(Parlophone 2008)
En 2008, le fan des Libertines / BabyShambles éprouve certaines difficultés à s’intéresser au groupe. actuel de Pete Doherty.
Les deux dernières années ont pourtant été riches en bons morceaux (l’excellent EP The Blinding puis le superbe Shotter’s Nation), mais le numéro de pantomime de Pete Doherty a fini par lasser, d’autant qu’hormis ces morceaux “officiels”, peu de nouveautés ont surgi récemment – quid des sessions acoustiques qui depuis 2003 surgissaient régulièrement pour le bonheur des fans ? La période est creuse, sans doute parce que le chanteur a l’intention de sortir un album solo acoustique (ce projet a néanmoins été repoussé après son passage récent par la case prison), l’album live de service semble la solution la plus appropriée pour faire patienter.
Oh What A Lovely Night est un document intéressant à plusieurs niveaux. C’est tout d’abord le premier album live officiel de Pete Doherty. On apprécie de pouvoir enfin écouter un concert de l’ex-Libertine avec un son de qualité – d’autant que le 5.1 de la version DVD vidéo nous plonge au cœur du concert. Ce 2 décembre 2007 à Glasgow, Pete était semble-t-il en forme, et son groupe plutôt carré, ce qui n’était pas vraiment le cas avec la mouture précédente de la période Down In Albion (avec Pat Walden à la guitare). Avec Mick Whitnall, le groupe semble avoir trouvé un guitariste sérieux qui, sans être génial ou aussi inventif que Walden, demeure aussi fiable que l’impeccable et inoxydable base rythmique Adam Ficek / Drew McConnell. Pete Doherty, quant à lui, semble bien loin du junkie incohérent de ses tournées précédentes. Frais et concerné, il joue de la guitare du début à la fin du concert, ce qui rend le son de BabyShambles plus riche, et considérablement meilleur.
Le concert, long d’une heure et quart, fait la part belle au morceaux les plus récents du groupe. On redécouvre avec plaisir les excellents “You Talk”, “Baddie’s Boogie”, “Side Of The Road”, la superbe “UnBiloTitled” et l’immense “Delivery” (LE morceau qui a permis à Doherty de rester un artiste qui compte). Les morceaux de l’EP The Blinding sont tout simplement fabuleux, et trouvent grâce à ce live une exposition méritée. “Sedative” est un morceau qui compte parmi les plus poignants de son auteur, “The Blinding” est extraordinaire de colère maîtrisée, “Beg, Steal Or Borrow” offre une mélodie cristalline.
Le concert devient vraiment intense à partir de l’intermède acoustique de Doherty. Seul à la guitare, il chante “The Lost Art Of Murder” avec sa voix brisée et s’égare dans un solo erratique qui l’amène à jouer la grille d’accords de “The Good Old Days”. Une minute de Libertines dans 76 minutes de concert et nos poils se hérissent… Le concert continue, essentiellement avec des morceaux tirés de Down On Albion, dont un Albion chanté en chœur par le public, mais le grand moment est passé. Même un “Killamangiro” pêchu et un “Fuck Forever” triomphant n’arrivent à nous consoler.
Ce court passage au milieu d’un concert tout à fait honorable, nous a méchamment rappelé à quel point les Libertines nous manquent en 2008. On sait qu’on ne les reverra plus – ou pas de la même manière. La fraîcheur et la classe de ce groupe au moment de Up The Bracket est inégalée dans la scène anglaise actuelle. Les Arctic Monkeys sont bons mais ne dégagent pas la même aura romantique, Klaxons et autres new-ravers sont dénués de classe… et ne parlons pas des baby rockers français.
Quoiqu’il en soit, Pete Doherty démontre avec cet album live bien envoyé que ce qu’il a accompli avec BabyShambles depuis 4 ans mérite le respect. Le répertoire est bon, le groupe aussi, même si… enfin bref, vous voyez ce que je veux dire. Concernant l’intérêt de ce disque en tant qu’acheteur potentiel, il va de soi que c’est un objet strictement réservé au fans. On est loin de Live At Leeds ou Rock’n’roll Animal. La raison qui nous pousse à encourager l’achat de ce disque demeure le DVD bonus qui propose le concert filmé avec son 5.1. On s’est farci assez de bootlegs médiocres et de vidéos Youtube pixellisées pour profiter pour une fois d’un son et d’une image parfaites, et l’apprécier.
Tracklisting :
1. Carry On Up The Morning
2. Delivery
3. Beg Steal Or Borrow
4. Baddies Boogie
5. Unstookie Titled
6. Side Of The Road
7. UnBiloTitled
8. Blinding
9. You Talk
10. Sedative
11. Crumb Begging Baghead
12. Lost Art Of Murder/The Good Old Days
13. There She Goes
14. Albion
15. Pipedown
16. Killamangiro
17. Back From The Dead
18. I Wish
19. Fuck Forever
Vidéo :
“Carry On Up The Morning”