Message To Love – The Isle Of Wight Festival

La fin d'un rêve

Sortie DVD – 2000 (Sanctuary Records)

Ce film, réalisé par Murray Lerner, est un documentaire sur l’un des festivals les plus connus de l’histoire, et qui a eu lieu à l’été 1970 sur l’île de Wight. La programmation prévue pour ces deux jours était simplement ahurissante, et comprenait notamment The Who, The Doors, Jimi Hendrix, Leonard Cohen, Miles Davies, Donovan, etc. Le film présente de nombreux extraits des concerts donnés par ces artistes, mais il explique aussi de façon précise la mise en place du festival, avec les contraintes de l’organisation d’un tel événement (certains artistes menaçaient de ne pas jouer s’ils n’étaient pas payés, de nombreux anars tentaient de pénétrer dans l’enceinte du festival sans payer de billet, et les organisateurs devaient gérer ces deux aspects de la situation). Le documentaire permet aussi d’entendre quelques interventions d’une partie des spectateurs français : malheureusement, les rares passages où l’on entend du français dans ce reportage n’ont rien de glorieux.

Parmi les bons extraits des concerts, le documentaire propose des morceaux des Doors (« When the music’s over », « The End »), de Jimi Hendrix (« Message to love », « Machine gun », « Voodoo Child », « Foxy Lady ») et des Who : « Young man blues » et « Naked Eye »). On y retrouve aussi Leonard Cohen, qui, pour des raisons connues de lui seul, est venu habillé en inspecteur Columbo, et qui interprète une version magnifique de « Suzanne ». Désormais habitué des grands concerts hippies, John Sebastian, l’ancien chanteur des Lovin’ Spoonful est là (on le voit jouer « Red Eye Express »). Une bonne surprise est le passage du chanteur/guitariste country Kris Kristofersson, dont le premier album vient tout juste de sortir, et qui joue l’intouchable « Me & Bobby McGee ». Malheureusement, le documentaire présente aussi des morceaux moyens, voire médiocres : dans cette catégorie, la prestation de Tiny Tim (un grand moment de n’importe quoi), qui hurle dans un mégaphone : « There’ll always be an England » (démagogie ? Non…), celle de Joan Baez, qui massacre « Let It Be », et celle du « supergroupe » Emerson, Lake & Palmer : pour leur premier concert, ils représentent déjà le pire du rock des années 70, à l’image de leur morceau « Pictures at an Exhibition », qui commence par deux coups de canon donnés depuis la scène. On a aussi droit (mais ce n’est pas une obligation) à un morceau des inénarrables Moody Blues, l’habituel « Nights in white satin ».

Cependant, plus qu’un simple documentaire sur un festival rock, Message to love présente en réalité la fin du rêve hippie des années soixante. Deux séquences du film symbolisent ce fiasco : dans la première (au début du film), un spectateur propose au cameraman de commencer son film par un plan des champs avant l’arrivée du public, et de le terminer après la fin du festival, en expliquant au cameraman qu’il n’y aurait aucune trace visible du passage des centaines de milliers de personnes. La seconde séquence (les dernières minutes du film) montre l’état lamentable des champs et des vallées, jonchées d’immondices et de déchets en tout genre, tandis qu’en fond sonore on entend « Desolation Row » de Bob Dylan.

 
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