(Le Surf 2021)
La prochaine fois que vous entendrez quelqu’un ressortir l’imbuvable citation attribuée à John Lennon “French rock is like English wine”, deux options s’offrent à vous. La première consiste à flanquer à cet odieux imbécile un claque digne de celle de Batman à Robin et de l’insulter copieusement. La seconde consiste à lui faire écouter l’album de Ponta Preta séance tenante. Si la deuxième solution ne défoule pas autant que la première, elle aura au moins l’avantage de faire taire l’importun, qui se confondra probablement en excuses.
Car cela fait des années que la scène rock française n’a rien à envier à ce que se passe de l’autre côté de la Manche ou de l’Atlantique, surtout au rayon garage. On ne citera personne, mais un simple détour sur les catalogues de Howlin’ Banana, Born Bad, Close Up, Croque Macadam, Dangerhouse Skylab, Le Pop Club, Teenage Menopause, Azbin ou même ces gros branleurs incompétents de Mauvaise Foi devrait vous convaincre qu’il se passe des choses en France du côté du rock’n’roll.
Jeune groupe lyonnais, Ponta Preta officie dans le registre psychédélique. Après un premier EP garage tout en guitares distordues, le quartet propose sur son premier album neuf morceaux aux influences varies, entre surf-rock, tropicalia et sunshine pop acide. L’album débute par un tube monstrueux avec “I Wanna Know”, morceau d’une évidence pop désarmante. Une morceau ensoleillé port par un riff fantastique et qui rappelle les Frowning Clouds de Whearabouts. Tout est parfait dans ce morceau, de l’orgue lumineux à la montée en puissance progressive avec ce riff insistant jusqu’au chant scandé puis à ce refrain qui explose (et qu’il est difficile de ne pas entonner à tue-tête).
Après cette extase initiale, on pourrait craindre la débandade mais il n’est est heureusement rien. L’album oscille en balades tropicales (“Tits Up”, “Circus Smile”) , instrumentaux surf déglingués (“Scusi Frate”, “From Baya With Love”) et chansons pop planantes ensuquées (“You & I”, “Someday”). Au milieu de cet univers délicieusement cotonneux se trouvent deux saillies qui viennent dynamiter l’ensemble : “In The Wind” avec sa ligne de basse hypnotique qui ressemble à un inédit des Obits, et “Lost In The Mountains”, seul véritable titre garage de l’album qui nous ramène au son du début des années 2010, quand beach-goth, garage lo-fi et Burger Records étaient ce qui se faisait de plus cool.
Avec Tits Up, Ponta Preta démontrent que la formule guitare/basse/batterie/orgue est absolument indémodable et surtout que le rock français se porte à merveille, merci.
Tracklisting
- I Wanna Know *
- Tits Up
- You & I *
- Scusi Frate
- Lost In The Mountains
- Circus Smile
- From Baya With Love
- In The Wind *
- Someday
Vidéos
“I Wanna Know”
“You & I”
“Scusi Frate”