonyme et est redevenu Robert Been et… c’est tout parce que BRMC ont décidé qu’il était temps d’arrêter de s’éloigner de leur public initial et sont revenus au son noisy de ses débuts, reconnaissable dès la première seconde.
Exit les guitares en bois, Howl n’aura donc été qu’un intermède. BRMC ont décidé de se replonger dans leurs morceaux puissants et sombres, et le font savoir d’entrée de jeu avec le riff massif de “Take Out A Loan”, bientôt suivi de l’excellente “Berlin” et son refrain accrocheur : “Suicide’s easy/what happened to the revolution?“. Des traces de l’interlude folkeux de 2005 persistent néanmoins avec “Weapon Of Choice” qui clôt le trio d’accroche avec classe. On trouve sur Baby 81 plusieurs ballades qui donnent de l’air à l’album, comme “Window” qui possède un certain côté Beatles circa 69, la plaintive “Am I Only” et “Not What You Wanted”, une bluette folk que le groupe maquille de guitares inversées en arrière-plan pour la rendre plus menaçante. Sur ces deux morceaux, on voit le groupe dévoiler un visage presque pop. Surprenant de la part de ces iconoclastes notoires qui nous avaient plus habitué à construire leurs chansons autour d’un gros riff ou d’une ambiance glauque qu’autour d’une mélodie guillerette.
Le principal problème de Baby 81 est sa durée. Une heure de musique, c’est plutôt long et il faut être sacrément doué pour maintenir une qualité constante sur une telle distance et ne pas lasser l’auditeur. Inévitablement, l’album possède un ventre mou. Il commence à partir de “All You Do Is Talk” et continue sur “Need Some Air”. Sans ces 10 minutes de moins bien (à peine contrebalancées par l’acceptable “Lien On Your Dreams” qui vient s’intercaler entre les deux morceaux), l’album aurait gagné en efficacité. Quand arrive “Killing The Light”, après 40 minutes de musique, on est franchement lassé, étouffé par la densité de l’album. Pourtant ce morceau magnifique est un des meilleurs de l’album avec son ambiance fin de soirée chaotique.
Depuis leurs débuts, BRMC sont toujours confrontés au même problème : leurs albums tiennent la route mais finissent toujours par emmerder à mi-chemin. La concision n’est pas le point fort du groupe (même quand ils envoient des morceaux punk comme l’iconique “Whatever Happened To My Rock’n’Roll”, ils le font tourner pendant 4 minutes 30), leurs albums sont souvent trop longs. Baby 81 ne déroge malheureusement pas à la règle mais comme ses prédécesseurs, il possède assez de bons morceaux pour qu’on y revienne souvent. On regrette quand même l’ambiance de morceaux tels que “Ain’t No Easy Way” ou “Shuffle Your Feet” qui avaient fait de Howl un album de grande classe. Pour les aficionados de cet album, Baby 81, malgré tous ses bons moments et sa qualité indéniable, ne peut être qu’une déception.
Tracklisting :
1 Took Out A Loan *
2 Berlin *
3 Weapon Of Choice
4 Windows *
5 Cold Wind
6 Not What You Wanted
7 666 Conducer
8 All You Do Is Talk
9 Lien On Your Dreams *
10 Need Some Air
11 Killing The Light *
12 American X
13 Am I Only
Pour écouter de extraits de cet album : www.myspace.com/blackrebelmotorcycleclub