MAXWELL FARRINGTON & LE SUPERHOMARD – Once

Classe

(Talitres 2021)

C’est l’assemblage le plus inattendu et le plus réussi de ce début d’année. Une rencontre qu’on n’avait pas anticipée et qui a accouché d’un des albums français les plus renversants depuis des lustres. Maxwell Farrington, chanteur australien, vient poser sa voix sur les mélodies pop de Christophe Vaillant, alias Le SuperHomard, pour un résultat éclatant. 

Depuis plusieurs années, Christophe Vaillant a quitté son groupe Pony Taylor pour mener un projet pop aux orchestrations ambitieuses nommé Le SuperHomard. Deux albums, Maple Key (2015) et Meadow Lane Park (2019) sont sortis, tous deux excellents, dans un registre évoquant Stereolab. La science des arrangements impressionnait, la facilité mélodique aussi. Mais si sa plastique était parfaite sur disque, le groupe avait peiné à nous convaincre sur scène. Trop sage, un peu trop propret à notre goût. Il manquait une véritable incarnation.

Entre en jeu Maxwell Farrington. Un personnage qu’on a pu croiser sur scène au Binic Folks Blues Festival en 2019 avec son groupe punk Dewaere, et pour cause : cet extravagant australien a été à un moment cuisinier au Chaland Qui Passe, le quartier général du festival et ancien bar de Ludovic Lorre, programmateur du BFBF. Depuis des années, ce dernier nous disait que son cuistot avait du talent, au point de le programmer à son festival. Depuis, Dewaere a beaucoup tourné (et prépare un deuxième album) et Farrington s’est lancé en parallèle dans une carrière solo où il fait merveille avec son numéro de crooner excentrique à l’humour situationniste (où il ne s’accompagne que de son laptop).

Alors qu’on attendait plutôt des nouvelle de son premier album qui semblait imminent (avant la crise du Covid), voilà que sort Once, collaboration entre Le SuperHomard et Maxwell Farrington, dans laquelle chacun apporte à l’autre ce qui lui manquait. Le SuperHomard trouve la voix qui lui manquait avec ce chanteur au timbre envoûtant et à la personnalité débordante. Maxwell Farrington se retrouve aux commandes d’un véhicule magnifique, une Ferrari qui ne demandait qu’à être conduite vers des destinations jusque là inaccessibles. 

La rencontre entre les deux musiciens s’est faite au MaMA 2019 (un festival réunissant les professionnels du monde de la musique). Farrington y donnait un showcase. Vaillant l’a entendu entonner une reprise a capella de Burt Bacharach et a instantanément su qu’il avait trouvé l’ingrédient qui manquait à sa musique. Les deux hommes ont sympathisé, portés par leur amour mutuel pour Frank Sinatra, Lee Hazlewood et Scott Walker. Bref, les crooners à voix suave qui chantent devant des orchestrations soyeuses. 

Sans surprise, l’album porte en lui l’influence de ces musiciens cultes. Il s’ouvre avec “We, Us, The Pharaohs” par un morceau sublime voué à être un futur classique. Un titre digne de Divine Comedy, le morceau que Last Shadow Puppets essaient de faire, en vain, depuis dix ans. Une ballade pop portée par des violons magnifiques, illuminée de touches électroniques subtiles, et sublimée par le chant de Farrington. 

Le morceau suivant, “North Pole”, met l’accent sur les textes de ce dernier, avec une première paire de couplets magnifiques (“You know I’ve come to die, a normal life’s just not for me / And I’ve been dreaming that I’d get so far away from politics and love“), avant ce “Free Again” et son refrain glaçant (“I had a dream of a world where you ceased to exist / And I was free again“). On sait alors qu’on aura affaire à un album hors-normes, porté par une écriture passionnante et des arrangements riches. Un disque d’un autre temps, en somme. Un anachronisme magnifique. 

L’album faiblit un peu à mi-course,  la faute à quelques chansons un peu en dessous côté mélodique (“Love”) et un manque de variété qui peut conférer un côté monotone à l’ensemble, mais un heureux rebond avec “Hips” et “Happening Again” vient boucler l’affaire avec classe. En douze morceaux, cette collaboration inattendue vient de se positionner parmi les groupes pop les plus passionnants et enthousiasmants du moment. On rêve désormais de les voir sur scène avec des moyens à la hauteur de ce Once qui restera comme une des belles réussites de 2021. 

 

Tracklisting

  1. We, Us The Pharaohs *
  2. North Pole *
  3. Free Again
  4. Lights & Season
  5. Love
  6. La Mesa Motel (Feat. Max Meser)
  7. Good Start *
  8. Oysters
  9. Hips *
  10. Happening Again
  11. Big Ben (Feat. Evelyn Ida Morris)
  12. Tonight 

 

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“We, Us, The Pharaohs”

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